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Ecrit le 8 janvier 2020
Tomate « AB »
Le Canard enchaîné du 31/12 : la tomate bio, la vraie, est mûre en mai-juin, pas avant. En consommer en début d’année suppose qu’elle a été cultivée sous serre. Or, selon l’aDEME, l’agence de l’environ-nement, une tomate produite sous serre chauffée émet sept fois plus de CO2 qu’une tomate de saison.
Une aberration énergétique qu’il était difficile de qualifier de biologique, valable aussi pour les aubergines, concombres et autres poivrons. désormais, toute tomate vendue avant le 1er mai ne pourra plus être estampillée bio, sauf si les serres sont chauffées grâce à des énergies renouvelables.
Autre exception : les producteurs qui ont déjà le label « Agriculture Biologique » ont cinq ans pour se mettre aux normes. On en a donc pour au moins 5 ans de tomates labellisées bio mais énergétiquement aberrantes.
Amazon menace
leFigaro.fr du 03/01 : Malgré l’urgence climatique, critiquer la politique environ-nementale de son entreprise peut s’avérer risqué : ce jeudi, des employés du géant du e-commerce Amazon, réunis dans le groupe « Amazon employees for climate justice », ont dénoncé une stratégie d’intimidation de la part de l’entreprise. Le collectif explique que plusieurs travailleurs comptant parmi ses rangs ont fait l’objet de pressions pour qu’ils cessent de critiquer le rôle du titan américain dans la crise climatique.
Amazon est mis sous pression depuis des mois par des acteurs extérieurs ainsi que par ses propres employés. Ces derniers estiment qu’il « en va de leur responsabilité de s’assurer que leur modèle économique ne contribue pas à la crise écologique », et réclament à leur employeur de prendre des engagements concrets et durables pour réduire son empreinte carbone.
En face, le géant du commerce met en avant une image verte et engagée : son patron, Jeff Bezos, a présenté lors d’une conférence une nouvelle initiative , « l’engagement climatique ». Soucieux de présenter une image positive de son groupe, l’homme d’affaires s’était engagé à ce que le géant de la Tech atteigne la neutralité carbone d’ici 2040, soit dix ans avant la date limite suggérée par l’accord de Paris. Il comptait ainsi « montrer la voie » aux autres acteurs économiques.
Pour les membres du collectif pour la « justice climatique » chez Amazon, les menaces des responsables du groupe sont, dans ce contexte, d’autant plus incompréhensibles. Le collectif dénonce une « tentative visant à faire taire les employés » inquiets, alors que le problème ne pourra être résolu « s’ils ne peuvent s’exprimer sur ce sujet ».
Amazon se retrouve donc dans une situation similaire à celle qu’a connue Google, quelques mois plus tôt. Fin novembre, la firme avait déclenché une vague de protestations en licenciant quatre de ses salariés : si Google a justifié sa décision en expliquant qu’ils avaient consulté des documents auxquels ils n’auraient pas dû accéder, un groupe d’employés, « Google walkout for real change », a dénoncé une action visant à « entraver toute tentative d’organisation parmi les salariés » critiquant sa stratégie.
Toilettes inclinées
CNEWS du 28/12 : Finie, la tranquillité. Une entreprise britannique a mis au point des toilettes inclinées de 13 degrés, afin d’empêcher les gens de passer trop de temps au petit coin.
Après cinq minutes passées assise sur la cuvette inclinée, la personne sentira une tension dans les jambes, semblable à une faible poussée de squat, décrit le fondateur du StandardToilet. Celui-ci s’empresse d’ajouter que cette tension ne sera « pas suffisamment forte pour causer des problèmes physiques ». « Toute inclinaison plus élevée entrainerait des problèmes plus larges. Treize degrés, ce n’est pas trop gênant, mais vous voudrez vous lever rapidement ».
Mahabir Gill, le chef d’entreprise, explique avoir été motivé pour créer son produit par une série de contrariétés. Il évoque des collègues de travail qu’il lui est arrivé de trouver endormis sur les cabinets ou de très longues attentes dans les toilettes publiques.
Son StandardToilet a reçu l’approbation de la British Toilet Association, une organisation qui milite pour de meilleures installations sanitaires. Le prix varie de 150 à 500 livres sterling (180 à 590 euros). Des pourparlers seraient déjà en cours avec des municipalités et des stations-service d’autoroute.
L’entrepreneur estime que son marché s’étendra bientôt aux gares, aux bars, aux centres commerciaux et aux bureaux. Sur ce dernier point, il ne cache d’ailleurs pas que, si son produit peut permettre d’améliorer la posture des personnes sur la cuvette, son but premier est d’empêcher que les salariés ne passent trop de temps aux toilettes, à regarder leur smartphone. « Son principal avantage n’est pas pour les employés, mais pour les employeurs », explique-t-il. « Cela leur fera économiser de l’argent en augmentant la productivité ».
Maternelles privées
laCroix.fr du 02/01 : selon la loi Debré de 1959, les mairies sont tenues de verser la même somme pour la scolarité de chaque écolier, qu’il soit inscrit dans le public ou dans le privé sous contrat. Ce principe de parité valait à partir de l’élémentaire, le CP coïncidant avec l’entrée à 6 ans dans l’instruction obligatoire. Mais la loi Blanquer votée en juillet bouscule cet équilibre : en rendant « la petite école » obligatoire, elle contraint les communes à financer à la même hauteur la scolarité de leurs élèves de maternelle, qu’ils soient accueillis dans le public ou dans le privé. Avec, en conséquence, un surcroît de dépenses pour beaucoup de mairies.
Le gouvernement avait affirmé que l’État compenserait l’augmentation des forfaits communaux mais exclusivement pour les municipalités qui, jusqu’ici, n’attribuaient aucun financement aux maternelles privées. Un traitement inique, avaient réagi de nombreux élus. « Et il faut croire que notre lobbying a payé », se félicite Agnès Le Brun, maire DVD de Morlaix et porte-parole de l’association des maires de France. Car un décret publié le 30 décembre étend le dispositif : pourront aussi bénéficier d’une compensation les communes qui versaient déjà un forfait à ces établissements sans respecter la parité avec le public.
Exemple : une mairie octroyait 300 € par an et par élève à une maternelle privée. Elle devra désormais débourser 1 200 €, somme qu’elle verse par élève du public au titre des dépenses de fonctionnement. Alors que l’État ne devait initialement rien lui accorder, il lui octroiera 900 €. Une compensation pérenne mais qui ne tiendra pas compte des évolutions ultérieures du forfait. Surtout, les communes qui versaient déjà un forfait complet n’y auront pas droit.
Cet infléchissement peut être perçu comme un geste d’apaisement à l’approche des élections municipales. Un changement de position qui aura pour effet d’alourdir la facture. Le ministère de l’éducation avait évalué la hausse des dépenses communales liées à la maternelle obligatoire à 100 millions d’euros par an (50 millions pour le public, 50 millions pour le privé). à ce stade, indique-t-il, l’enveloppe, intégrée au budget 2021, serait inchangée. Mais la majeure partie bénéficierait au privé, les hausses de dépenses n’augmentant guère pour les maternelles publiques qui dans un contexte démographique peu dynamique n’accueilleront pas massivement de nouveaux enfants.