Accueil > Intercommunalité et diverses communes > CCCD - ComCom’ De Châteaubriant-Derval > CCCD-2021 > Bibliothèques : le rôle des bénévoles
Ecrit le 6 janvier 2021
La Com’Com’ Châteaubriant-Derval va augmenter les heures d’ouverture des bibliothèques, par les professionnelles, fort bien !
Lieu de vie
« La bibliothèque ...doit être d’accès facile et ses portes doivent être largement ouvertes à tous les membres de la communauté . Une idée révolutionnaire. Parviendrons-nous à trans-former l’utopie en réalité ? »
Umberto Eco, De Bibliotheca
La bibliothèque est un lieu de libertés. Chacun est libre d’y pénétrer et de bénéficier de ses services, selon son âge ou sa situation professionnelle. Il n’est aucunement nécessaire de décliner son identité et de justifier les raisons de sa venue. c’est l’une des spécificités majeures de la bibliothèque en tant que service public.
Cette liberté de franchir aisément les portes se prolonge à l’intérieur des murs. Chacun peut circuler librement, profiter des services qu’elle offre, de la lecture d’un livre à la consultation des journaux, de l’emprunt de CD ou de DVd à l’utilisation des postes informatiques pour se connecter à Internet, de l’exploitation des salles de travail à la participation à une conférence. Sans oublier que la bibliothèque peut être un espace familial, où les enfants peuvent se cultiver, mais aussi se détendre autour de jeux vidéo, et où les parents peuvent parcourir une exposition temporaire ou tout simplement flâner.
Si la bibliothèque est un lieu de savoirs et de culture, elle est aussi un espace de détente et de loisirs. En somme, elle est ce que l’usager a envie qu’elle soit, en fonction de son humeur et de son désir présents. Elle est un lieu de vie.
Liberté d’expression
Par ailleurs et c’est important dans le contexte post Charlie Hebdo, la biblio-thèque est un lieu de liberté d’opinion, d’expression et d’information. Par les contenus qu’elle propose aux usagers, elle leur permet d’avoir accès à une multitude de connaissances et de savoirs. Elle est un lieu où l’information circule librement, est facilement accessible et, surtout, plurielle.
En bibliothèque, le pluralisme se situe à plusieurs niveaux. Tout d’abord, en matière de traitement et d’analyse de l’actualité, il est impératif que l’usager ait accès à des journaux et à des magazines d’obédiences différentes. La diversité des collections et des ouvrages proposés est fondamentale. Les bibliothèques ont une vocation encyclopédique et une obligation de pluralisme, la complexité étant de les mettre œuvre.
Tiers lieu
La bibliothèque doit devenir un tiers-lieu au cœur de la ville et du territoire. La notion de « tiers-lieu » ou « troisième place » fait référence aux espaces sociaux construits en dehors des deux principaux que sont le domicile et le travail. Pour son bien-être, le citoyen a besoin d’équilibre entre trois sphères : le privé, le professionnel et les relations sociales qui peuvent naître dans ces fameux troisièmes lieux. Ces derniers sont des espaces de convivialité à vocation sociale, où se nouent des contacts informels entre usagers, entre habitants d’un même quartier, d’un même territoire, d’une même ville. S’y sentant à l’aise, ils reviennent et sont en demande de nouveaux services qui n’étaient pas nécessairement prévus initialement (avoir un point-café comme à la bibliothèque par de Segré parexemple).
c’est pourquoi la problématique relative aux horaires d’ouverture de ces établissements n’est pas uniquement une interrogation culturelle ; c’est un enjeu civique, démocratique, et leur extension serait de nature à apporter une réponse contemporaine et concrète à la question de savoir comment faire société. (*)
Mais les difficultés s’amoncellent
Une bénévole raconte : dans ma commune il y a moins de dix lecteurs adultes réguliers. L’essentiel des lecteurs, ce sont les enfants des écoles ! La structure est très très lourde ! pour la moindre chose il faut demander la permission. Exemple l’an dernier, j’ai voulu faire venir un poète ex-directeur de l’école publique (que les gens ont bien connu). J’en ai parlé à la professionnelle un mois et demi avant ...mais il faut au moins le prévoir 4 ou 5 mois à l’avance pour que ce soit noté sur l’agenda de la Com’Com’.
– Les bénévoles sont invités au choix des livres sur une liste pré-établie : le choix est limité et pas toujours adapté aux goûts de nos lecteurs - des traductions de romans américains qui n’intéressent personne. On choisit en juillet et on n’a les livres qu’en décembre !
– pour les achats de livres, je déplore qu’on ne privilégie pas les librairies indépendantes comme « la Bulle » à Nozay ou d’autres à Nantes .
– Chez nous il y a quatre abonnements à des revues adultes que personne ne prend. Depuis deux ans, je demande à ce que cela soit transformé en abonnement enfant - toujours pas fait !
– la réouverture après le confinement : on a déconfiné en trois vagues ! la dernière était fin juin. Depuis le deuxième confinement, pas le droit de recevoir l’école, donc je fais un choix de livres que je leur emporte. J’ai voulu renouveler le stock, et il y a à la médiathèque un fonds dans les réserves dans lequel on peut puiser. J’y suis allée deux fois l’an dernier, sans problème. J’y retourne en décembre dernier et là , on me dit pas possible, il faut demander la permission donc j’ai pris rdv un après midi et je n’y suis allée que pour cela ! les enfants étaient ravis, et c’est le principal !
– pendant les confinements, beaucoup de bibliothèques ont fait du « clic et collecte » (demandez et vous recevrez !), c’est dommage que cela n’ait pas été fait dans notre structure !!
– en ce qui nous concerne, la professionnelle ne vient que deux heures : cela ne changera pas, mais c’est passé du mercredi 16h-18h au mardi 10h-12h, donc cela ne permet pas d’augmenter l’ouverture au public. Il y a des gens qui appréciaient le mercredi après-midi.
– Les bibliothèques seront désormais ouvertes par les professionnelles pendant les vacances scolaires : ça, c’est bien et la Com’com’ prévoit une embauche d’une professionnelle de plus chaque année. Le gros problème étant : comment amener les gens à la bibliothèque : il faut que celle-ci soit ouverte pour autre chose et par ce biais là , on attirera les gens.
bénévolat
A l’exception des zones urbaines, le travail bénévole est indispensable dans les bibliothèques publiques.
Pour la sénatrice Sylvie Robert « Les bénévoles donnent du temps pour l’intérêt général. Les professionnels ont souvent peur qu’ils ne se substituent à eux. » (*)
Selon les données de l’Observatoire de la lecture publique (2017), les régions comptabilisant le plus grand nombre de salariés par habitant sont aussi celles où le nombre de bénévoles est le plus élevé (Auvergne : Rhône-Alpes, Bretagne) ; la corrélation inverse fonctionne aussi (Hauts-de-France, Grand Est). Dans les plus petites communes, les équipes de bénévoles sont plus restreintes. Quand il y a des salariés, c’est davantage un bénévolat sur des projets, avec des temps de présence plus courts et un meilleur épanouissement. « » Réfléchir à l’adaptation ou à l’élargissement des horaires d’ouverture des bibliothèques implique de questionner leurs missions. L’objectif n’est pas de prôner idéologiquement une meilleure ouverture de ces établissements sans répondre à l’interrogation implicite et légitime : dans quels buts et pour quelle offre de services aux publics ?
Pour le dire plus clairement, il ne s’agit pas d’ouvrir pour ouvrir, mais d’ouvrir mieux pour permettre à tous les publics de bénéficier de l’ensemble des services et activités qu’offre la bibliothèque "(*). Les bénévoles peuvent y contribuer, à condition de les y associer.
(*) Extraits du rapport de Sylvie Robert, sénatrice d’Ille et Vilaine.