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Ecrit le 25 juin 2014
28 mai 2014
Dominique Henry, institutrice et paysanne en retraite, s’est rendue le 28 mai sur le chantier de l’Usine des 1000 vaches. « Nous sommes une soixantaine motivés à nous approcher des immenses bâti- ments. démonter, dévisser, déboulonner, ne rien casser bien sûr ». Elle est arrêtée par les ’’forces de l’ordre’’. 9H30 Interrogatoire, une seule réponse : le silence ! 12h . Je demande si j’ai le droit de manger, ce n’est visiblement pas prévu, j’ai quand même droit à une barquette réchauffée d’une bouillie indéfinissable. Pour les toilettes je suis accompagnée, porte ouverte , super !
13h . Transfert à Abbeville à un train d’enfer avec trois gendarmes. L’interro- gatoire recommence. On me dit que si je ne dis rien la garde à vue va durer. Je commence à comprendre que je dois m’armer de patience . 18h . On m’emmène à une confrontation avec un ouvrier du site qui a photographié quatre personnes en action. c’est comme ça qu’ils m’ont choisie.
19h30 . Convocation devant le substitut du procureur qui me reproche dégradation et vol en réunion. On me transfère à Hallencourt pour la nuit. On m’ouvre la porte d’un « cachot » (comment appeler ça autrement ?) où je réalise que je vais devoir passer la nuit. Un sommier en béton, un « matelas » en plastique de 5 cm d’épaisseur, des couvertures de l’armée, un trou au fond pour les besoins (sans chasse d’eau). On me retire toutes mes affaires. Quand la lourde porte se referme sur moi (combien de verrous ? quatre au moins) je suis sous le choc . Je ressens une telle inhumanité. J’aime écrire, lire, mais on ne me laisse rien. Je suis face à quatre murs sales et à un trou. Je pleure un bon coup puis je m’organise pour gérer mon temps. Je réussis à dormir. Le lendemain matin je demande à faire ma toilette ; ce n’est visiblement pas prévu non plus, on me trouve deux lingettes minuscules . Pas d’eau .
Jeudi 29 mai 9h . Retransfert à Abbeville . Je comprends que la garde à vue est prolongée de 24h. Je suis blasée. Mais les manifestants sont là , je les entends, ça fait vraiment chaud au cœur. Je vois sur les journaux laissés sur le bureau que le porte-parole de la Conf a été arrêté en revenant pour nous soutenir .(J’apprendrai plus tard comment il a été plaqué au sol par les gardes du corps de M. Le Foll et la violence de son arrestation ). Puis c’est la douche froide : ils parlent de me remettre en cellule d’isolement. Le retour en cellule est une horreur . Je sais que ça ne durera pas, que ce n’est rien comparé à d’autres. Ma tête raisonne mais les larmes coulent toutes seules Je réussis à gérer. Je m’endors mais un abruti me réveille en pleine nuit pour savoir si je vis toujours.
Vendredi 30 mai. Transfert à Amiens. départ menottée encadrée de trois gendarmes armés jusqu’aux dents avec gilets pare-balles. Convoi, sirènes hurlantes, deux motards ouvrent la route , Que doivent penser les personnes qu’on croise ? Que j’ai commis un infanticide ou découpé mon amant en morceaux ? Arrivée à Amiens je vois mes potes et lève les poignets dans leur direction ; on me tire à une telle allure dans le palais de justice que je manque tomber à terre . Verdict : je suis placée sous contrôle judiciaire jusqu’au procès qui doit avoir lieu le 1er juillet avec interdiction de rencontrer mes ’’complices’’
Ainsi l’objectif est clair :
- - faire passer les cinq personnes inter- pellées pour de dangereux illuminés
- - éviter tout débat démocratique et museler les opposants au projet
- — orienter l’agriculture vers une industria- lisation avec des coûts les plus bas possible. Des campagnes vidées de leurs paysans, sans vaches dans les champs , parsemées de grands bâtiments-usines ! Des scandales sanitaires à répétition, Mais attention : trop de citoyens conscients vivent dans les campagnes pour qu’un tel projet passe.
(extraits du témoignage)
Le témoignage complet :