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écrit le 16 octobre 2002
Micro-crédits
En Egypte un groupe d’entrepreneurs a mis en place un système de prêts extrêmement strict. Malgré un taux d’intérêt de 17 %, plus de 99 % des crédits sont remboursés.
C’est une recette élémentaire qui a fait le succès du projet de micro-crédit lancé par l’Association des hommes d’affaires d’Alexandrie . Les ingrédients de la réussite : la simplicité des démarches nécessaires pour l’octroi des crédits, ainsi que la rapidité de leur versement aux clients. Nabil al-Chairii, directeur du projet, admet que le taux d’intérêt de 17 % imposé par l’association est élevé, mais se défend en expliquant que c’est le seul moyen de couvrir les dépenses et d’assurer la continuité du projet. « Le taux d’intérêt n’est pas le véritable enjeu pour le client. Ce dernier préfère obtenir un crédit rapide à garanties simples plutôt que se compliquer la vie pour obtenir éventuellement un crédit à un taux inférieur », explique-t-il.
Le projet a commencé en 1990, à partir d’une aide américaine d’un montant total de 7,5 millions de dollars dans le cadre d’un programme de développement destiné aux petites entreprises. « La somme a été déposée à la banque. Nous avons pu ainsi nous en servir comme garantie pour emprunter. Nous avons pu assurer un mécanisme de financement sûret permanent » dit le vice-directeur du projet.
« Maintenant cette somme a doublé et grâce à notre ponctualité les banques ont facilité toutes nos transactions. C’est pour cette raison que le projet a pu, depuis 1994, couvrir toutes ses dépenses de fonctionnement »
L’association a adopté un système très sévère en ce qui concerne l’octroi des prêts. Variant entre 1 000 et 25 000 livres égyptiennes [entre 220 et 5 500 euros], ils sont remboursables sur quatre, douze ou vingt-quatre mois. En outre, ils sont progressifs. Au début, le client ne reçoit que 1 000 livres et doit prouver qu’il est capable de bien s’en servir, ainsi que de rembourser dans les délais, avant de pouvoir recevoir un autre crédit plus important de 3 000 livres et ainsi de suite.
De 1990 à juillet 2002, il y a eu presque 211 000 crédits accordés pour un montant total de 130 millions d’euros avec un taux de remboursement de 99,29 %.
Cette rigueur est parfois jugée excessive par certains bénéficiaires qui trouvent aussi que les remboursements ne devraient pas démarrer immédiatement. « Personne ne peut réaliser de bénéfices en un seul mois. Ils devraient au moins nous donner un délai de deux ou mois. »
Lutter contre le travail au noir
Aujourd’hui, l’association possède un réseau de dix-neuf bureaux dans le delta [région du nord de l’Egypte]. La Jordanie, la Tunisie, le Maroc, le Liban et même des pays africains comme le Malawi, le Bénin et la Tanzanie. En Europe, l’Albanie et la Bulgarie ont sollicité ses conseils. Enfin, il y a deux semaines le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD), qui élabore des stages d’assistance technique pour les micro- et petites entreprises a signé avec l’association deux contrats de 500 000 dollars chacun, afin de transmettre son expérience au yémen et à Bahreïn.
Le développement du projet dans le nord de l’Egypte a conduit le gouvernement à collaborer avec cette association pour encourager les micro- et petites entreprises à passer du secteur informel au secteur formel. Ainsi pour obtenir un crédit de 60 euros l’association impose maintenant que le créditeur possède une carte d’identité et un contrat pour son appartement ou son magasin. Pour un crédit de plus de 1 000 euros, il doit avoir des assurances sociales. Pour plus de 1600 euros une déclaration d’impôt est indispensable, et pour plus de 2000 euros il faut un compte en banque.
Forte du succès de son premier projet l’association a entrepris deux autres programmes de financement. Le premier, commencé en octobre 1999, consiste à allouer aux femmes démunies de très petits crédits. L’association a mis en place un système de crédits collectifs, puisque ces femmes ne possèdent pas de garanties. Le second, commencé en mars 2000, est destiné aux chômeurs. Il est financé par des dons d’hommes d’affaires. Les bénéficiaires doivent s’engager à travailler un minimum de huit heures par jour, pour une période de trois mois consécutifs