Accueil > Thèmes généraux > Energie > Habitat-Construction : une école HQe à 10 000 briques (de terre crue)
Ecrit le 10 septembre 2008
Une école à 10 000 briques
HQE : Haute qualité environnementale. Le concept est issu du Sommet de la Terre à Rio réunissant, en 1992, 164 nations sur le développement durable. Celui-ci s’appuie sur 3 principes essentiels : efficacité économique, prudence environnementale et équité sociale. démarche novatrice. démarche nécessaire alors que nous sommes en période de renchérissement et même de disparition du pétrole !
Dans la région de Châteaubriant, le cabinet d’architectes, l’atelier (Loic Daubas et Bruno Belenfant), installé depuis 11 ans à Nozay, s’est fait une spécialité de cette démarche avec des réalisations dans des secteursvariés : écoles, logements, rénovation, bâtiments culturels et équipements sportifs. On peut aller voir par exemple l’école de Beslé sur Vilaine, le bâtiment Biolait à Saffré, les gîtes de La Garlais (Derval) et de Sainte Marie (Treffieux), le lotissement « Le Foy » de Derval, etc
La haute qualité environnementale d’un bâtiment est son aptitude à satisfaire trois exigences complémentaires :
– Maîtriser les impacts du bâtiment sur l’environnement extérieur. Par exemple, limiter la production de déchets et favoriser les produits fabriqués à proximité pour limiter les coûts de transport et la pollution des camions.
– Créer un environnement confortable et sain pour ses utilisateurs
– préserver les ressources naturelles en optimisant leur usage. Par exemple, recycler les eaux de pluie ainsi que les eaux dites grises (eaux de lavage, de douche) pour les WC, utiliser l’énergie solaire passive.
Concrètement, voici le cas de l’école de La Chevallerais. « Les élus étaient motivés par la démarche HQE. Avec eux, nous sommes allés au delà de leurs envies dans quatre domaines : éco-construction, éco-gestion, confort et santé ». Ce n’est pas du gadget, c’est l’aboutissement d’une réflexion. En voici quelques exemples.
Briques de terre crue
A La Chevallerais, pour réaliser l’école, il a fallu faire des fondations. Comme partout. « Nous avons fait analyser cette terre, elle s’est révélée très bonne pour faire des briques. Nous avons alors pris contact avec le chantier d’insertion Aire (Blain) et nous avons ainsi pu fournir du travail à 8 personnes pendant 4 mois : 10 000 briques de terre crue ! Bilan carbone (émission de CO²) : génial ! Car nous n’avons rien cuit, rien transporté. La brique de terre crue, utilisée après deux mois de séchage, a une bonne inertie par rapport au vent et à la chaleur. On retrouve alors le confort des maisons d’antan : longues à chauffer l’été, longues à se refroidir l’hiver ».
Les briques de terre crue, d’une épaisseur de 30 cm, seront utilisées pour la fabrication des murs intérieurs de séparation des classes. Bonne isolation phonique et capacité à réguler l’humidité.
Forêt gérée
Pour le bardage bois de l’extérieur, l’atelier choisit du Pin Douglas, sans traitement, issu de forêts gérées. « Nous refusons le bois exotique. Nous préférons le chêne pour les charpentes, le frêne pour les escaliers. Du bois résistant aux insectes, aux champignons, à l’humidité ».
Pour le chauffage, il a été choisi une chaudière à bois déchiqueté, utilisant le bois d’élagage de la région. « Les élus se sont aperçu qu’ils auraient largement le combustible nécessaire. De plus, ils ont planté des arbres le long du Canal de Nantes à Brest, ménageant ainsi, pour l’avenir, l’agrément touristique et la ressource en bois ».
Bien entendu le bâtiment sera doté de panneaux photovoltaïques pour la production d’électricité.
l’aspect pédagogique n’est pas absent : les enfants ont vu la fabrication des briques et la « première brique » du bâtiment contient leurs messages pour les générations futures. Ils seront sensibilisés à la défense de l’environnement. Des compteurs particuliers leur permettront d’évaluer l’énergie consommée et l’énergie produite.
Eco-gestion
La démarche HQE maîtrise l’origine des matériaux, la fabrication, l’utilisation et le recyclage ultérieur.
L’éco-gestion s’intéresse à la gestion de l’énergie. « Nous avons réalisé une simulation thermique-dynamique des salles de classe, pour que, en toute circonstance, la température n’y dépasse pas 26°. Cela nous conduit à adapter au mieux l’isolation, la dimension des fenêtres, la pose de brise-soleil ». Ont été pris en compte aussi l’économie de l’eau, la gestion des déchets, et la facilité d’entretien et de nettoyage ultérieur du bâtiment
Il a fallu également étudier la qualité de l’air, le confort visuel, et les odeurs. « c’est pourquoi nous n’utilisons pas de PVC (composé de chlore à 57 %), nous préférons le bois ou l’aluminium ».
L’économie d’eau peut être réalisée en récupérant les eaux pluviales et en réduisant la consommation d’eau potable.
c’est une réflexion de tous les instants, sans a-priori . « Il faut choisir des matérieux sains dégageant le moins possible de polluants issus par exemple des colles et des peintures » dit Loïc Daubas.
L’école de La Chevallerais est projet lauréat des Trophées de l’Eco-construction 2007. Et tout ça, bien entendu, à des prix comparables à ceux de la construction ordinaire ! (bâtiment terminé en décembre 2008, quatre classes, bibliothèque, salle de motricité ouverte sur le quartier, surface 750 m2, coût 1660 € HT /m2)
l’atelier, 7 rue St Jean à Nozay
02 40 79 49 49
Le bâtiment Biolait à Saffré, produit plus d’énergie qu’il n’en consomme, grâce à 170 m2 de panneaux photovoltaïques
Des murs en roseau et terre crue, à Bouguenais : voir la vidéo