Ecrit le 18 décembre 2019
c’est bientôt Noë l, dans les magasins, dans toutes les animations, on pense aux enfants, souvent en termes de cadeaux. Jouer, rêver, être heureux dans une chaude ambiance familiale. De bons moments partagés. Pour tous les enfants. Tous ?
« J’ai des droits, entends-moi » est la consultation nationale du défenseur des droits auprès des moins de 18 ans. Menée en partenariat avec près de 50 associations et structures luttant pour le respect des droits de l’enfant en France, elle a permis à 2200 enfants de faire entendre leur opinion sur la réalisation de leurs droits.
Les dispositifs de consultation existants, dans les conditions où ils sont faits, restent, en définitive, réservés à des enfants plus favorisés. Les enfants vulnérables ou marginalisés, comme les enfants relevant de la protection de l’enfance, les enfants vivant en bidonvilles, squats, hôtels sociaux ; les enfants réfugiés, ou encore les enfants en situation de handicap, sont rarement consultés sur les questions qui les concernent. Une consultation nationale a donc cherché à inclure les enfants les plus vulnérables dans la prise de décision publique.
Les enfants consultés n’étaient, pour la plupart, que peu sensibilisés à leurs droits et n’avaient, pour leur grande majorité, jamais été invités à donner leur avis sur les questions les concernant. Nombre d’entre eux se trouvaient dans des situations de vulnérabilité qui ont nécessité un dialogue permanent avec leurs encadrants pour écouter, comprendre, imaginer des solutions, pour que la démarche s’adapte à leurs besoins, et pas l’inverse. c’est sans doute la force d’une telle consultation. Celle de montrer que la sensibilisation au droit et aux droits, l’exercice progressif de la citoyenneté et le droit d’être entendu peuvent et doivent concerner tous les enfants, sans discrimination, et que ceux-ci savent se saisir avec intelligence et engagement des espaces de parole qui leur sont ouverts.
(citation de Geneviève Avenard,
défenseure des Enfants)
Cette consultation avait un autre but : montrer que le droit d’être entendu permet à l’enfant d’être reconnu comme étant capable de co-construire une décision avec un adulte. Le droit d’être entendu ne signifie pas donner les pleins pouvoirs à l’enfant quelle que soit la question. Il reconnaît l’enfant comme sujet à part entière, fort de son expérience personnelle et ainsi capable de contribuer à la construction de sa propre vie.
Les propositions des enfants :
Lors des ateliers, plus de 276 propositions ont été émises. Afin de les mettre en valeur et suivant les recommandations des enfants, elles ont été classées par chapitres. Hormis les deux premiers chapitres
qui ont une vocation introductive, ces chapitres sont classés par ordre d’importance, du plus traité au moins traité. Certains enfants très jeunes, ne sachant pas forcément écrire ou étant allophones, se sont exprimés avec des dessins qu’on peut trouver sur le site internet :
voir le site entendsmoi
1. La connaissance des droits de l’enfant
en France
2. Le droit de s’exprimer et d’être entendu
3. Le droit à l’éducation et aux loisirs
4. Le droit à l’égalité
5. Le droit au meilleur état de santé
possible et à la meilleure vie possible
6. Le droit de vivre en famille
7. Le droit à une justice adaptée à son
âge
8. Le droit d’être protégé contre toutes les
formes de violence
9. Les droits de l’enfant et le numérique
10. Les droits des mineurs non accom-
pagnés.
Voici quelques témoignages :
« J’ai 8 ans et j’ai eu un problème au coude. J’ai été soignée, mais ça m’a posé des questions : » pourquoi ils mettent du papier sur mon bobo ? « . Je n’ai pas osé demander au médecin mais j’étais inquiète. Les médecins devraient nous expliquer tout le temps avec des mots que nous comprenons. »
(enfant du Secours Catholique)
« Aujourd’hui, nous avons vraiment l’impression que nos paroles, face à la justice, ne valent rien. Nous aimerions bien militer pour des causes comme la faim dans le monde mais cela ne servirait à rien car nous finirions juste par aller en garde à vue. Il en serait de même si nous commencions à dénoncer les conditions de détention et les violences policières. Nous préférons nous taire pour éviter que tombe une sanction encore pire que celles que nous avons déjà eues. »
(Enfant de Grandir dignement)
« Nous aimerions que nos voix portent autant que celles des adultes car il y a bien trop d’injustices et d’abus de pouvoir au sein des institutions. » « Nous aimerions que les éducateurs soient plus à notre écoute et qu’ils essayent de se mettre à notre place. »
(Enfant de Grandir dignement)
« Parfois le juge parle comme s’il était à notre place. Comme s’il savait mieux que nous ce qu’il se passe. »
(Comité des jeunes ODPE)
« On veut inventer un nouveau droit : le droit d’avoir des parents qui jouent avec les enfants. Les parents, ils dorment, ils regardent la télé, le téléphone, ils cuisinent, ils rangent, ils travaillent. Il faut leur apprendre à jouer au Monopoly, à la bataille d’eau, à cache-cache, à guili guili, au basket, aux jeux sportifs, au vélo, au roller, tout ce qui a des roulettes. Ils devraient être libres le week-end pour les enfants, pour aller au parc, à la piscine et regarder des films avec les enfants. Ils devraient apprendre à faire des bêtises. »
(Enfant du SAMU social)
« Dans notre école, il n’y a plus de papier toilette. Nous sommes obligés de rapporter le nôtre. c’est à cause des autres enfants qui volent ou dégradent les toilettes, mais ça ne devrait pas nous punir nous aussi. »
(Enfant de l’Oiseau-Lyre)
« J’ai un frère et une soeur handicapés, ils sont sourds. Ma soeur, souvent quand on la voit, on ne se dit pas directement qu’elle est sourde. Quand elle fait une gaffe, je m’excuse pour elle et les gens le prennent très mal. Mon frère, quand les gens le voient, ils le prennent pour un fou mentalement. Nous pouvons aussi compter le nombre d’enfants victimes de moqueries dans les écoles, ce qui provoque la colère, le stress ou même la solitude. Pour finir, le droit des enfants en situation de handicap est très mal respecté, les enfants devraient être plus respectés et soutenus. On devrait montrer qu’ils sont sur le même piédestal que nous. Ils ne sont pas différents et nous sommes égaux, aidons-les afin de s’adapter à cette société. Merci. »
(Enfant de la troupe « De vives voix »)
« Je ne supporte pas que ma mère ait l’autorité parentale alors que je ne l’ai pas vue depuis des années. » « Il faudrait que les enfants puissent solliciter la déchéance de l’autorité parentale devant un juge. »
(Enfant de SOS Village d’Enfants)
On peut retrouver ces témoignages, ici
voir le site entendsmoi
L’enfer à moins de 20 ans
Un documentaire fort intéressant mais effrayant : l’enfer des prisons anglaises :
voir le site watch ?v=fCS2pfFqP80
c’est une prison pour les jeunes les plus violents de Grande Bretagne, des jeunes qui n’ont connu et ne connaissent que la violence. Caractéristique : les plus âgés ont 21 ans. « On essaie de corriger ce que leur famille ou leurs amis leur ont enseigné ». Des gangs en prison, un univers de violence, si le personnel n’intervenait pas, il pourrait y avoir des morts. « Quand une bagarre éclate c’est génial, ça fait de l’animation ». « Si je vois un mec d’un autre gang je le défonce direct. Je vais lui donner la raclée de sa vie ». Des vies foutues.