Ecrit le 9 septembre 2020
Rentrée scolaire. On s’intéresse à la santé des enfants, à l’éducation des enfants. Fort bien. Un aspect est oublié : celui des enfants « placés », au point que les pétitions se multiplient pour dénoncer les placements abusifs décidés par les services sociaux. précisons qu’il y a, au sein des services sociaux, des personnes qui font très bien leur travail mais qui subissent, pour nombre d’entre elles, des pressions pour augmenter les placements : voir témoignage d’une travailleuse sociale dans le livre « Rafles d’enfants » en 2015.
Les placements d’enfants dits abusifs sont des placements non justifiés par un danger imminent et qui auraient pu être remplacés dans certains cas par un suivi éducatif.. Plusieurs cas nous ont été signalés dans la région de Châteaubriant.
Citons par exemple le cas de Guylène, dont le divorce se passe mal. L’ex-mari la poursuit jusqu’Ã la porte de l’école de leur fils. Celui-ci assiste malgré lui au harcèlement exercé par le père. Le juge a confié la garde à la mère mais l’aSE (Aide Sociale à l’Enfance), constatant que le couple ne peut pas s’entendre, décide un jour de retirer l’enfant pour le placer en foyer. « Acceptez, Madame, ce sera bref ». Dans l’intérêt de l’enfant, croyait-elle, la mère accepte. Et un soir, l’enfant est « enlevé » au domicile de la maman. [Ndlr : il arrive que les enfants soient enlevés à l’école avec parfois l’intervention des gendarmes], Il est emmené dans un foyer d’enfants de 11 à 16 ans de la région. Commence alors un long parcours difficile...
Questions ...
Mais que font les services sociaux ? n’y a-t-il pas une aide à l’enfance ? Les services sociaux sont tout puissants. Leur rôle est primordial car les juges aux affaires familiales tiennent rarement compte de l’avis du médecin de famille, ou de l’entourage, se basant uniquement sur les rapports des services sociaux, complètement à charge la plupart du temps sans que des preuves suffisantes soient présentées. Des allégations fausses sont même fréquentes pour justifier les placements.
Une des perversités fondamentales du système est que les Services Sociaux sont juge et partie. Ils font des rapports entérinés par les juges et placent les enfants dans leurs services. Autant les enquêtes faites par les polices judiciaires de la jeunesse font en général des enquêtes très fouillées et honnêtes, autant les enquêtes des services sociaux sont trop souvent superficielles et orientées.
Les juges d’enfants Michel HUYETTE et Philippe DESLOGES dans leur « GUIDE DE LA PROTECTION JUDICIAIRE DE L’ENFANT » écrivent : « dans aucune autre juridiction le droit n’est autant malmené que dans les procédures de protection de l’enfance conduites dans les tribunaux pour enfants. Nulle part ailleurs il y a comme ici besoin d’argumenter, de justifier, d’exiger ou de menacer pour obtenir le respect scrupuleux des règles légales élémentaires. » Et plus loin : « Dans le domaine de la protection des mineurs, le risque de l’appréciation personnelle et donc de l’arbitraire est plus important que dans tout autre domaine. »
PHILIPPE SEGUIN, ancien président de la Cour des comptes de 2009, disait :
« Si la France ne résout pas les dysfonctionnements de sa protection de l’Enfance, si elle veut occulter la barbarie qui prévaut dans de nombreux cas et occasionne une véritable »maltraitante institutionnelle« ce sont des dizaines de milliers d’enfants qui connaîtront des traumatismes irréversibles. Les conséquences sont prévisibles, tant en ce qui concerne l’équilibre de ces futurs adultes que pour la société qui devra chèrement payer son renoncement aux valeurs du Pays des Droits de l’Homme, signataire de la Convention Internationale des Droits de l’enfant. »
Un rapport de la CNCDH, (Commission Nationale Consultative des Droits de l’homme) en date du 26 mai 2020, constate que : « globalement, la protection de l’enfance fonctionne mal, de façon disparate selon les départements, souvent en raison de l’absence persistante de moyens et d’une coordination efficace entre les acteurs. Les parents sont insuffisamment associés aux décisions concernant leurs enfants, et les droits effectifs des enfants peu garantis »
La CNCDH affirme : « Les mesures de placement doivent rester l’exception, les modalités d’exercice de l’autorité parentale doivent être explicitées et les droits de visites ne plus être entravés par le manque de moyens. L’intérêt supérieur de l’enfant doit guider toute action afin de garantir les liens d’attachement et les besoins spécifiques de l’enfant ».
En France, les mesures de l’aide sociale à l’enfance s’élevaient au 31 décembre 2018 à 306 800, et incluaient plus de 170.000 mesures de placement, ce qui situe la France dans la moyenne haute des Etats européens, en quantité de placements.
Mais pourquoi ?? 7000 € / mois / enfant
Pourquoi ces dysfonctionnements ? Sylvain Moraillon, dans son livre " Halte au
placements d’enfants abusifs « affirme que » l’argent explique plus de 90 % des aberrations du système « » L’enfance en danger fait vivre toute une nébuleuse d’associations opaques que la politique du chiffre conduit à orchestrer une véritable chasse à l’enfant. A 7000 € par mois et par enfant, on comprend qu’elles mettent tous les moyens en œuvre pour obtenir une ordonnance de placement () Le Conseil départemental paie sans poser de question ! Lorsqu’il s’agit d’enfants handicapés, le montant de la prise en charge par la collectivité passe à 25 000 € par mois. Si une fratrie est placée, les services s’acharnent donc à passer au moins l’un de ses membres au statut handicapé () Une fois l’enfant placé, ils s’arrangeront pour qu’il ne retourne jamais auprès des siens. En France la protection de l’enfance, pour maintenir le juteux business du placement abusif, est devenue une terre de non-droit ". Et toutes les manœuvres sont bonnes : certificats mensongers, fraudes à la sécurité Sociale, menaces et procédure baillons
Difficile à croire mais situation hélas trop réelle qui commence enfin à apparaître au grand jour. Voir par exemple le documentaire « Pièces à conviction » intitulé « Enfants placés, les sacrifiés de la République » qu’on peut encore voir sur facebook. Selon l’ODAS, observatoire national de l’action sociale, seules 20 % des mesures de placement sont dues à des maltraitances avérées.
Des dizaines de milliers d’enfants sont concernés par des mesures de placement. Pourtant la commission européenne aux affaires familiales a clairement affirmé dans l’un de ses rapports qu’il serait plus judicieux d’aider financièrement les familles éventuellement en difficulté plutôt que de continuer à placer les enfants à tort et à travers. Car un enfant placé abusivement prend la place des enfants réellement en danger qui font régulièrement la une de la rubrique des faits divers. Deux enfants meurent chaque jour de l’absurdité d’un système pervers qui ne remplit pas sa mission.
Et pourquoi ces placements ? Pour le bien de l’enfant ? On peut en douter, Selon la Fondation Abbé-Pierre, un quart des personnes sans-abri nées en France sont d’anciens enfants placés auprès de l’aide sociale à l’enfance (ASE), soit plus de 10 000 personnes.
Un sénateur, en 2017, s’est posé des questions : « Je suis tombé sur des gamins de 18 ans qui étaient sous protection de l’aide sociale à l’enfance (ASE) jusqu’Ã leur anniversaire et qui se sont retrouvés à la rue le lendemain de leur majorité » .
il existe des aides comme le Fonds d’Aide aux Jeunes, ou le Contrat d’Accès à l’autonomie, mais tous n’en bénéficient pas et tout l’argent du monde ne saurait compenser ce qui manque à ces enfants déracinés : la sécurité affective, le soutien d’une famille, l’estime de soi qui se construit grâce à l’image que les adultes vont renvoyer à l’enfant. Il faut protéger les enfants, ce qui actuellement est loin d’être le cas.
Des livres à lire :
– Et moi alors : par Lucas T
– Halte aux placements d’enfants abusifs par Sylvain Moraillon.
Voir aussi :
– le site sur facebbok
– pièces à conviction