Ecrit le 24 mars 2021
Incitation à la haine
LeMonde.fr du 18/03 : Le 29 septem-bre 2020 dans l’émission Face à l’info sur CNews, les « limites à la liberté de communication et la liberté éditoriale des médias audiovisuels » ont été franchies. Ainsi en a jugé le Conseil supérieur de l’audiovisuel, qui a prononcé, le 17/03/2021, une sanction de 200 000 euros à l’encontre de la chaîne d’info du groupe Canal+.
c’est la première fois qu’une chaîne d’information continue fait l’objet d’une sanction pécuniaire de la part du CSA.
Ce jour-là Eric Zemmour avait estimé que les mineurs isolés étrangers n’avaient « rien à faire ici ». « Ils sont voleurs, ils sont assassins, ils sont violeurs, c’est tout ce qu’ils sont. Il faut les renvoyer », avait déclaré le polémiste, sans que son assertion soit critiquée ou combattue de manière significative.
« Il est naturel que les débats qui traversent la société trouvent toute leur place dans les médias audiovisuels, y compris sous une forme polémique, explique l’instance dans un communiqué du jeudi 18 mars. néanmoins, la loi fixe des limites à l’exercice de cette liberté ».
En l’occurrence, elles ont été outre-passées à plusieurs niveaux. d’abord, l’obligation de ne pas inciter à la haine ni d’encourager les comportements discri-minatoires n’a pas été respectée. « Le caractère violent et répété du vocabulaire employé par le chroniqueur, stigmatisant les mineurs étrangers isolés en insistant sur les dangers qu’ils représenteraient en termes d’actes criminels, traduit l’ex-pression d’un vif sentiment de rejet à leur égard », a jugé le CSA.
Ensuite, la chaîne a failli à son obligation de maîtrise de l’antenne. « Aucune réaction suffisamment marquée n’a été apportée à ces déclarations par les personnes en plateau », insiste l’instance pointant, la présentatrice Christine Kelly, dont la réaction était restée pour le moins timorée. []
Enfin, le CSA s’agace de la situation de récidive dans laquelle se trouve la chaîne. La même émission avait en effet « donné lieu à une mise en demeure », le 27/11/ 2019, et poussé le comité d’éthique du groupe Canal à alerter la chaîne. [] A l’automne, la déclaration de M. Zemmour avait provoqué un tollé général, une condamnation ferme de la Société des rédacteurs de la chaîne, et l’ouverture d’une enquête par le parquet de Paris pour « provocation à la haine raciale » et « injures publiques à caractère raciste ».
Devoir conjugal
franceinfo du 17/03 : Une femme a déposé un recours contre la France devant la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) pour « ingérence dans la vie privée » et « atteinte à l’intégrité physique », après que la justice française lui a « imposé » le « devoir conjugal », indiquent ce 17 mars deux associations qui la soutiennent.
La cour d’appel de Versailles avait sanc-tionné cette femme en 2019 parce qu’elle refusait d’avoir des rapports sexuels avec son mari. Les juges ont en effet prononcé un divorce à ses torts exclusifs notam-ment pour ce motif, considérant que ces faits, « établis par l’aveu de l’épouse, constituent une violation grave et renouvelée des devoirs et obligations du mariage rendant intolérable le maintien de la vie commune ». Cette décision a été validée par la Cour de cassation.
Les deux associations, la Fondation des femmes et le Collectif féministe contre le viol, déplorent le fait que la justice française « continue d’imposer le devoir conjugal », « niant ainsi le droit des femmes de consentir ou non à des relations sexuelles ». Elles rappellent que « dans 47% des 94 000 viols et tentatives de viol par an, l’agresseur est le conjoint ou l’ex-conjoint de la victime ».
« Le mariage n’est pas et ne doit pas être une servitude sexuelle », concluent les associations, qui espèrent une condam-nation de la France.
Tagada
Le Monde.fr du 19/03 : Mercredi 17 mars, la préfecture de police de Paris annonçait sur son compte Twitter avoir mis la main à Saint-Ouen, en Seine-Saint-Denis, sur « un atelier de condition-nement de produits stupéfiants (MDMA, ecstasy) » et saisi pour un million d’euros de marchandise. Pour saluer la décou-verte, la préfecture accompagnait cette annonce du hashtag #belleaffaire. Mais il s’agissait en fait de poudre de fraises Tagada.
Le tweet, qui félicitait la police des transports pour ce fait d’armes, était accompagné de deux photos montrant de la poudre rose et des sortes de petites pilules de la même couleur empaquetées dans des sachets. La préfecture de police de Paris prétendait que ce trafic de MDMA (pour 3,4-méthylènedioxy-N-mé-thylamphétamine), une drogue de syn-thèse, « alimentait des soirées clan-destines ».
Mais il y a eu erreur sur la marchandise : les analyses toxicologiques effectuées jeudi soir ont conclu « que la poudre saisie dans l’appartement était une »poudre neutre« , ne relevant ni de pro-duits stupéfiants ni de substance véné-neuse », a déclaré à l’agence France-Presse le parquet de Bobigny. En lieu et place des stupéfiants, il s’agissait de poudre de « fraises Tagada concassées », a précisé une source proche de l’enquête. Reste à savoir ce qu’elle faisait là ...
Militaires néonazis
Mediapart a publié le 16 mars une enquête révélant des dérives néonazies dans l’armée française. Le site d’infor-mation a recensé une cinquantaine de militaires français affichant ouvertement des convictions néonazies.
La plupart officient dans des régiments de la légion étrangère mais d’autres bataillons sont concernés « Ã la marge », selon Mediapart, qui cite le 3e régiment de parachutistes d’infanterie de marine (3e RPIMa), le 35e régiment d’infanterie (35e RI) et le 132e régiment d’infanterie cynotechnique (132e RIC).
Le ministère des armées a réagi, jugeant « très graves » les faits soulevés par le site d’informations, et affirmant qu’ils font « l’objet d’une analyse minutieuse ». Florence Parly a affirmé lors d’une audi-tion au sénat que ces comportements, « totalement inadmissibles », « sont le fait de dérives individuelles ». « On ne peut absolument pas parler de filière, a ajouté la ministre des armées. Il s’agit de cas très déviants mais isolés, nullement représentatifs des militaires français. » []
« Toutes les idéologies néfastes, nauséa-bondes, révisionnistes, extrémistes sont proscrites dans les armées », assure le ministère, déclarant qu’il n’existe « aucu-ne tolérance » pour ces faits. L’enquête de Mediapart met en doute la sévérité des sanctions prononcées par l’institution dans de tels cas.
« Comme Florence Parly a eu l’occasion de le dire, il faut bien entendu rester humble car aucun dispositif de détection n’est infaillible », a répondu le ministère, qui souhaite relativiser les dizaines de cas recensés par Mediapart dans les rangs de la défense, qui compte 210 000 militaires.
Assurant avoir déjà « lourdement sanctionné » sept militaires néonazis évoqués par une première enquête de Mediapart en juillet 2020, le ministère affirme que « les quelques profils révélés et qui sont toujours en activité seront lourdement sanctionnés ». Sur les cin-quante cas cités par Mediapart, « sept n’avaient pas été détectés », a précisé Mme Parly au sénat.
Le ministère souligne par ailleurs qu’« une douzaine » des militaires iden-tifiés par le média en ligne dans son dernier article « ne sont plus liés aux armées ». De son côté, Mediapart explique dans son article que les per-sonnes observées dans son enquête étaient « pour la quasi-totalité des militaires incriminés () concomitants avec leur période d’engagement ».