Ecrit le 14 avril 2010
La pénurie de pétrole sauvera nos petits enfants
c’est une bonne nouvelle qu’a annoncé le géologue Adolphe NICOLAS : le pétrole va manquer, le gaz aussi, de même que le charbon. La pénurie provoquera une grave crise économique, qui, en réduisant la production de gaz à effet de serre, permettra à nos petits enfants de trouver sur Terre une atmosphère respirable leur permettant de vivre.
Pour lui, il y a trois facteurs déterminants pour le futur de la planète Terre : le climat, la surpopulation, l’énergie. Mais tout est lié.
« Les sources d’énergie vont manquer bientôt », explique-t-il :
– Le pic de production du pétrole est dépassé
– Le pic de production du gaz sera atteint en 2020
– Le pic de production du charbon sera atteint vers 2050.
Et quand le pic est atteint, il n’y a pas d’autre solution que de redescendre ! « Or l’énergie est au centre de tout » explique Adolphe Nicolas en présentant deux courbes montrant, selon lui, que le pétrole a conduit à une augmentation de la population. Et quelle augmentation :
– 1950 : 3 milliards d’humains
– 2010 : 6,7 milliards !
La population a doublé en 50 ans. « Le pétrole et le gaz ont fourni l’énergie nécessaire ». Adolphe Nicolas prend l’exemple de la « Révolution verte » en Inde : des pays considérés comme structurellement déficitaires, sont quasiment devenus autosuffisants en l’espace de quelques décennies, grâce à une augmentation des rendements par le biais de semences sélectionnées, et par un changement du mode de production : drainage, fertilisation minérale, traitement chimique. La mécanisation a été rendue possible par une énergie à bon marché. La famine a cessé de tuer en masse. La population s’est accrue. « La révolution verte, c’est le pétrole. Elle a permis de nourrir la population » a-t-il dit.
Nourrir les populations, c’est bien, on peut cependant se poser des questions sur la qualité de cette nourriture, et sur les maladies que cela entraîne. Ce qui est certain : l’accroissement de la population exige une plus forte consommation d’énergie. Cette consommation produit des effets indésirables : production de gaz carbonique et de vapeur d’eau, expliquant le réchauffement climatique.
Si la hausse de température atteint les 8°C sur la Terre, il n’y aura plus, pour les humains, de possibilité de vie.
Il y a donc une course sans fin entre la population, la consommation en énergie, la pollution, le réchauffement. « Le défi est difficile, notre société est touchée au cœur » dit le conférencier. « Avec la pénurie qui s’annonce, il va falloir faire des sacrifices »
Le pétrole est une substance extraordinaire : bon marché, d’un usage flexible, avec d’énormes produits dérivés (les plastiques, nylon, écrans LCD et autres). c’est le plus concentré des combustibles. Le bois est une source d’énergie, concentrée par la nature. Le pétrole est le bois peuvent se stocker. Le gaz et le charbon aussi.
A côté, on trouve les énergies renouvelables (soleil, vent) : elles sont diffuses, donc peu rentables, car il faut beaucoup d’énergie et d’espace pour les concentrer. On ne peut pas stocker durablement l’électricité. « Les énergies renouvelables sont des énergies de proximité. Elles ont leur utilité pour une utilisation immédiate, par exemple pour le chauffage ».
Le sang de nos sociétés
« On trouve de moins en moins de pétrole, et on en consomme plus qu’on en découvre » dit A.Nicolas « Les économistes, eux, sont optimistes car ils pensent qu’on pourrait faire de plus grands travaux. Mais les compagnies pétrolières elles-mêmes sont inquiètes, elles savent qu’il faut forer de plus en plus profond pour extraire de moins en moins de pétrole ». En conséquence, les prix augmentent. Il nous faudra nous passer de pétrole. Difficile car « le pétrole est le sang de nos sociétés. La crise du pétrole sera comparable à une crise de sevrage ». Avec une triple conséquence :
– Une crise alimentaire : fin de la révolution verte ! Actuellement il faut 10 calories de pétrole (engrais, pesticides, élevage, transformation, transport, emballages) pour produire une calorie alimentaire. Qui s’étonne aujourd’hui de manger des fraises et des tomates à Noë l, des pommes de Nouvelle-Zélande, des haricots du Kenya ? Pour un bifteck de 150g, produit localement, il faut un litre de pétrole !
– Une crise financière mondiale : la moitié de la croissance mondiale est portée par le pétrole. La fin de celui-ci provoquera la fin de la mondialisation, la fin des mouvements des voitures individuelles.
– Une crise sociétale : on en reviendra aux petites communautés autarciques. Aux USA ce sera la fin du modèle « suburbia » qui voit des banlieues résidentielles s’établir à 50 km du centre ville. Quand il n’y aura plus de pétrole, ces quartiers seront désertés.
Est-il encore temps ?
Irons-nous vers un choc frontal ou vers une crise amortie ? La pénurie du pétrole sera suivie par la pénurie du gaz, vingt ans plus tard. Bien sûron met des espoirs dans de nouvelles techniques, comme celle des schistes bitumineux on ne sait pas encore si ce sera une réalité ou un mirage. On a longtemps espéré du côté des bio-carburants. On connaît maintenant les catastrophes qu’ils entraînent sur l’alimentation des pays.
Alors, le charbon ? Le pic de production est proche : 2050. On sait aussi qu’il faut injecter beaucoup d’argent pour éviter que la combustion du charbon accélère la production du gaz carbonique, redoutable gaz à effet de serre.
Quant aux ressources du sous-sol (l’uranium par exemple), outre les dangers des déchets radio-actifs, on va en manquer car il faut beaucoup d’énergie pour assurer l’extraction.
« L’entente politique mondiale étant problématique, l’humanité sera-t-elle sauvée par la pénurie de charbon ? » : A. Nicolas explique que les calculs de réchauffement réalisés par les experts sont basés sur les prévisions des économistes qui, eux, pensent qu’il est toujours possible de produire plus et consommer plus. Mais la crise change beaucoup de choses.
Pour réduire le réchauffement climatique, il faudra réduire de 50 % nos émissions de gaz carbonique (CO2). Or, du fait de la crise, pendant la seule année 2009, les émissions de CO2 des installations industrielles ont reculé de 11,2% par rapport à 2008. La demande en électricité a baissé de 5 % à 6 % l’an dernier, mais les émissions générées par la production d’électricité ont accusé un recul supérieur de 9 %, ce qui reflète le transfert d’une partie de la production vers l’éolien et le gaz naturel, faible émetteur de CO2.
Ceci fait dire à A.Nicolas que la crise économique, générée par la raréfaction du pétrole, permettra à la Terre de bénéficier d’une atmosphère respirable. c’est une bonne nouvelle. Mis à part le fait que la crise économique aura des conséquences sociales redoutables !