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Ecrit le 16 avril 2008
L’arnaque des agro carburants
Selon Marianne.fr du 28/03 : Il était une fois un monde merveilleux où les agriculteurs reconvertis en pompistes remplissaient les voitures d’un liquide vert et poisseux leur permettant de rouler silencieusement en émettant une fumée jaune, inodore et surtout inoffensive pour l’environnement « Fairy tale » (conte de fées, en anglais), a tonné, en substance, le Premier ministre britannique, Gordon Brown. S’appuyant sur les conclusions des experts du ministère de l’Environnement, Gordon Brown a demandé que les objectifs européens en matière d’agro- carburants soient suspendus à des expertises scientifiques sur leur réel impact environnemental. A quelques semaines de la présidence française de l’Union Européenne, dont les priorités sont l’énergie et la lutte contre le réchauffement climatique, voilà une critique qui tombe mal. D’autant qu’elle risque d’être très suivie.
Agriculture, carburant, indépendance énergétique Des mots magiques
Dans le cadre du sixième programme d’action pour l’environnement de l’Union Européenne lancé en 2001, des objectifs agro-carburants avaient été fixés : les États membres devraient intégrer 5,57 % de carburant d’origine végétale dans l’essence en 2010, puis 10% en 2020. Ces quotas sont justement ceux que Gordon Brown souhaite remettre en cause.
Sur le papier, l’agro-carburant ressemble à l’affaire du siècle : produire un combustible pour les transports à partir de productions agricoles locales. Relance de l’agriculture et indépendance énergétique, que demande le peuple !
"C’est le profil type de la fausse bonne idée, résume Jérôme Frignet, responsable des questions des agro-carburants et des forêts chez Greenpeace France. L’un des principaux problèmes est que les gouvernements misent sur des carburants dits de deuxième génération, pas disponibles en France à échelle industrielle avant 2015 au mieux !
Pour tenir les objectifs européens, on devra donc s’appuyer sur la production actuelle qui est très peu satisfaisante d’un point de vue énergétique. De toute manière, même avec ces technologies, les biocarburants doivent rester un appoint marginal aux autres énergies renouvelables."
Le dilemme : pétrole contre nourriture
Deux principaux problèmes entachent la réputation des agro-carburants : les rejets de carbone nécessaire à leur fabrication et le rendement énergétique par hectare cultivé. Les plantes actuellement utilisées offrent de ces deux points de vue des bilans médiocres. L’éthanol (produit en Europe et aux États-Unis à partir de maïs, blé et betterave) exige ainsi presque un litre de pétrole pour produire un litre d’agro-carburant !
Le diester (dérivé du colza et du tournesol) utilise beaucoup moins de pétrole, mais nécessite des surfaces de culture délirantes : en France, 60% des terres à colza sont consacrées aux agro-carburants, pour une production anecdotique.
Les exemples étrangers à grande échelle ne sont guère plus encourageants : aux États-Unis où la production d’éthanol augmente de 20% par an depuis 2001, l’importation massive de maïs (dont l’éthanol est dérivé) du Mexique a fait grimper son prix de 16% en 2006, rendant hors de prix un bien alimentaire de base en Amérique latine. Si on ajoute à cela les étés pourris qui ruinent les récoltes en zone tempérée et une augmentation de la population mondiale faisant gonfler la demande alimentaire, on voit bien vite que miser durablement sur les agro-carburants pourrait amener à un choix drastique entre la bagnole et la tambouille.
Quand Sarkozy tombe dans son propre piège énergétique
Ces constatations, auxquelles s’ajoutent des études universitaires édifiantes sur les agro-carburants, ont ainsi récemment amené la communauté scientifique à prendre ses distances avec cette soi-disant solution miracle. Le président slovène à la tête de l’UE ainsi que les autorités allemandes ont émis des doutes qui n’ont pas encore effleuré la France ! Selon Greenpeace, le bilan d’étape du Grenelle de l’environnement sur les agro-carburants n’a pas montré la moindre inquiétude.
De fait, l’énergie vue de l’Élysée, c’est surtout deux tours qui fument avec un gros logo Areva dessus. La « grande orientation politique énergétique » de la présidence française n’a qu’un seul objectif : promouvoir le nucléaire comme l’alternative première au pétrole et, au passage, mettre dans les starting-blocks les entreprises nationales pour la conquête de l’Union Européenne.
Les agro-carburants ? A leur sujet, Sarkozy pourrait emprunter les mots de Jacques Chirac : « Ça m’en touche une sans faire bouger l’autre ».
Ndlr : et dire que la FNSEA se veut écolo !
Ecrit le 9 juillet 2008
Bio-Carburants : + 75 %
Manger ou rouler, faut choisir !
Selon une étude de la Banque Mondiale publiée par le journal The Guardian (1), la production de biocarburants a déstabilisé les marchés de produits alimentaires de trois façons.
1. Tout d’abord, elle a détourné des céréales de l’usage alimentaire, avec plus d’un tiers du maïs poussant aux États-Unis qui est maintenant utilisé pour produire de l’éthanol et près de la moitié des huiles végétales dans l’UE destinées à la production de biodiesel.
2. Deuxièmement, les agriculteurs ont été encouragés à réserver des terres pour la production de biocarburants.
3. En troisième lieu, cela a suscité une spéculation financière sur les céréales, augmentant encore les cours (les bio-carburants sont responsables de 75 % de la hausse des prix).
Le rapport souligne que les biocarburants dérivés de la canne à sucre, dans lesquels s’est spécialisé dans le Brésil, n’ont pas eu un tel impact. « Il est clair que certains biocarburants ont d’énormes répercussions sur les prix des produits alimentaires », a déclaré, le 3 juillet, le Dr David King, ancien conseiller scientifique en chef du gouvernement anglais.
« En les soutenant, nous subventionnons l’augmentation du prix des produits alimentaires, tandis que ne nous faisons rien pour lutter contre le changement climatique. »
(1) Source : http://www.guardian.co.uk/environment/2008/jul/03/biofuels.renewableenergy
Ecrit le 9 juillet 2008
Ils sont demeurés, ces hindous !
Selon Le Monde du 6 juillet, les agriculteurs du Rajasthan abandonnent leur tracteur pour le chameau ! Car le carburant coûte trop cher, il faut aller l’acheter à 25 km de la ferme tandis que le chameau « peut charger jusqu’Ã 250 kg de marchandises, avance à une vitesse moyenne de 30 km/h, ne tombe jamais en panne et, surtout, ne consomme pas d’essence ». Il ne consomme que de l’eau et des feuilles d’arbustes. Une énergie verte, en somme !
L’animal n’est pas encore devenu un signe extérieur de richesse, mais cela ne saurait tarder. Il est devenu rare, et son prix ne cesse d’augmenter. d’autant plus qu’il est capable de passer des dunes de sable au bitume sans sourciller. « Il sait gérer la circulation tout en restant serein. On le conduit comme une voiture. Un coup à droite pour accélérer, et un coup à gauche pour freiner » disent les paysans. L’immatriculation des chameaux est devenue une précaution d’usage depuis que les vols se sont répandus.
Les vieux tracteurs ne servent plus qu’Ã écouter des chansons d’amour au moment de la sieste ! Ils sont fous ces paysans.
NOTES:
(1) Source : http://www.guardian.co.uk/environment/2008/jul/03/biofuels.renewableenergy