(écrit le 29 janvier 2003)
Alain Hébert : Je l’avoue
Alain Hébert, syndicaliste de Cherbourg, était lundi 20 janvier 2003, au soir, à Paris dans la salle de la Mutualité. Selon l’Humanité du 23 janvier, il a témoigné à la tribune, à l’invitation du Parti communiste : « Je l’avoue. Oui, avec des centaines de manifestants soutenus par toute une population, j’ai osé manifester contre la fermeture d’un hôpital indispensable à la santé des habitants du Nord-Cotentin. »
« J’ai osé, le 26 juin 2002, au côté de 500 manifestants, exprimer l’écœurement de tous face à l’innommable provocation des autorités militaires qui, ce jour-là , organisaient un pince-fesse, avec champagne et petits fours pour fêter la fermeture de notre hôpital. Notre manifestation était digne, familiale, à l’appel d’un collectif réunissant tous les syndicats, les partis politiques de gauche, les associations. Nous voulions simplement dénoncer le mépris de ces autorités et remettre une motion exigeant la venue du ministre Kouchner, exigeant le maintien et le développement de l’offre de soin dans notre région ».
Provocations policières
Alain Hébert évoque le refus de dialoguer, les provocations des gendarmes qui finissent par s’en prendre à lui directement, ou plutôt « au secrétaire général de l’union locale CGT de Cherbourg que je suis » et qui le ceinturent violemment. « Il aura fallu l’intervention de plusieurs personnes pour me libérer afin que je regagne cette manifestation, que je sois reçu par le préfet maritime et que je puisse avec mes camarades disloquer ce rassemblement tranquille ».
Arrestation
Sept jours plus tard, le 3 juillet 2002, à 9 heures, il est convoqué au commissariat. A·9 h 05, il est mis en garde à vue. Le soir, il est traduit en comparution immédiate. Alain Hébert raconte alors le procès qui a eu lieu le 19 juillet 2002 après qu’il ait réussi à obtenir un report : « Le président du tribunal, le procureur, dans l’hystérie sécuritaire ambiante, se laissent aller à une véritable charge contre toutes les manifestations et ceux qui les organisent. Pour eux, syndicaliste = terroriste. Les trente-neuf témoins confirmant que je n’ai porté aucun coup sont traités de vrais-faux témoins ». Et, le 25 juillet, il est condamné à six mois de prison dont un mois ferme. Condamné pour l’exemple.
Avec émotion, le militant parle du mouvement de solidarité qui s’est constitué autour de lui et qui n’a cessé de s’amplifier. Mais il parle aussi d’autres condamnés, comme lui, pour l’exemple. Les affaires Meguini, Bové, Fautrad, Hébert dénoncent une grave accélération de la criminalisation de l’action syndicale.
Lucien Bertrand
En annonçant la grande journée d’action organisée le 22 janvier 2003 à Cherbourg, dans l’unité la plus large, pour exiger sa relaxe, Alain Hébert appelle aussi à une autre journée d’action qui aura lieu le 29 janvier à Chalon-sur-Saône autour de Lucien Bertrand qui risque, lui, excusez du peu ! Dix ans de prison " (1).
Et Alain Hébert lance sous les applaudissements : « Nous devons décider, nous devons décréter la tolérance zéro pour toutes les atteintes aux libertés. Mais cela ne suffit pas, nous avons à faire de la liberté une revendication pas tout à fait comme les autres car elle détermine toutes les autres. Il n’y a pas de progrès social sans lutte. Si vous voulez, si nous voulons améliorer la vie quotidienne de tous les salariés, de tous les citoyens. Si nous voulons construire le progrès social, si nous voulons changer le monde des PME et PMI, nous avons à inventer, à revendiquer, à imposer de nouvelles libertés. Sinon demain matin risque d’être un matin brun ».
L’accusation s’est appuyée sur le témoignage de 4 gendarmes maritimes dont trois confirment avoir vu le syndicaliste Alain Hébert frapper l’adjudant-chef Cottereau : « Si on le relaxe, il faudra dire que ceux-là sont des menteurs » dit l’accusation.
Mais le défenseur du syndicaliste rappelle les 39 personnes qui, elles, témoignent qu’elles ne l’ont pas vu frapper : « Ces personnes seront-elles traitées de menteuses ? Ce n’est pas plus agréable »
Pas grand chose
L’avocat général près la Cour d’Appel, considère : « Ne jetons pas le discrédit sur le tribunal d’instance de Cherbourg. Qu’est-ce qui pose problème dans sa décision ? Rien » ...
.... rien qu’une condamnation à 6 mois de prison dont un mois ferme à l’encontre d’un syndicaliste innocent. C’est pas grand chose, en effet.
Trois menteurs ou 39 menteurs ?
Une photographie publiée lundi 20 janvier 2003 par Ouest-France apporte un nouvel élément pour plaider la relaxe d’Alain Hébert.
Lors de l’audience du 19 juillet 2002, l’avocate du syndicaliste, Me Marie-Laure Dufresne-Castets, avait déjà souligné les nombreuses contradictions entre les témoignages des trois gendarmes certifiant avoir vu Alain Hébert frapper le gendarme Alain Cottereau. Contradictions sur le nombre de coups, sur la chronologie des événements, sur les paroles d’intimidation prêtées à Alain Hébert.
Avec le cliché publié par Ouest-France, le 20 janvier 2003, l’affaire prend une nouvelle tournure. En effet, après la bousculade où Hébert est accusé d’avoir frappé l’adjudant-chef Cottereau au visage, une délégation de syndicalistes, dont Hébert lui-même, est entrée dans l’hôpital pour remettre à l’Amiral une motion contre la fermeture de l’établissement. La photographie publiée par Ouest-France montre l’instant où la délégation, sur le perron de l’hôpital, sort de cette entrevue. Au centre, Alain Hébert, souriant, bavarde avec rien moins que le commissaire principal de police de Cherbourg, M. Hoffmann, appelé sur les lieux après la bousculade.
A droite, chemise impeccable, bras croisés, l’air débonnaire, Alain Cottereau les regarde. Sa joue gauche est tournée vers l’objectif. Or, c’est précisément cette joue-là que le syndicaliste est censé avoir frappé violemment, quelques minutes plus tôt, au point de provoquer pour le gendarme une incapacité de travail de dix jours, et des troubles de l’audition. Le gendarme avait aussi affirmé que sa chemise avait été déchirée, et ses lunettes et sa montre, écrasées. Un autre témoin avait affirmé que Cottereau avait des lésions gris bleu et qu’il « saignait légèrement à la commissure des lèvres ». Il s’agissait du gendarme Le Fay, dont on aperçoit les moustaches à l’extrême gauche de la photographie.
Cette photo a conforté les 4000 personnes, venues, de façon intersyndicale, soutenir Alain Hébert .
Ecrit le 29 janvier 2003 :
Serge Adry
Deux autres dossiers, locaux ceux-là , concernent la répression syndicale.
Le 21 février prochain, Serge ADRY, responsable de l’Union Locale CGT de Châteaubriant sera appelé au Tribunal pour diffamation à propos de l’entreprise Promoplast de Châteaubriant . Dossier moult fois reporté par les avocats de l’entreprise qui n’étaient jamais prêts à plaider ! Comme quoi l’accusation ne doit pas être si flagrante !
Serge Doussin
Le 6 février 2003, aura lieu un procès à Rennes où l’Union départementale CGT, le syndicat des intérimaires CGT, et quatre syndicalistes font appel d’un jugement les condamnant à payer 27 288,51 € soit 179 000,00 F, à la suite de l’affaire SYNERGIE
SYNERGIE, 250 agences en France, est une boite d’intérim dirigée par un certain AUGEREAU, conseiller régional UMP, « homme lige d’une politique de recul social » comme dit la CGT. Ce patron, en mars 1996, proposait de « revoir le code du travail dans le sens d’une déréglementation sociale » et se faisait épingler par Ouest-France des 29 et 30 septembre 2001, pour avoir omis de régler ses cotisations à l’URSSAF : montant de la dette : 4 573 470,50 euros soit 30 000 000,00 F.
Ce patron, aussi, a décrété une « chasse aux sorcières » dans son entreprise en déclarant que Loïc Moyon, délégué syndical, serait interdit de mission, autrement dit d’emploi.
Pour imposer le droit à l’emploi pour ce délégué et plus généralement le respect du droit syndical dans l’entreprise, la CGT a assuré une présence militante dans les locaux du siège social de Synergie à Nantes, du 15 septembre 1999 à 9 h au 16 septembre à 19 h, heure à laquelle des « forces de l’ordre » sont intervenues.
Action illégale, séquestration, condamnation ! C’est contre cette condamnation que la CGT appelle à manifester le 6 février devant la cour d’appel de Rennes.
« Les lois sécuritaires de Sarkozy visent à museler l’ensemble du mouvement social. Leur volonté est de criminaliser l’action syndicale. Le Ministre fait voter ses lois. Les Tribunaux et les Juges, s’ils n’y prennent pas garde, peuvent être les outils de mise en œuvre de la politique répressive » dit la CGT. [On a connu des précédents fâcheux en 1940, voir par exemple le procès de Mendès France].
« L’action syndicale dans ce contexte est le moyen efficace de combattre ces lois sécuritaires et de défendre les droits des salariés, de manifester, de revendiquer, de s’organiser » dit Serge Doussin, secrétaire de l’UD CGT
Le 6 février 2003, départ de Châteaubriant à 12h30 du local CGT - tél 02 40 81 04 82
7 mai 2006 : Pour avoir repris un communiqué CGT,
le collectif Bellaciao est attaqué
par les Chantiers de l’Atlantique


La CGT qui a réalisé ce communiqué est attaquée aussi. _ Demain La Mée ?
Un journal n’a pas le droit de reproduire
un communiqué CGT ?
La liberté d’expression existe-t-elle ?
Ecrit le 1er novembre 2006
Flibusterie - Bellaciao
Vendredi 12 mai 2006 à 14h , le collectif Bellaciao a été convoqué par un juge d’instruction au Tribunal de Grande Instance de Saint Nazaire. L’animateur du collectif, Roberto Ferrario, vient d’être mis en examen pour diffamation.
Son crime : avoir repris un communiqué CGT des Chantiers de l’Atlantique, du 16 septembre 2005, parlant de « Flibusterie des Temps modernes » au sujet de 13 sala-
riés polonais de la société KOR-PA, basée à SZCZECIN (Pologne) en grève totale pour revendiquer le respect de leurs droits
Les « Chantiers Navals de St Nazaire » ne contestent pas les faits mais seulement le langage utilisé dans le communiqué de l’USM-CGT !
Ainsi, un ministre peut utiliser les mots « racaille » et « voyou ».
Mais un syndicaliste ne peut pas parler d’esclavage moderne et de flibusterie ?
Est-il encore possible de s’exprimer au « Pays des Droits de l’Homme » ?
Un média libre n’aurait plus le droit
de relayer l’information du mouvement social ? Sauf à le faire de façon
bien édulcorée, bien gentille ?
La Mée soutient, évidemment, le collectif Bellaciao et, plus globalement, tous ceux qui sont victimes d’atteintes à la liberté d’expression. http://bellaciao.org/fr/article.php3?id_article=27392
Ecrit le 6 décembre 2006
Reporters sans frontières condamne les poursuites intentées contre le site Bellaciao
Suite à une plainte en diffamation déposée par les Chantiers de l’Atlantique, Mme Bironneau, juge d’instruction auprès du tribunal de grande instance de Saint Nazaire, a mis en examen le responsable du site Bellaciao ( http://bellaciao.org ). Ce dernier est accusé d’avoir publié un communiqué de la CGT intitulé « La flibusterie des temps modernes », qui défendait notamment des salariés polonais de l’entreprise qualifiés d’« esclaves modernes » en accusant les Chantiers de se livrer à du « banditisme patronal » et de perpétrer des « actes mafieux ».
« Une telle procédure, coûteuse pour un individu, pourrait conduire à la fermeture du site, ce qui serait inacceptable. Nous appelons les plaignants à abandonner leurs poursuites, et, à défaut, nous demandons à la justice de les débouter de leur plainte », a déclaré Reporters sans frontières.
Bellaciao est un site d’information participatif mis à jour par des militants de la gauche alternative.