Ecrit le 20 février 2019
ou quand ma tête tilte !
Nous allons vivre une époque incroyable
Parfois, avant l’avènement de grands bouleversements, il peut apparaître des traces fugaces, presque imperceptibles à nos sens, trop brèves ou pas suffisamment marquées pour être clairement décodées. De plus, selon l’origine ou la nature de ces bouleversements, ces infimes éclairs zébrant l’obscurité ne sont repérés que par certaines catégories très ciblées, pouvant appartenir aussi bien au règne végétal, minéral, animal qu’humain. Je souhaite vous emmener dans une balade qui croise des prémices (Ã ne pas confondre avec prémisses, voir dico) et/ou des prémonitions, des intuitions ou des pressentiments. Ok ?
Le constat que l’Homme a réussi à bien pourrir son environnement, sa bulle de survie, est admis (presque) partout. Terre, eau, air, océan, climat, génome, biodiversité (faune et flore), puissance à détruire et à tuer, bombe démographique, énergie, pratique agricole, technologie, tous ces domaines (et j’en oublie sans doute) ont subi l’empreinte fragrante de la ’main’ humaine. Le bilan écologique est peu glorieux et non-tenable.
Et du côté du ’vivre ensemble’, de la sociologie, creusons un peu. Partout, l’économie (le rapport monétaire) prime et écrase. L’individualisme rime avec égoïsme. Le repli sur la protection de ses seuls proches est la norme. La population urbaine (80,5 % en 2019) perd le lien social et aussi le lien avec la nature qui l’a vu naître (papa, c’est quoi un veau ?). Civisme, éducation, sectarisme, probité politique, confiance en l’autre, intimité et vie privée, racisme, démocratie, information, peur, isolement, etc, rien ne pousse à l’optimisme béat, à l’avenir sympathique.
c’est étonnant et inquiétant, mais l’Homme semble aveuglément et en souriant foncer vers son mur fatal. Bon. Mais nos enfants et au-delà ? Quantité négligeable ?
Je mentionnais ci-dessus les notions de prémices et de prémonition. Pourtant, il a fallu compiler (merci la techno) des années de mesures pour dessiner de fragiles (et incertaines) tendances projetables dans un futur proche. Et plus l’échéance est lointaine, plus l’imprécision augmente. Il a fallu 20 ans d’observation de températures, de fonte de glaciers, d’avancée des déserts pour envisager la pollution de l’air, l’effet de serre et donc le changement climatique. Il a fallu plus de 40 ans (années 70’s) pour que la firme-empire Monsanto (aujourd’hui Bayer) rachète le brevet du glyphosate (herbicide total), analyse son potentiel mondial, bidouille le génome : la carte génétique- de certains plants (maïs, soja,etc), démocratise l’OGM (organisme génétiquement modifié) comme solution-miracle, et se lézarde maintenant parce que des mauvaises herbes sont devenues résistantes au glyphosate. Deux centrales nucléaires ont explosé (Tchernobyl en Ukraine et Fukushima au Japon) par une chaîne d’erreurs imprévues par l’Homme. La liste écologique est interminable.
Pour cerner les soucis de ’vivre-ensemble’, j’ai tenté une recherche Internet « nombre ou % d’élus condamnés pour corruption en France depuis 20 ans ». résultat nul, au milieu du bla bla politique noyant le poisson. Bon. Merci la transparence ! Par contre, le thème de la peur est plus renseigné, et la synthèse est surprenante. La première peur est, professionnellement, la ’régression sociale’. La deuxième, d’ordre privé, est celle de ’l’agression’ sous toutes ses facettes. L’urbanisme galopant conduit à une réorganisation des foyers familiaux, à une éducation trop tolérante envers des jeunes en manque de repères, et à un isolement social qui s’auto-alimente.
Nous avons donc compris qu’il y a un large délai (20 ans mini ?) entre l’observation et la mesure de paramètres par des ’pointus’ scientifiques et la révélation au public des conséquences possibles (sans parler du secret défense). Éthique, laxisme, secret entretenu, ordre de haut niveau ? : je ne sais pas. Mais c’est intolérable. Que de temps perdu pour corriger les déviances. Quand on sait que, prise ce jour, toute mesure corrective strictement appliquée n’apportera ses pleins fruits que dans 50 ans a minima. Focalisés sur notre cupidité et notre égoïsme, pensons-nous, blottis dans notre petit confort, au déroulement de la vie de nos enfants et de leur suite ? Pas sûr !
Je reviens à certaines prémices (premières manifestations d’un phénomène important, dixit Larousse). c’est l’acidification des océans qui provoque la mort ...et donc le blanchiment des massifs coralliens, et non l’inverse. c’est l’attaque bactérienne (ex : infection urinaire) qui fatigue l’individu, et non l’antibiotique qui combat cette attaque. Des rêves répétés, voire des hallucinations en éveil, sont possiblement des prémices. Ceci juste pour montrer qu’il ne faut pas confondre causes et conséquences, qui sont parfois simultanées (effet foudroyant) et parfois non (effet retard, avec lente montée en pression jusqu’Ã explosion). L’Homme n’est définitivement pas doué de la faculté de décrypter l’avenir à moyen et long terme, pour de multiples raisons, tant biologiques, intellectuelles, instinctives que politico-sociales. Alors qu’un rat pressent la maladie mortelle (peste dans le bateau) ou le tremblement de terre bien avant tout sismographe. Avec un peu de recul, il est clair que tout phénomène important sème ses prémices. Encore faut-il pouvoir ou savoir les capter et surtout ne pas les oublier.
L’IA nous surprendra
Abrégée IA ou I.A., nous parlons bien de l’Intelligence Artificielle, nouveau-né encore balbutiant (mais sait-on ?) de la techno, gardé au secret en chambre blindée (enjeu de milliards de profit). En brassant des mégatonnes de métadonnées 24h/24 tout en s’instruisant en permanence de son acquis sans aucun oubli, c’est l’outil prédictif de demain. Je ferme la porte à tout débat éthique, mais oui c’est une bombe potentielle selon les mains et les idées (finalités ?) porteuses de projet.
L’ IA s’imposera, sera une nouvelle fracture numérique pour au moins une génération, puis sera incluse dans notre vie quotidienne comme un peu plus d’informatisation. Et basta. Prenons un simple exemple : chacune et chacun, en particulier notre exécutif bardé de Services de Renseignement, se sont réveillés étonnés par la sortie tonitruante du mouvement « Gilet Jaune » et de sa durée. Sous une IA correctement programmée, il y a des mois que l’alerte rouge clignotante serait apparue sur les écrans dûment autorisés. Et pour tant d’autres sujets crispants où l’on ne peut que réparer au mieux les dégâts causés.
Bien plus généralement, l’IA semble prédire un profond bouleversement social et sociétal. J’ai lu et (en partie) vérifié la théorie de M. P. Pellan, de l’académie des Technologies, imprimée dans O.F. du 06/02/2019 sous le titre « métiers manuels et intelligence artificielle ». Il y parle d’un ton qui semble sincère d’une modification de « l’ordre établi et [du] rapport à l’emploi ». c’est du lourd. L’introduction est de donner « libre-cours à la rencontre de la main et de l’esprit ». Certes, la connexion numérique à marche forcée demande des « passeurs de technologie ». d’où l’idée de fabriquer des « ingénieurs de la simplicité » pour des ’consommateurs’ confrontés à des interfaces sophistiquées, dans le but qu’elles soient mieux dominées. [ndlr : le problème ne date pas d’hier, la fracture numérique, même sans l’IA, reste dans un mou suspens]
Mais une autre idée pointe son nez : l’IA va entrer en pleine compétition avec des professions dont le statut est à ce jour de prestige, avec qualifications (diplômes, réseau) à l’appui. Citons avec prudence « avocats, banquiers, experts-comptables et même médecins ». Il est clair que, dès lors qu’il y a répétabilité prévisible, surtout pour des actes à haute valeur ajoutée, il y a risque d’être ’doublé’ par l’IA. Il est aussi clair que les professions dans le collimateur s’arracheront les ongles pour garder intact leur ’pré carré’.
L ’association entre les mots intelligence et élite va sans doute bouger, notions humaines bouleversées par composants électroniques et lignes d’algorithmes. Et des métiers manuels , en tant que réparateurs formés et avertis, avec le bon et juste geste, sont indispensables à la maintenance et valorisés. Mais les offres restent bien confidentielles.
Pascal, de Blain