Ecrit le 16 décembre 2020
Aide régionale au financement du permis de conduire : les trois quarts des jeunes chômeurs écartés de la mesure
Le Conseil régional a décidé, dans le cadre de son budget 2021, de mettre en œuvre une aide au financement du permis de conduire. Cette aide vise les jeunes chômeurs de moins de 26 ans dont le niveau de formation est inférieur au bac.
Le rapport présenté indique une cible de 7000 jeunes touchés en 2021. Or les jeunes chômeurs sont 52 000 dans notre région au 3e trimestre 2020 ; cette mesure qui est censée être une réponse d’urgence face à la crise, laisse donc de côté plus de 85% de ces jeunes et toujours 75% d’entre eux si elle était mise en œuvre pendant deux ans.
« Cette annonce de la Région est une volte-face spectaculaire de la majorité régionale qui depuis 5 ans a démantelé l’essentiel des aides à l’autonomie des jeunes ». En effet depuis 5 ans les dispositifs suivants ont été supprimés :
Le Pass complémentaire santé, qui aidait financièrement les jeunes pour souscrire à une complémentaire santé,
Le Pass première installation, qui leur permettait de bénéficier d’une aide au logement,
Le Pass culture sport, pour assister à des manifestations culturelles et sportives,
L’Ordipass, une aide financière jusqu’Ã 480 € pour l’achat d’un ordinateur,
Le Pass prévention-contraception
La mesure annoncée est par ailleurs très inégalitaire : deux tiers des jeunes sortent de formation en Pays de la Loire avec le bac ou un diplôme de niveau supérieur. Comme tous.tes les jeunes, elles et ils sont fortement touchés par la crise et rencontrent de grandes difficultés pour entrer sur le marché du travail. Le taux de chômage des bacheliers était par exemple au niveau national déjà de 16,6% en 2017. Avec la crise, la situation s’est largement aggravée.
« Des jeunes qui n’en ont pas besoin vont bénéficier de cette aide quand de jeunes chômeurs diplômés plongés dans la précarité et issus de familles modestes vont en être écartés, ce n’est pas acceptable » souligne ainsi Jean-Claude Charrier.
Le niveau de formation n’est en effet pas toujours le bon indicateur de la situation des jeunes chômeurs et le choix fait par la majorité va créer des situations absurdes. Prenons deux exemples :
Théo habite à Angers, il a 18 ans et vient d’obtenir son CAP charcutier-traiteur réalisé en apprentissage dans l’entreprise familiale. Son père devait l’embaucher au 1er septembre 2020 à la fin de son apprentissage mais face à la chute d’activité connue par l’entreprise qui travaillait beaucoup dans l’événementiel son recrutement a été différé. déjà salarié pendant deux ans comme apprenti il a un peu d’argent de côté ; l’aide régionale va lui permettre de passer gratuitement son permis avant d’être recruté en CDI.
Emma habite Ecorpain dans la Sarthe, commune rurale proche de Saint-Calais, elle a 20 ans et vient d’obtenir son bac pro logistique au lycée Louis Rondeau. Élève brillante mais issue d’une famille modeste, elle n’a pas les moyens de poursuivre ses études. Dans le secteur de la logistique, la crise a bloqué les recrutements et pour travailler elle doit être mobile. Elle ne bénéficiera pourtant pas de l’aide régionale au financement du permis de conduire.
Pour Christophe Clergeau, du groupe SERR (socialiste, écologiste, radical et républicain) « la majorité régionale vient de faire une annonce précipitée et mal pensée. Obsédée par sa communication et les échéances électorales, aveuglée par son idéologie, elle a écarté la grande majorité des jeunes chômeurs et stupidement laissé de côté les bacheliers. Une bonne idée devient ainsi un dispositif absurde et profondément inégalitaire. Notre groupe demande que cette aide soit élargie à tous les jeunes chômeurs bacheliers et, sur critères sociaux, aux diplômés de l’enseignement supérieur ».