Ecrit le 1 mai 2019
Actionnaires en colère
Europe1 du 27/041 : Les actionnaires de Bayer ont infligé au groupe chimique allemand un rare désaveu en votant contre sa direction, lors de la première assemblée générale tenue après le coûteux rachat de Monsanto en juin 2018. Ils ont rejeté à 55,5% les « actions du directoire » emmené par Werner Baumann, ouvrant une crise aux conséquences imprévisibles : le scrutin n’est pas contraignant pour Bayer, mais contraste fortement avec le plébiscite accordé l’an dernier encore à la direction, avec 97% d’approbation.
Les investisseurs se sont alarmés de la chute de près de 40% du cours de Bourse de Bayer depuis le rachat de Monsanto, à mesure que s’accumulaient les ennuis judiciaires pour la nouvelle entité. L’année écoulée « a été un cauchemar pour les actionnaires » et « le cours de Bourse nous promet des nuits sans sommeil », a déploré Mark Tümmler, de la fédération d’investisseurs DSW. Le patron Werner Baumann a une nouvelle fois défendu son pari historique de débourser 63 milliards de dollars pour le géant des semences et des OGM, après deux ans d’efforts pour convaincre les autorités de la concurrence.
Le nombre de plaintes qui visent l’herbicide Roundup aux Etats-Unis a grimpé à 13.400, contre 11.200 selon le dernier décompte du groupe en janvier. Monsanto a en outre déjà perdu deux affaires en Californie, où il a été condamné à verser au total 160 millions de dollars à un jardinier atteint d’un cancer après avoir utilisé l’herbicide. Le Centre international de recherche sur le cancer, une émanation de l’OMS, a lui aussi considéré en 2015 que le glyphosate était « probablement cancérigène ». Familier des batailles judiciaires, Bayer fait par ailleurs face à 31.000 requêtes contre son implant contraceptif Essure.
A long terme, Bayer table sur le soutien croissant de la chimie à l’agriculture ... alors que le changement climatique perturbe déjà les terres arables.
Emprunt patriotique
LEXPRESS.fr du 25/04 : Deux semaines après avoir lancé un « emprunt patriotique » pour financer sa campagne des européennes, le Rassemblement national (RN) a annoncé avoir bouclé sa levée de fonds, récoltant 4 millions d’euros.
Face au refus des banques de lui prêter de l’argent, le parti de Marine Le Pen proposait un taux d’intérêts de 5% pour toute contribution d’au moins 1 000 euros. Un taux particulièrement attractif, comparé à celui de l’« emprunt populaire » de La France insoumise (0%), ou de celui de Debout la France (entre 0% et 3,4 %).
Par une astuce juridique, le RN a pu proposer un taux aussi alléchant : afin qu’un prêt ne constitue pas un don déguisé du fait d’un taux d’intérêt trop bas, l’article R. 39-2-1 du code électoral stipule que le taux doit être compris entre zéro et le taux d’intérêt légal en vigueur au moment de la signature du contrat (3,4% au premier semestre 2019), voire au-delà .
La Commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques assure que le taux d’intérêt du RN est bien légal.
Faux Lego
LEXPRESS.fr du 27/04 : La police chinoise a démantelé un réseau accusé de contrefaçon de Lego vendus à travers le pays par Lepin, un fabricant chinois. Les jouets étaient copiés à partir de plans de Lego, fabriqués à Shenzhen puis vendus dans tout le pays. Sur plus de 10 chaînes de production, il y avait plus de 90 moules. La police a saisi quelque 630 000 jouets valant environ 30 millions de dollars. Des ensembles du nouveau « Lego Movie 2 » étaient ainsi commercialisés sous le nom « The Lepin Bricks 2 ».
Les compagnies étrangères se plaignent depuis longtemps de l’application peu rigoureuse de la loi sur la propriété intellectuelle en Chine, où les contrefaçons sont omniprésentes. Pour tenter de mettre un terme à sa guerre commerciale avec les Etats-Unis, pékin a promis de sévir contre les infractions à cette loi.
Les imitations sont monnaie courante dans un marché attentif aux prix : un petit ensemble de Lepin sur le thème de la ville est vendu trois dollars alors que ceux de Lego ne commencent qu’Ã 15 $.
létalité atténuée
Le Canard enchaîné du 24/04 : le ministère de l’intérieur s’est rendu compte, il y a peu, que ses désormais célèbres lanceurs de balles de défense (LBD), utilisés pour le maintien de l’ordre, étaient classés par la réglementation internationale en armes de guerre ! L’explication est toute bête : le LBD, à l’origine, est un lance-grenades militaire bidouillé pour devenir une arme anti émeute. Pas de bol : les règlements internationaux, qui prennent notamment en compte le calibre des engins, empêchent de les classer comme des armes civiles
La Place Beauvau s’est vue contrainte de modifier discrètement un appel d’offres lancé en fin d’année dernière pour l’achat de 1280 nouveaux LBD. A la demande d’industriels : qui craignaient de voir le marché annulé pour irrégularité : le ministère a dû biffer toute référence à la réglementation « civile ». Ce qui revient à reconnaître le caractère d’arme de guerre du LBD Heureusement, son fabricant apporte une précision rassurante. Le LBD, explique-t-il, est « une arme à létalité atténuée » (sic). Une mort allégée, c’est tellement plus doux !
néo féminisme
Lexpress.fr du 25/04 : Le 10 avril dernier, une école maternelle de Barcelone a retiré Le Petit chaperon rouge du catalogue de sa bibliothèque ainsi que quelque 200 autres ouvrages au motif de leur « toxicité ». Selon la commission ayant prononcé leur bannissement, ces livres « reproduisaient un schéma sexiste ». « Le problème le plus courant avec ces ouvrages, a expliqué une sourcilleuse mère d’élève, est qu’ils associent la masculinité à des valeurs de compétitivité et de courage. »
On ne sait pas, au reste, ce qui est reproché dans le cas d’espèce du Petit Chaperon rouge - au loup ? à la mère-grand ? à la bobinette ? à la chevillette ? Tout juste a-t-on appris que ces 200 livres proscrits représentaient 30 % du catalogue de la bibliothèque scolaire. Aux dernières nouvelles, les pourtant exclusivement masculins Trois Petits Cochons avaient échappé à la purge.
Le 10 janvier 2018, on donnait à l’Opéra de Florence un Carmen revisité, où la Gitane n’était plus tuée par Don José. « A notre époque, marquée par le fléau des violences faites aux femmes, il est inconcevable que l’on applaudisse au meurtre de l’une d’entre elles », avait justifié le metteur en scène. Il fallait donc pour ce redresseur de torts que Carmen portât le coup fatal à Don José. Le soir de la première, ce fut comme si l’âme de l’œuvre se rebellait : au moment de tirer ses coups de feu néo-féministes, le pistolet de théâtre s’enraya
On passera sur cette mère qui voulait faire bannir La Belle au bois dormant de l’école de sa fille : le baiser du prince charmant à la ronflante princesse n’étant pas consenti, il serait assimilable, a-t-elle argué, à une agression sexuelle.
Que les droits et les consciences progressent, rendant insupportables aux oreilles d’aujourd’hui certaines phrases ou blagues banales hier est tout à fait justifié. En revanche, cette offensive concertée sur l’art, ou sur la culture populaire et enfantine, devrait nous alarmer. Les censeurs des « belles causes » n’en demeurent pas moins des censeurs.