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Ecrit le 17 avril 2019
Pensées
de Pascal
ou quand ma tête tilte !
¤ J’ai envie de taquiner votre imaginaire dans ce pensum mi-sérieux mi-rigolo. Je vous prends par la main et vous arrache à votre réalité. Redevenons des enfants, cette époque où règne l’insouciance et flirte avec la naïveté. Gamines et gamins effrontés, pas encore ’formatés’ par l’avenir. Le jeu dont on invente les règles est le centre de la vie, seul(e) ou en horde. Jouons sur la phrase : et Si « cette chose » n’existait pas ? On y va ?
¤ « soleil » Et si le soleil n’existait pas ? Cette immense boule gazeuse, lointaine, nous apporte chaleur, coups de soleil, saisons, mais surtout photosynthèse. c’est l’énergie indispensable au végétal qui la capte pour croître et prospérer. Mais l’Homme, par son activité industrieuse, brouille de plus en plus la réception de ses précieux rayons par un écran de fumée. Pas bon du tout. Mais, si le soleil n’existait pas, la Vie sur Terre non plus, et nous ne pourrions pas en parler ! Clos.
¤ « gravité » La gravité, entre autres définitions, se traduit par le fait, désagréable, qu’une biscotte amoureusement nappée de confiture mais malheureusement échappée des doigts dans un transport incertain se retrouve rapidement au sol, côté confituré bille en tête. Loi de la gravité, tout objet non maintenu chute sans issue vers le bas, la densité la plus forte imposant l’atterrissage (confiture plus dense que biscotte). Donc éponge.
Et une pensée particulière aux spationautes : hors gravité, il faut tout fixer, y compris son corps pour dormir.
Si la gravité n’existait pas ? Finie l’atmosphère entourant notre Terre, qui se disperserait dans le néant galactique. ’Boire un verre’ n’aurait plus de sens, manger deviendrait problématique (végétaux sans racines enterrées, animaux flottants,). Mais le mot gravité a bien d’autres sens dans notre civilisation irritée. Autant dire que notre Nation prend un sérieux tournant, et que l’heure est sans nul doute grave.
¤ « yeux et/ou oreille » Dans son incessante évolution, la nature nous a doté de capteurs essentiels à notre repérage dans tout milieu. La plupart des organismes vivants en usent chaque jour sans souci. Et parfois la nature a des ratés, privant aléatoirement de ces sens. J’ai une pensée particulière pour des humains privés de la vue et/ou de l’ouïe. Tentez de vous imaginer vivre une seule petite journée (pas grand-chose en rapport avec le ’toujours’) avec un bandeau sur les yeux et des bouchons d’oreilles. Puis sortez de votre univers de confort millimétré (votre nid douillet) pour affronter et comprendre un environnement inconnu, sans voir ni entendre. Les obstacles se multiplient. Mais vous êtes un individu à part entière, avec tout le respect qui vous est dû, malgré votre déficit.
Vous cherchez votre propre solution devant l’imprévu. Vous devez être approché comme tout un chacun. Celui ou celle, intègre et compatissant(e), qui voudrait aider en vous prenant fermement par le bras se trompe. Vous n’êtes pas un objet manipulable, mais un(e) individu qui demande une approche et un accord. A bon entendeur, salut. Mais que ceux qui bénéficient du luxe quotidien de voir et d’entendre en prennent de la graine.
¤ « droit à l’expression » et à l’écoute du peuple par ses représentants. On est en pleine actu. Comment se faire entendre ? Il me revient en mémoire une phrase célèbre, attribuée à M. J. P. Chevènement. Sous la Présidence de M. F. Mitterrand,en mars 1983, cet ex-ministre de la Recherche et de l’Industrie a remis sa démission et aurait dit : « Un ministre, ça ferme sa gueule ou ça démissionne » en claquant la porte du Gouvernement. Outre le choix des mots, le ton est donné. Si même un Ministre ne peut pas rendre publique son opinion sur tel sujet sans autorisation préalable « au plus haut niveau », alors comment faire entendre notre petite voix de citoyen(ne) au plus grand nombre ? Nous sommes au cœur de la politique et de la démocratie (par définition, pouvoir exercé par l’ensemble des citoyens). Suivre la chaîne officielle de la représentativité élue ne mène souvent qu’au vide, ou à des réponses erronées après des années. Donc besoin de réactivité sans filtre. Les réseaux dits sociaux creusent leur sillon, propageant sans contrôle et instantanément autant de conneries que de pensées mûries.
Alors, il fait comment, le citoyen de base, parfois pauvre mais toujours prêt à convaincre pour claironner sa solution ? Et qui l’entendra, entre deux pubs qui envahissent notre quotidien ? Allez, on joue, il y avait une vie avant l’Internet. Mais on ne sait plus où adresser nos remarques ou propositions. En un mot, par le système politique, nous sommes castrés de notre capacité à proposer, faute d’outil vérifié et de public à l’oreille ouverte. Faut-il un Grand débat National (GDN) permanent et suivi d’effets ?
¤ « tsunami du progrès » s’il y a une révolution notable en cours, elle est technologique, et plus particulièrement numérique. Il ne serait pas surprenant que, dés la naissance de nos futurs bébés, il y aurait greffe automatique d’un clavier ou autre interface sur l’avant-bras pour l’immerger numériquement. Notre jeunesse actuelle s’adapte très bien à la subtilité multiple offerte par l’Internet version réseau social. Mais elle cale rapidement sur tout site officiel demandant quelques recherches ou réflexions préalables. c’est à la fois embêtant et révélateur : consommer du contenu sans analyser ni réfléchir. Les personnes plus âgées (disons seniors) se raccrochent aux branches (famille, réseau d’amis) pour ne pas sombrer et garder le contact. Ma modeste expérience me montre le côté hasardeux des ressources. Même une déclaration de son revenu en ligne, acte intime et pourtant rendu quasi-public, reste un blocage à cause d’un ’langage administratif’ imbuvable. Alors du progrès,oui, mais du parlant. Nous sommes entraînés dans une course folle, voire affolante.
Le progrès numérique détruit plus d’emplois qu’il n’en crée à ce jour. Et les perspectives futuristes et floues ne sentent pas l’optimisme. Est-il possible d’atténuer ce choc numérique alors que nous sommes en retard en regardant nos proches ou lointains voisins ? Un enfant candide mais ’in’ dirait « non ».
¤ « sauver la planète » Que voici un raccourci ou slogan journalistique tendancieux, faux, et pourtant largement utilisé par tous les médias. Notre planète Terre est-elle en danger ? Pas que je sache. Elle s’est créée il y a environ 4,5 milliards d’années, dans des conditions encore pour une bonne part nébuleuses. Depuis sa naissance, elle est passée par toutes sortes d’états (radioactive, hyper brûlante ou bien glacée, le tout hors de proportion à l’échelle humaine). Aux dernières données scientifiques, la première forme de vie microbienne daterait de 3,5 milliards d’années. Tout ça ne nous rajeunit pas !
Depuis sa naissance, notre bonne vieille planète a tracé son chemin parfois chaotique, a évolué en volume et en trajectoire (autour du soleil), a subi des conditions si extrêmes que des chercheurs continuent à rechercher comment le petit flambeau de la vie a pu perdurer. Donc non, la rubrique nécrologique de notre Terre n’est pas prête à paraître, bien de l’eau (pure ?) coulera sous nos ponts avant la fin de la fin.
Si le devenir de la planète Terre, munie de sa chaudière atomique (le plasma, cœur de la boule) et de sa mince couche d’atmosphère, reste pérenne et peinard, il n’en va pas de même de celui de la vie, et de la vie humaine en particulier. Ce n’est pas la planète qui est en danger, elle a traversé bien d’autres épreuves. Et elle continuera son bonhomme de chemin à travers l’azur, sans se soucier particulièrement de ce qui se passe à sa surface.
Le danger, il porte sur le fabuleux miracle qu’est la vie, sous toutes ses formes. L’Homme a voulu dominer et asservir la Nature à sa convenance, la mettre « Ã sa botte ».
Il ne lui a pas fallu plus de deux siècles pour tout saloper, tout ’dénaturer’ : la terre que l’on a artificialisée, l’eau que l’on a polluée, l’air que l’on a rendu irrespirable.
Le réveil a un goût de « gueule de bois » . Et on parle, et on fait de belles promesses, sans pour autant mettre beaucoup d’énergie à agir.
Pour en finir avec notre jeu de départ (et si ?), je ne voudrais pas voir fuir la vie.
Pascal de Blain