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(écrit le 2 avril 2003)
Sauvages
« Les Irakiens étaient des menteurs, voilà maintenant qu’ils sont des sauvages » disent les responsables de la coalition américano-britannique qui envahit l’Irak, en prenant deux exemples :
1) en montrant des soldats américains prisonniers, les Irakiens violeraient la Convention de Genève sur les Prisonniers de Guerre. Peut-être. Mais que font les Américains avec les prisonniers qu’ils ont faits en Afghanistan et enfermés sur la base de Guantanamo dans l’île de Cuba ? Que font les Américains quand ils torturent leurs prisonniers sur la base de Bagram en Afghanistan ? (cf La Mée du 12 mars)
2) en menaçant de mort les soldats qui voudraient se rendre, Saddam Hussein est un tyran sanguinaire. Peut-être. Mais que font donc toutes les armées en face de ceux qu’elles considèrent comme traîtres ou déserteurs en temps de guerre ?
Les Américains font pire : selon le journal Marianne du 24 mars 2003 : « Les Etats-Unis ont fait savoir que tout officier supérieur irakien qui résisterait à l’invasion serait passible de poursuites pour crime de guerre (...) ». Les officiers supérieurs américains, eux, ne risquent rien, puisque les Etats-Unis ont exigé que, même en cas de constitution d’une juridiction pénale internationale, leur soit reconnue une totale impunité. Et ceci n’empêche nullement les Américains, qui faut-il le rappeler sont les agresseurs et ont déclenché une guerre illégale, de se réclamer des règles du droit de la guerre.
Les Américains en sont même à menacer la Syrie et l’Iran parce que certains de leurs ressortissants passent la frontière pour aller donner un coup de main aux Irakiens ! Vont-ils ainsi faire la guerre au monde entier ?
La guerre s’ensable
Les affaires prospèrent
120 000 hommes supplémentaires vont être envoyés en Irak, dit le Pentagone. M. Bush affirme que la guerre durera « le temps qu’il faudra ». « cette guerre n’est pas une question d’agenda, mais de victoire. Les Irakiens doivent le comprendre, compris ? » rapporte « The New York Times ».
Plus le temps passe et plus l’inquiétude grandit, notamment pour les populations civiles.
Les forces irakiennes veulent attirer les forces de la coalition dans les villes pour un combat à mort. La coalition américano-britannique veut faire le siège de Bagdad, comme on faisait au temps des Croisés, pour affamer la population et la forcer à se révolter contre Saddam Hussein. Elle ne comprend pas que le peuple irakien est un peuple fier, qu’il a peur à la fois de Saddam Hussein (qui est un dictateur) et des Américains .
Le peuple irakien ne veut pas accepter le diktat d’une coalition qui, à dire vrai, a changé plusieurs fois les buts de la guerre, qui détruit son pays parce qu’il faut faire diversion à la crainte semée par les attentats du 11 septembre chez les Américains, qui détruit son pays parce qu’il faut détourner l’attention des Américains de la grave situation économique des USA.
G.W.Bush est un fou qui met le feu au monde, qui met gravement en péril les économies occidentales (sans pour autant aider les économies du pays du Sud). Jacques Chirac s’est opposé à la guerre. Il faudrait maintenant qu’il puisse s’opposer à la condamnation des « Bagdadiens » à mourir de faim.
Cette guerre est de plus en plus absurde. On en est rendu à faire la guerre pour prouver qu’on avait raison de faire la guerre, pour gagner à tout prix. Et le prix sera lourd.
Pourquoi les Américains ne sont-ils pas
accueillis en héros ?
Des opérations de guérilla à l’arrière des lignes américaines, des forces irakiennes qui montrent en outre une surprenante résistance, obligeant les Anglo-Américains à contourner les grandes villes, parfois des voitures-suicides ou, comme le raconte un des envoyés spéciaux du Wall Street Journal, des hommes en habit civil surgis de nulle part qui tirent au bazooka sur les soldats de la coalition... C’est la surprise. « Les responsables du Pentagone s’attendaient à ce que les troupes américaines soient accueillies presque partout comme des libérateurs, du moins dans le Sud chiite », notait un éditorial du Washington Post, le 24 mars, insistant sur l’embarras de l’administration américaine. Peu avant que l’offensive commence, les officiers de presse américains préparaient des tournées pour que les équipes télévisées filment les foules en liesse dans les localités « libérées ».
C’est que les populations irakiennes n’ont pas la mémoire courte : au printemps 1991, les chiites du Sud irakien se sont soulevés en masse, jusqu’Ã contrôler quelque 14 départements irakiens. Mais Bush père décida finalement de ne pas renverser Saddam Hussein, et la vengeance de ce dernier fut impitoyable : entre 50 000 et 300 000 morts, sans faire bouger les USA. La répression contre les chiites (une des communautés religieuses de l’Irak) a continué ces douze dernières années.
Echaudés, les Chiites se méfient : l’arrivée des Américains n’a pas mis fin à la peur. Saddam Hussein est toujours au pouvoir à Bagdad, et son appareil de terreur est toujours actif, même dans les rues des villes « libérées » comme Safouane.
Il en est de même des Kurdes, autre ethnie d’Irak, qui redoutent toujours l’intervention de leurs voisins Turcs.
Des missiles à tête vide
Selon le Canard Enchaîné du 26 mars 2003, les Irakiens ont lancé une dizaine de missiles en direction des troupes américaines stationnées au Koweit, sans faire de dégâts. A la surprise des militaires venus en inspection, ces bons vieux missiles n’avaient emporté aucune charge explosive classique ni biochimique et leur système de guidage ne valait pas tripette. Ce qui en dit long sur l’état de dénuement de l’Irak après la « disparition » de son armée de l’air.
Dans les semaines qui ont précédé le déclenchement de l’offensive américano-bri-tannique, l’Irak a détruit de nombreux missiles « Al-Samoud ». Testé pour la première fois en octobre 1997, le missile balistique sol-sol Al-Samoud est non conforme à la résolution 687 de l’ONU, en date du 3 avril 1991, parce qu’il a atteint lors de ses essais la portée maximale de 183 km, au lieu des 150 autorisés.
Or l’Inde et le Pakistan, ont procédé mercredi 26 mars à des tests de missiles à capacité nucléaire.
L’Inde a testé avec succès un missile sol-sol d’une portée de 150 kilomètres et capable de transporter une ogive d’une tonne.
Le Pakistan a annoncé, immédiatement après, avoir testé un missile sol-sol Abdali (Hatf II), à capacité nucléaire, d’une portée de 200 kilomètres.
Quand donc une coalition américano-britannique va-t-elle aller attaquer le Pakistan et l’Inde, pays officiellement dotés de l’arme nucléaire depuis 1998 ?
En Irak, la coalition américano-britannique a ouvert la boite de Pandore. Le danger, pour la paix du monde, s’appelle Bush.
Bouffe
Boycotter les produits français ? Les soldats américains, nourris par une société française, la Sodexho, ne sont pas d’accord ! Car c’est meilleur que la cuisine américaine.
SMS
Par téléphone portable des messages SMS forment une chaîne sans fin en Egypte :
« Je ne vous demande ni pain ni armes, mais de pleurer à chaudes larmes, car je brûle. Signé : Bagdad ». Les mini-messages - blagues, appels à la mobilisation et commentaires - passent d’un téléphone à l’autre, ne portant que l’identité du dernier relais....
Friendly Fire
Friendly Fire : le feu ami. Les soldats de la coalition américano-britannique meurent « beaucoup plus de façon accidentelle qu’au combat », constate « USA Today ». « Après une semaine de combats, les accidents ou les ’’tirs amis’’ — par opposition aux tirs provenant de l’ennemi irakien — ont fait presque deux tiers des victimes reconnues par les forces armées ».
Ainsi, sur les 24 soldats américains et les 20 soldats britanniques morts ces derniers jours, seulement 16 (14+2) sont tombés au combat ; 22 (8+14) sont morts dans des accidents de leurs véhicules ; et 6 (2+4) sont tombés sous le feu roulant de leurs collègues. Selon « USA Today », 7 soldats américains sont dans les prisons irakiennes et 12 militaires (10+2) sont portés disparus. Le dernier exemple en date aurait eu lieu le 27 mars près de Nasiriyah. Des Américains auraient bombardé malencontreusement un camp... américain, faisant 37 blessés.
Sept fois
Pour expliquer ces pertes aussi rapides que stupides, un officier américain explique que « les erreurs dans les premiers jours de combat sont souvent importantes car les soldats ont besoin de temps pour s’adapter au combat, aux équipements, à la météo et au terrain. Sept jours après le début des combats, les soldats sont sept fois meilleurs... ». Et 50 jours après ?.
Bain de Bush et la haine fraîche
Le quotidien communiste L’Humanité a accompagné samedi 29 mars sa livraison de L’Humanité hebdo de « neuf cartes postales contre la guerre en Irak »
Chaque carte joue sur les mots pour dénoncer le conflit en cours : « Bush et Saddam le cauchemar à deux têtes », « ONU, la paix en sigle pas en cible », « PaixTrole, non à la guerre en Irak », « Bain de Bush pour garder la haine fraîche ». Au dos de chacune figure la même apostrophe : « Cette carte lutte pour la paix, bon voyage ! »
Intox et démenti
Des soldats britanniques capturés par les forces irakiennes auraient été « exécutés », a affirmé le premier ministre Tony Blair, jeudi 27 mars. hélas pour lui, la soeur de l’un des deux soldats britanniques concernés a démenti, le lendemain, dans le quotidien Daily Mirror, lu à des millions d’exemplaires, en disant que son frère avait été tué sur le coup, lors des combats
Doutes : L’effet Wallace
William « Scott » Wallace, qui commande le 5e corps d’armée américain en Irak a mis les USA en émoi, vendredi 28 mars, par cette seule phrase : « L’ennemi que nous combattons est un peu différent de celui contre lequel nous avions conçu des scénarios de guerre ».
Le Pentagone a passé une partie de la journée à lutter contre « l’effet Wallace ».
Face à leur opinion publique, les dirigeants américains doivent faire face à deux reproches :
– Le premier concerne la mauvaise qualité des renseignements et des analyses sur le régime de Saddam Hussein.
– Le deuxième reproche est d’avoir caché aux Américains les difficultés et la durée probable de la guerre.
Le prix sera lourd ? pas pour tout le monde
Incroyable : l’incendie des puits de pétrole en Irak va être combattu par la société américaine Halliburton dont le PDG, d’octobre 1995 à août 2000, était M. Dick Cheyney, actuel vice-président des USA. En France on n’aurait pas osé ...
Une filiale de cette société a construit le centre des « ennemis combattants » à Guantanamo Bay à Cuba et travaille pour le Pentagone en Afghanistan et au Koweit.
D’autres entreprises ont ainsi été sélectionnées pour les marchés de reconstruction de l’Irak. Sélectionnées pour leur « expérience » ou pour leurs amitiés politiques ?.
(note du 6 avril : l’affaire était si grosse que la société Halliburton a dû finalement renoncer au marché)
Familiale
– La mère fait du tricot
– Le fils fait la guerre
– Elle trouve ça tout naturel la mère
– Et le père qu’est-ce qu’il fait le père ?
– Il fait des affaires
– Sa femme fait du tricot
– Son fils la guerre
– Lui des affaires
– Il trouve ça tout naturel le père
– Et le fils et le fils
– Qu’est-ce qu’il trouve le fils ?
– Il ne trouve rien absolument rien le fils
– Le fils sa mère fait du tricot
– son père des affaires
– lui la guerre
– Quand il aura fini la guerre
– Il fera des affaires avec son père
– La guerre continue
– la mère continue elle tricote
– Le père continue il fait des affaires
– Le fils est tué il ne continue plus
– Le père et la mère vont au cimetière
– Ils trouvent ça naturel le père et la mère
– La vie continue
– la vie avec le tricot la guerre les affaires
– Les affaires la guerre le tricot
– la guerre les affaires
– les affaires et les affaires
– La vie avec le cimetière
Tiré de Jacques prévert
Paroles
(poème fort bien dit par un des jeunes de l’atelier théâtre du Collège de La Ville aux Roses, spectacle donné le vendredi 21 mars, avec un spectacle de danse et du chant choral)
Dieu est américain
« Le besoin public de jeûner et prier pour attirer la bénédiction et la protection de la Providence sur les Américains et nos forces armées » a été souligné le 27 mars aux Etats-Unis par la Chambre des Représentants, qui a voté l’instauration d’une journée exceptionnelle de jeûne et de prière « et d’humilité » (sic !). Une première depuis la guerre de sécession.
« Gott mit uns » (Si Dieu est pour nous, qui sera contre nous ?) : Ce cri de foi des chrétiens que les soldats allemands de la première guerre mondiale arboraient sur la boucle de leur ceinturon, George Bush le reprend en quelque sorte à son compte avec le risque de transformer la guerre contre l’Irak, en guerre de religion, fondamentalisme « chrétien » contre fondamentalisme musulman. De quoi attiser toutes les guerres à venir.
(note du 6 avril 2003 : on apprend même que des missionnaires baptistes font partie des fourgons de l’armée américaine, prêts à proposer la foi chrétienne à ces mécréants de musulmans, sous couvert de travail humanitaire et de secours d’urgence. Ces mêmes missionnaires baptistes sont ceux qui, après le 11 septembre 2001, se sont distingués par leurs diatribes contre les islamistes. Leur présence en Irak confirme les craintes d’une « croisade » contre l’Islam.
Les Protestants modérés désavouent ces pratiques)