Ecrit le 2 juillet 2024
Les ingrats
C’est le journal economiematin.fr qui le dit sous la signature de www.danielmoinier.fr .
Effectivement aucun Pr ?sident n ?avait autant chouchout ? ses entrepreneurs. Ceux-ci ont d ? oublier compl ?tement tout ce dont ils ont b ?n ?fici ? depuis 2017.
A commencer sur le plan fiscal, par la baisse de 33% ? 25% du taux d ?imposition sur les soci ?t ?s
Puis la fin de la surtaxe exceptionnelle (moins 16.5 milliards d ?euros)
Baisse des imp ?ts de production (11.1 milliards d ?euros)
Suppression de la CAVE (7.8 milliards d ?euros net d ?effet positif sur l ?IS)
Mont ?e en puissance puis p ?rennisation des exon ?rations du CICE (5,2 milliards)
Au total, c ?est 28 milliards dont les entreprises ont ?t ? exon ?r ?es par ann ?e entre 2017 et 2024
La seule augmentation f ?t celle de l ??nergie et la France n ?en est pas responsable directement.
Les Fran ?ais ne se sont pas aper ?us qu ?entre 2017 et 2023, malgr ? le Covid, les gilets jaunes, l ?inflation, le pouvoir d ?achat a progress ? de 0.5% par ann ?e. Depuis 2020 celui-ci a augment ? deux fois plus vite qu ?en Allemagne et c ?est m ?me pour les 10 ?% des plus pauvres que la hausse a ?t ? la plus ?lev ?e surtout avec la prime Macron.
C ?t ? ?nergie, m ?me si les Fran ?ais ne s ?en sont pas rendu compte, cela fait cinq ann ?es cons ?cutives que la France a le taux le plus bas, v ?rifi ? par le classement Forbes.
M ?me la d ?sindustrialisation d ?marr ?e il y a trente ann ?es semble ?tre vaincue. La France compte 520 usines de plus de 20 salari ?s qu ?en 2016 (sur 16.520). Depuis les lancements de FRANCE 2030, CHOSE France, nous avons fortement avanc ? sur les secteurs d ?avenir ? ; 4 usines factories de batteries ?lectriques ouvertes et en construction ?
Il y a eu aussi un grand chantier ? : La simplification drastique du Code du Travail avec le plus haut point, le plafonnement des indemnit ?s de licenciement et la s ?curisation des embauches.
La simplification du bulletin de paie est en route.
Une premi ?re r ?forme de l ?assurance ch ?mage avait durci les r ?gles pour acc ?l ?rer le retour ? l ?emploi.
De gros efforts ont ?t ? r ?alis ?s en mati ?re d ?apprentissage, ce dernier ?tait le parent pauvre des politiques de l ?emploi. La lib ?ralisation du syst ?me en 2018 avec l ?octroi d ?aides tr ?s importantes y compris ? l ?embauche, ont permis l ?insertion professionnelle de 825.000 nouveaux apprentis en 2023.
L ?am ?lioration de l ?emploi a ?t ? le premier facteur de maintien du pouvoir d ?achat g ?n ?ral.
Le taux de ch ?mage est pass ? de 9,6% ? 7% ? mi 2023 et 7,5% actuellement d ? en partie ? l ?inflation. Plus 2 millions d ?emplois ont ?t ? cr ??s mais la baisse de l ?immobilier a fait remonter le ch ?mage.
Ce qui y a contribu ? aussi, ce sont les baisses massives d ?imp ?ts des m ?nages ? :
Suppression de la taxe d ?habitation sur la r ?sidence principale (18.6 milliards d ?euros)
La r ?forme du bar ?me de l ?imp ?t sur le revenu (5.4 milliards d ?euros)
Suppression de la redevance audiovisuelle (3,2 milliards d ?euros)
La flat taxe sur les revenus du capital (1,8 milliards d ?euros)
R ?int ?gration des hausses de taxes sur le tabac, l ??nergie ? ; ce sont 30 milliards d ?euros de pr ?l ?vements qui auront ?t ? rendus aux Fran ?ais.
70% des entreprises ont ?t ? massivement aid ?es pendant le Covid, voire sauv ?es
Presque toutes ces avantages ont ?t ? en grande partie financ ? par de la dette . Malgr ? cela la cote du Pr ?sident Macron est d ?sastreuse.
Lu dans « La Vie » sous la signature de Henrik Lindell
Le r ?alisme ?conomique
? Le r ?alisme ?conomique a chang ? de camp ? : Des ?conomistes d ?fendent le programme du Nouveau Front populaire
Blocage des prix, smic ? 1 ?600 ?? net, taxe sur les superprofits, ISF, abrogation des r ?formes des retraites et de l ?assurance-ch ?mage, revalorisation des aides au logement ? C ?est peu de dire que ??la proposition macro ?conomique ?? du Nouveau Front populaire (NFP), pr ?sent ?e le 21 ?juin ?2024, inqui ?te les milieux de la finance et le Medef, qui d ?noncent un risque d ?exode des grandes fortunes et des investisseurs.
Des ?conomistes s ?engagent
Mais le NFP, r ?unissant l ?ensemble des grands partis de gauche, persiste et signe pour un programme ?conomique dont il d ?fend au contraire le s ?rieux. ? cet effet, il a publi ? un ??chiffrage ?? (un exercice visant ? montrer que les mesures propos ?es peuvent aussi ?tre financ ?es).
De nombreux ?conomistes, tels Julia Cag ? ou encore Micha ?l Zemmour, non seulement approuvent les mesures et le chiffrage en question mais les promeuvent publiquement, n ?h ?sitant pas ? partager les estrades avec des candidats du NFP.
Le chiffrage ne suffit pas
Mais le chiffrage ?en question, aussi pr ?cis soit-il, ne permet gu ?re de voir l ?effet cumul ? des mesures du programme du NFP. Et si on ?tudie seulement les effets imm ?diats, comme ?l ?augmentation du smic de 14 ?%, sans prendre en compte les aides que le NFP propose aux entreprises pour les aider ? supporter ce co ?t suppl ?mentaire, on peut ?conclure ? des risques macro ?conomiques graves.
C ?est ce que fait l ?Institut Montaigne, think tank lib ?ral, qui a ?tudi ? certaines mesures du NFP. ??Une augmentation (du smic, ndlr) pourrait en effet conduire ? une hausse g ?n ?rale du co ?t du travail et d ?grader durablement la comp ?titivit ? des entreprises ??, ?crit-il sur son site.
Un cercle vertueux
Mais le programme ?du NFP ne se distingue pas seulement par une s ?rie de mesures ??radicales ?? ? outre l ?augmentation imm ?diate du smic ? mais aussi par leur interd ?pendance, et ce afin de d ?clencher un ??cercle vertueux ??. Le programme se fonde notamment sur une logique de relance de l ?activit ? ?conomique, selon les principes du keyn ?sianisme.
D ?s 2025, la gauche pr ?voit ainsi des investissements publics massifs ??pour l ??galit ? et la justice ?? et des mesures allant dans le sens de la ??bifurcation ?cologique ??, qui devraient permettre ?d ?s 2026 ?des transformations pour ??changer la vie ?? (meilleur acc ?s aux services publics pour la totalit ? des citoyens, d ?veloppement du transport ferroviaire, soutien ? la fili ?re du bio, ?etc.).
??Une rupture r ?aliste ??
Pour mieux ?tudier les effets du programme propos ?, l ?Institut Rousseau, laboratoire d ?id ?es ind ?pendant, proche de la gauche, a, lui, r ?alis ? une ??simulation num ?rique ?? qui prend en compte le ??bouclage macro ?conomique ??.?En clair, il s ?agit de mesurer les cons ?quences d ?une grande partie du programme sur le d ?ficit public, la production, le ch ?mage, l ?inflation, ?etc., jusqu ?en 2030.
Intitul ? ??Une rupture r ?aliste ?? et publi ? le 27 ?juin ?2024, le document tend ? montrer les ?effets nettement positifs du programme du NFP sur l ?ensemble des variables ?conomiques de l ??conomie fran ?aise (PIB, dette ?), ? l ?exception notable de la balance commerciale, qui serait ??l ?g ?rement d ?grad ?e ??.
- Taux de ch ?mage au-dessous de 4 ?% en 2030,
- inflation ?proche des 2 ?%
- et un d ?ficit public qui se situerait ? 3,5 ?% (contre 5,5 ?% aujourd ?hui) ?
- Quant ? la productivit ?, elle augmenterait, selon l ?institut Rousseau, gr ?ce notamment au passage aux ?32 ?heures hebdomadaires.?
Au regard des effets sur l ?ensemble de ces indicateurs (hors balance commerciale), le NFP ferait nettement mieux que le ??sc ?nario de r ?f ?rence ??, ? savoir le prolongement des tendances observ ?es ces derni ?res ann ?es sous Emmanuel Macron.
Cette note contredit ?ceux qui crient au risque d ?une ??catastrophe ?conomique ??, comme Olivier Blanchard, ancien chef ?conomiste du FMI et comme une grande partie des observateurs lib ?raux, dont ceux de l ?Institut Montaigne.
Besoins massifs de nouveaux emplois
La note, qui a ?t ? r ?alis ?e par une trentaine de sp ?cialistes sous la coordination de l ??conomiste Ga ?l Giraud, prend particuli ?rement en compte les besoins d ?emplois dans le cadre de la d ?carbonation du pays. Au total, quelque 260 ?000 emplois devraient ?tre cr ??s dans le secteur priv ? au cours des cinq prochaines ann ?es.
Dans le secteur public, face aux besoins immenses dans le secteur de la sant ?, de l ??ducation et de la justice, l ?Institut Rousseau table sur la cr ?ation de ??235 ?450 postes de fonctionnaires ou assimil ?s d ?ici 2029 ??.
C ?t ? recettes, la note approuve les augmentations d ?imp ?ts pour les 10 ?% les plus riches (qui gagnent plus de 4 ?000 ?? par mois). Mais l ?Institut Rousseau estime que le NFP pourrait aussi pr ?voir d ?autres m ?canismes de financement ??innovants ??, ??sans matraquage fiscal ?? avec un taux d ?imposition de ??50 ?% maximum ??, qui limiteraient l ?augmentation pr ?vue de l ?imp ?t sur le revenu.
Un travail pionnier
Les ?conomistes qui ont ?mis des avis favorables sur le programme du NFP soulignent que celui-ci est le seul ? avoir ??t ? soumis ? un tel travail d ?analyse. Ils estiment que le programme des partis regroup ?s dans Ensemble pour la R ?publique, notamment autour du parti pr ?sidentiel Renaissance, est suffisamment connu quant ? ses effets, dont beaucoup ne semblent gu ?re probants, si on prend en compte le niveau actuel ?record du d ?ficit et de la dette.
Quant au programme ?conomique du RN, il est trop flou pour ?tre soumis ? un quelconque chiffrage. ? l ?Institut Rousseau, on souligne ?que ??c ?est la premi ?re fois en France qu ?une mod ?lisation macro ?conomique est faite par une ?quipe de scientifiques pour tester un programme d ?un parti politique ??, comme le r ?sume un des auteurs de la note.
??Si notre avis est favorable, explique ce dernier, cela ne signifie pas que nous appelons ? voter pour le NFP, mais qu ?il s ?agit de notre ?valuation scientifique en tant qu ??conomistes. Les rumeurs r ?pandues dans certains m ?dias selon lesquelles ce programme conduirait ? une catastrophe sont fausses. Le r ?alisme ?conomique a chang ? de camp.??
Lu dans france24.com
Comment Bollor ? et son empire m ?diatique ont port ? l’extr ?me droite aux portes du pouvoir
« Eric Ciotti a ?cout ? ses militants, ?a arrive parfois pour un chef politique », a estim ? Pascal Praud, l’un des pr ?sentateurs vedettes de CNews, la cha ?ne phare du magnat. Il a ainsi raill ? les « chefs ? plumes » de LR qui condamnent toute alliance avec le RN : « Une droite d ?connect ?e du terrain, sans id ?e et sans avenir, qui d ?cid ?ment ne comprend rien ? rien, et surtout pas ses ?lecteurs. »
Sur Europe 1, la radio de Vincent Bollor ?, le directeur du Figaro, Alexis Br ?zet, a quant ? lui d ?nonc ? « le d ?chainement invraisemblable des anti-Ciotti », se moquant du r ?cent bilan ?lectoral des « vieux barons » de la droite. Soit Les R ?publicains s’allient au Rassemblement national, a-t-il r ?sum ?, soit ils sont condamn ?s ? dispara ?tre.
Avant les l ?gislatives du 30 juin, Europe 1 a aussi re ?u l’ordre de m ?diatiser un autre des pr ?sentateurs vedette de Bollor ?, Cyril Hanouna. La star de C8 a activement promu une alliance ?largie des partis de droite dans sa tr ?s populaire ?mission « Touche pas ? mon poste ».
L’alliance RN-LR, une victoire personnelle
Nouvellement ?lue d ?put ?e europ ?enne, Sarah Knafo est la compagne du fondateur de Reconqu ?te, ?ric Zemmour, lui-m ?me ancien chroniqueur de CNews. Sa candidature ? la pr ?sidentielle de 2022 avait b ?n ?fici ? d’un large soutien dans les m ?dias de Bollor ?. Malgr ? l’ ?chec de sa tentative pr ?sidentielle, l’exposition m ?diatique d’ ?ric Zemmour a permis aux sujets de pr ?dilection de l’extr ?me droite ? immigration, criminalit ?, menace per ?ue de l’Islam ? de dominer la conversation politique. Son discours a, en outre, contribu ? ? brouiller la fronti ?re entre la droite « traditionnelle » et l’extr ?me droite. De quoi offrir un terrain fertile ? « l’union des droites », projet cher ? Vincent Bollor ?.
Unifier la droite fran ?aise et la porter au pouvoir a toujours ?t ? son objectif principal, selon Alexis L ?vrier, historien des m ?dias ? l’Universit ? de Reims Champagne-Ardenne. Un tel dessein implique de faire tomber les barri ?res qui ont longtemps s ?par ? la droite classique de l’extr ?me droite en trouvant « des hommes liges, comme ?ric Ciotti », capables d’ ?tablir des passerelles, poursuit-il.
Quoique contest ?e par quasiment tous les poids lourds des R ?publicains, l ?alliance Ciotti-Le Pen pourrait bien porter ses fruits, puisque le Rassemblement National, soutenu par Eric Ciotti et une poign ?e de ses partisans, est arriv ? en t ?te du premier tour des l ?gislatives. Il pourrait m ?me ?ventuellement d ?crocher la majorit ? absolue des si ?ges ? l’Assembl ?e nationale.
Ce sc ?nario-l ? conduirait ? la formation du premier gouvernement d’extr ?me droite en France depuis le r ?gime de Vichy et la cons ?cration du parti d’extr ?me droite, cofond ? par le p ?re de Marine Le Pen, Jean-Marie ? condamn ? pour apologie de crime de guerre, puis pour antis ?mitisme ? ainsi que par d’anciens Waffen-SS.
« On sait pourtant que Vincent Bollor ? a une m ?fiance ? l ??gard de Marine Le Pen, ce qui explique qu’il n’ait pas fait sa campagne en 2022, en raison du nom Le Pen et du programme ? l’ ?poque, qui ?tait trop social ? ses yeux », note Alexis L ?vrier.
Mais avec Jordan Bardella, d ?sign ? comme Premier ministre potentiel par Marine Le Pen, le Rassemblement national a trouv ? un candidat que Vincent Bollor ? peut soutenir, analyse l ?historien. De fait, la victoire de ce RN serait « sa victoire, ce pour quoi il a fond ? son empire m ?diatique », explique Alexis L ?vrier.
Le « Bernard-l’hermite » des m ?dias
Catholique, profond ?ment conservateur, Vincent Bollor ? s’est impos ? comme le « pr ?dateur financier » le plus prosp ?re de France : l ?empire qu ?il a b ?ti dans les secteurs du transport, des m ?dias et de la publicit ? s’ ?tend de l’Europe et l’Afrique.
Au cours de la derni ?re d ?cennie, il a progressivement ?tendu ses actifs m ?diatiques en France pour y inclure des cha ?nes de t ?l ?vision, des stations de radio, des magazines de premier plan, le premier ?diteur du pays (Hachette), ou encore l ?omnipr ?sente enseigne de vente de journaux Relay. Autre acquisition r ?cente : le Journal du Dimanche, ou JDD, dont une grande partie des journalistes a quitt ? la r ?daction ? la suite de ce changement de propri ?taire.
Souvent douloureux, ces rachats suivent une strat ?gie bien rod ?e, explique Alexandra Colineau, enseignante ? Sciences-Po et membre de l’association de d ?fense des m ?dias « Un Bout des M ?dias ».
« On l’a vu avec iT ?l ?, avec le JDD, avec Europe 1 : la strat ?gie consiste ? acheter des m ?dias et de les vider de ce qu’ils sont historiquement pour s’installer dedans, comme un bernard-l’hermite se met dans une coquille vide » , explique-t-elle. La cr ?dibilit ? pr ?c ?demment acquise par « la coquille » est ensuite exploit ?e pour promouvoir un agenda radicalement diff ?rent.
Avec l ?acquisition de la cha ?ne d’information iT ?l ?, propri ?t ? du groupe Canal+, le magnat breton a provoqu ? en 2016 une gr ?ve record de 31 jours. Il a ensuite licenci ? l ?essentiel du personnel et transform ? la cha ?ne en une plateforme conservatrice surnomm ?e la « Fox News fran ?aise », en r ?f ?rence ? la cha ?ne pro-Trump am ?ricaine.
Cha ?ne d’information la plus suivie de France pour le deuxi ?me mois d’affil ?, Cnews est plus justement d ?crite par ses d ?tracteurs comme une « cha ?ne d’opinion ».
La prise de contr ?le du JDD, ? l’ ?t ? 2023, avait d ?clench ? une gr ?ve encore plus longue, apr ?s que Bollor ? a annonc ? choisir pour directeur de la r ?daction Geoffroy Lejeune.
Ce dernier ?tait auparavant ? la t ?te de l ?hebdomadaire ultraconservateur Valeurs Actuelles, condamn ? pour incitation ? la haine raciale apr ?s la publication de caricatures repr ?sentant la d ?put ?e Dani ?le Obono (LFI) sous les traits d ?une esclave encha ?n ?e.
L’expansion agressive du milliardaire dans les m ?dias a suscit ? la comparaison avec un autre magnat des m ?dias, Rupert Murdoch. Ses nombreux organes de presse en Australie, au Royaume-Uni et aux ?tats-Unis ont boulevers ? les paysages m ?diatique et politique de ces pays.
Dans un cas comme dans l ?autre, Alexis L ?vrier per ?oit une intention claire de pousser le d ?bat dans une direction ultraconservatrice, en tirant les ficelles en coulisses, loin des projecteurs.
« C ?est ?videmment Murdoch son mod ?le », poursuit l ?historien, qui pointe du doigt des empires tout aussi ?tendus, diversifi ?s, et avec la m ?me volont ? de ne jamais se pr ?senter ? une ?lection, mais de les gagner toutes.
Lors du conflit au JDD l’ann ?e derni ?re, l’historien David Colon, auteur d’un livre sur l’empire m ?diatique de Murdoch, a lui aussi soulign ? des parall ?les entre les deux hommes d’affaires, mettant en lumi ?re l’impact des synergies entre la t ?l ?vision, la radio et la presse ?crite.
« Lorsqu’il s’agit de concentration des m ?dias, le facteur cl ? n’est pas le nombre de titres que vous poss ?dez ou la taille de leur lectorat, mais plut ?t la diversit ? des supports », a-t-il expliqu ?. « C’est cette propri ?t ? crois ?e qui permet de fixer l’agenda et d’influencer rapidement le d ?bat public. »
Dans le cas de Vincent Bollor ?, l’ampleur de ses actifs et leur orientation id ?ologique ont cr ?? une situation sans pr ?c ?dent en France, ajoute Alexis L ?vrier. « Jamais autant d’influence n’a ?t ? concentr ?e dans les mains d’un seul homme », ajoute-t-il. « Et jamais une telle influence n’a ?t ? utilis ?e pour promouvoir un programme aussi extr ?me. »
Cette concentration est rendue possible, selon Alexandra Colineau, par un cadre juridique laxiste qui permet ? des milliardaires comme Bollor ? de concentrer les ressources des m ?dias et de leur dicter leur volont ?. Son association « Un bout des m ?dias » a formul ? une s ?rie de propositions pour garantir que les journalistes aient leur mot ? dire dans la nomination des r ?dacteurs en chef, mais elle d ?plore l’absence de soutien politique.
De nombreux sp ?cialistes d ?plorent ?galement l ?absence de mesures coercitives ? l’encontre des m ?dias de Vincent Bollor ? ? CNews notamment ? en r ?ponse ? leur refus r ?p ?t ? de respecter les r ?gles de diffusion publique.
La « Fox News fran ?aise » s’est ?rig ?e comme la championne du franc-parler, face ? des m ?dias traditionnels suppos ?ment ?touff ?s par le politiquement correct. Ses promoteurs pr ?tendent ainsi servir au public fran ?ais ce ? quoi il aspire. Mais pour ses d ?tracteurs, la cha ?ne a viol ? ? plusieurs reprises l’accord de licence qui s’applique aux cha ?nes d’information en clair du pays, qui exige une couverture m ?diatique ?quilibr ?e.
« CNews ne propose que tr ?s peu d’informations r ?elles et pratiquement pas d’enqu ?tes, qui sont plus co ?teuses ? produire », observe Alexandra Colineau. « C’est avant tout une cha ?ne d’opinion, tr ?s marqu ?e ? droite. »
« Radicalit ? sans pr ?c ?dent »
Depuis 2022, Vincent Bollor ? s’est pr ?sent ? ? deux reprises devant des commissions parlementaires enqu ?tant sur la concentration du paysage m ?diatique fran ?ais. ? chaque fois, d’un ton faussement na ?f, il a minimis ? ses actifs et ni ? toute intention politique.
« Je n ?ai pas le pouvoir de nommer qui que ce soit ? l ?int ?rieur des cha ?nes », a-t-il d ?clar ? ? une commission du S ?nat lorsqu’on l’a interrog ? sur son r ?le dans les nombreux d ?parts qui ont secou ? le groupe Canal+ apr ?s son acquisition en 2015, ajoutant :« Certains journalistes sont partis, d’autres sont revenus. C’est comme la mar ?e, chez moi en Bretagne. »
? elles deux, CNews et sa cha ?ne s ?ur C8, qui diffuse le talk-show de Cyril Hanouna, ont re ?u pas moins de 44 avertissements de la part de l’Arcom, l ?Autorit ? de r ?gulation de la communication audiovisuelle et num ?rique.
? ce jour, elles sont les seules cha ?nes fran ?aises sanctionn ?es. Parmi les accusations figure celle d’incitation ? la haine raciale, justifi ?e par les propos d’Eric Zemmour qui avait qualifi ? les enfants migrants de « voleurs, assassins et violeurs ».
Plus t ?t cette ann ?e, le Conseil d’ ?tat a donn ? ? l’Arcom un d ?lai de six mois pour proposer des mesures plus coercitives afin de garantir que les cha ?nes comme CNews respectent les r ?gles.
« Il y a des signes indiquant que les politiciens et les autorit ?s se r ?veillent enfin face ? la menace pos ?e par les m ?dias de Bollor ? », souligne Alexis L ?vrier, rappelant que la licence de diffusion de CNews doit ?tre renouvel ?e plus tard dans l’ann ?e.
« Je pense que Vincent Bollor ? est conscient qu’un certain nombre de garde-fous pourraient ?tre renforc ?s dans les mois ? venir », ajoute-t-il. « Entre-temps, ses m ?dias ont intensifi ? leur rh ?torique de droite. Ils n’essaient m ?me plus de pr ?tendre que leur couverture est ?quilibr ?e. »
Au cours de cette fr ?n ?tique campagne des l ?gislatives, les chroniqueurs du clan Bollor ? ont intensifi ? leurs attaques contre le Nouveau Front populaire. Certains ont qualifi ? la gauche d’« anti-France » et de « parti des ?trangers », reprenant ainsi la rh ?torique utilis ?e par la droite nationaliste antis ?mite qui a collabor ? avec les nazis pendant la Seconde Guerre mondiale.
Quelques jours apr ?s son lancement, la nouvelle ?mission de Cyril Hanouna sur Europe 1 a d ?j ? ?t ? mise en demeure par l ?Arcom pour sa couverture manifestement biais ?e de la campagne et ses critiques « virulentes » ? l’ ?gard de la gauche.
Guillaume Bigot et Pierre Gentillet, deux ?ditorialistes de Vincent Bollor ? connus pour leurs positions pro-Kremlin, sont all ?s plus loin en se pr ?sentant aux ?lections l ?gislatives sous une banni ?re commune RN-LR.
« M ?me selon les crit ?res des cha ?nes de Bollor ?, la radicalit ? est sans pr ?c ?dent », d ?clare Alexis L ?vrier. « Le camp de Vincent Bollor ? est engag ? dans une course effr ?n ?e contre les contr ?les d ?mocratiques sur les m ?dias », ajoute l ?historien. « S’il remporte cette course, nous pouvons dire adieu ? ces garde-fous. »
Partout, tout le temps
Partout. Tout le temps. Sur toutes les antennes. Dans les journaux. Les m ?mes mots, les m ?mes th ?mes, les m ?mes t ?tes. De CNews ? Europe 1 en passant par Le Journal du dimanche, dans un fascinant mouvement d ?autodigestion, le message est serin ?, ressass ?, r ?p ?t ? : votez RN, votez RN, votez RN. Ce dimanche soir, pour Vincent Bollor ?, c ?est le grand soir, celui qui verra, il l ?esp ?re, acc ?der au pouvoir cette extr ?me droite qu ?il a couv ?e, fait grandir, propuls ?e au firmament. Le r ?sultat d ?ann ?es ? racheter, contr ?ler, vider de l ?int ?rieur, asservir, mettre ? sa botte des m ?dias : Canal+, i-T ?l ?, Europe 1, Paris Match, Le JDD. Ce m ?thodique d ?tournement de t ?l ?s, radio, titres de presse au profit de son id ?ologie par Vincent Bollor ?, la revue « Les Jours » le r ?v ?le depuis huit ans dans ses s ?ries L ?empire et L ?h ?ritier. Ce dimanche soir, ? 20 heures, il verra s ?afficher le score du RN et saura si son pari est gagn ? totalement ou partiellement : il aura tout fait, tout donn ?.
On a d ?j ? essay ?
lu sur france24.com
D’anciens r ?sistants et d ?port ?s appellent ? faire barrage ? l’extr ?me droite
Quatre-vingt ans apr ?s la Lib ?ration, d’anciens r ?sistants et d ?port ?s s’inqui ?tent de la possibilit ? de l’arriv ?e au pouvoir de l’extr ?me droite en France. ? l’approche du deuxi ?me tour des ?lections l ?gislatives, ils invitent les Fran ?ais ? se souvenir des valeurs de la R ?sistance et appellent ? ne pas voter pour le Rassemblement national.
Il y a dix jours, M ?lanie Berger-Volle vivait un intense moment de joie. Cette Franco-Autrichienne ?g ?e de 102 ans a ?t ? choisie par le d ?partement de la Loire pour porter la flamme olympique en raison de son engagement dans la R ?sistance lors de la Seconde Guerre mondiale. C ?est au sein de la cit ? des a ?n ?s ? Saint-Etienne qu ?elle a effectu ? son relais un large sourire aux l ?vres. « J ??tais tr ?s contente de montrer qu ?une personne ?g ?e pouvait porter la flamme. Cela m ?a fait tellement plaisir », raconte-t-elle.
Mais aujourd ?hui, son c ?ur n ?est plus ? la f ?te. Deux jours apr ?s le r ?sultat du premier tour des ?lections l ?gislatives qui a vu le Rassemblement national arriver en t ?te, M ?lanie Berger-Volle ne cache pas son inqui ?tude. « Je n ?ai pas d ?autre possibilit ? que de dire ce que je pense », insiste-t-elle. « Je suis tellement ?tonn ?e que la France qui a fait tant de choses bascule presque ? l ?extr ?me droite ».
« Je vote pour n ?importe qui, mais pas pour eux »
N ?e en 1921 ? Vienne, dans une famille juive, elle a v ?cu les heures sombres de son pays. En 1938, elle est contrainte de le quitter ? la suite de l ?annexion de l ?Autriche par l ?Allemagne nazie. « On a oubli ? que Hitler est arriv ? l ?galement au pouvoir », souligne-t-elle. Apr ?s un s ?jour en Belgique, M ?lanie Berger-Volle trouve refuge en France. D ?s le d ?but de l ?occupation, cette militante communiste antifasciste d ?cide de rejoindre la R ?sistance et distribue aupr ?s des soldats allemands des tracts anti-hitl ?riens. Arr ?t ?e en janvier 1942, elle passe par la prison Saint-Michel de Toulouse, puis par celle des Baumettes ? Marseille d ?o ? elle r ?ussit ? s ??chapper gr ?ce ? des camarades. Jusqu ?? la Lib ?ration, elle poursuit ses actions de r ?sistante.
Quatre-vingts ans plus tard, elle regrette d’assister ? la perc ?e de l ?extr ?me droite dans son pays d ?adoption. « Je vote pour n ?importe qui, mais pas pour eux », r ?sume-t-elle en faisant allusion au RN, le parti h ?ritier du Front national. « Ils sont tr ?s intelligents. Ils disent qu ?ils sont devenus comme tout le monde, mais si vous grattez un peu, rien n ?a chang ?. ? Toulon, quand il y a eu un maire FN , il s ?est d ?abord attaqu ? ? la culture, alors que nous ne pouvons pas vivre sans cela. Ils veulent aussi faire des diff ?rences dans les cantines scolaires », poursuit l ?ancienne r ?sistante qui assure qu ?elle ira d ?poser son bulletin dans l ?urne dimanche, malgr ? son grand ?ge. « ?videmment, j ?ai toujours vot ?. J ?ai lutt ? pour ?a pendant la guerre ».
« Je ne veux pas qu ?on soit gouvern ? par des anciens SS »
De l ?autre c ?t ? de la France, Roger Lebranchu a lui aussi eu l ?honneur de participer au relais de la flamme, le 31 mai, lors de son passage au Mont-Saint-Michel. « J ?ai port ? ce symbole qui repr ?sente la paix dans le monde et la dignit ? entre les peuples. Je n ?aurais jamais pens ? le faire un jour », souligne-t-il. Cet ancien champion d ?aviron, s ?lectionn ? aux Jeux olympiques de Londres en 1948, a ?t ? choisi pour ses exploits sportifs, mais aussi pour son pass ? de r ?sistant : « J ?ai ?t ? arr ?t ? en 1943 parce que je voulais rejoindre l ?Afrique du Nord en passant par l ?Espagne ».
Ag ? de seulement 21 ans, Roger Lebranchu est d ?port ? au camp de concentration de Buchenwald en Allemagne, puis au kommando de Sch ?nebeck. Il s ?en ?chappe en avril 1945 juste avant l ?arriv ?e des Am ?ricains. ? son retour, il reprend la pratique sportive et devient champion de France d ?aviron ? deux reprises. Apr ?s avoir subi tant d ??preuves, ce rescap ? a r ?ussi ? aller de l ?avant. Mais du haut de ses 101 ans, il s ?inqui ?te pour le devenir de son pays. « J ?ai ?t ? d ?port ? pour des faits de r ?sistance et je ne veux pas qu ?on soit gouvern ? par des anciens SS », l ?che-t-il sans d ?tour.
Roger Lebranchu fait r ?f ?rence aux membres fondateurs du Front national. Parmi eux, se trouvaient notamment L ?on Gaultier et Pierre Bousquet, deux Fran ?ais qui avaient rejoint les rangs de la Waffen-SS. « Quand on a v ?cu les SS comme moi, on peut s ?attendre ? tout », insiste l ?ancien r ?sistant qui esp ?re « que le centre va se r ?unir et se tenir les coudes » face ? l ?extr ?me-droite.
« Le danger est ? nos portes »
Jean Lafaurie voit plus large. Pour lui, il est n ?cessaire de se rassembler au-del ? de tout clivage politique : « Il faut bloquer ce parti qui est n ?faste pour la France. Quand j ?entends des gens de la droite actuelle ou des repr ?sentants du gouvernement dire qu ?on ne peut pas voter pour le Nouveau Front populaire parce qu ?il y a un tel ou un tel, je r ?ponds qu ?un barrage, c ?est un barrage. On discutera plus tard ».
Depuis les r ?sultats, il vit mal la situation politique en France avec « un RN pratiquement aux portes du pouvoir ». Ce centenaire avoue « trembler un peu » : « On retrouve les ?l ?ments qu ?on a connu ? la fin des ann ?es 30. Je crois qu ?on ?volue dans le m ?me syst ?me. Le danger est aussi ? nos portes ».
Il y a plus de huit d ?cennies, Jean Lafaurie a d ?j ? fait face ? cette menace. ? 20 ans, il s ?engage dans les rangs des r ?sistants communistes, les FTPF dans sa r ?gion d ?origine le Lot. En juillet 1943, il est arr ?t ?, puis condamn ? ? dix ans de travaux forc ?s. Intern ? dans la centrale d ?Eysses, dans le Lot-et-Garonne, il participe ? une mutinerie qui se solde par l ?ex ?cution de 12 prisonniers et la d ?portation de plus de 1 000 autres vers le camp de Dachau, pr ?s de Munich. Jean Lafaurie y survit pendant presque un an sous le matricule 73 618.
Apr ?s l’ ?chec de cette tentative, la r ?pression de Vichy est terrible : condamnation ? mort et ex ?cution de douze prisonniers, d ?portation des 1200 autres d ?tenus ? Compi ?gne, puis dans le camp de concentration de Dachau. 400 d’entre eux n’ont pas surv ?cu ? la d ?portation.
« Les camps de concentration, c ?est un peu ce que comptaient faire les nazis dans tout le reste du monde. Un monde d ?esclaves avec les nazis comme seul repr ?sentant de l ?autorit ? », r ?sume l ?ancien r ?sistant qui a finalement ?t ? lib ?r ? en avril 1945, ne pesant plus que 36 kilos. Profond ?ment marqu ? par cette terrible exp ?rience « ancr ?e » en lui, il se d ?sole de voir que certains osent dire qu ?il faudrait tenter un gouvernement d ?extr ?me droite. « On l ?a d ?j ? essay ? ! », s ?emporte-t-il avant d ?ajouter : « Ils ont peut- ?tre chang ? leur fa ?on de parler pour mieux tromper les gens, mais la base du mouvement est toujours la m ?me. Marine Le Pen s ?est affich ?e avec Poutine. La France est vraiment en danger, mais c ?est le cas de toute l ?Europe ? l ?heure actuelle ».
Depuis des ann ?es, Jean Lafaurie parcourt le pays pour t ?moigner devant des ?l ?ves. Il reconnait que l ?histoire de la Seconde Guerre mondiale ne s ?est pas forc ?ment bien transmise : « Il y a deux g ?n ?rations qui ont voulu oublier la guerre et qui n ?en ont pas parl ?. Il faut essayer de r ?veiller cette m ?moire, mais ce n ?est pas facile. On essaye de semer des petites graines avec l ?id ?e qu ?elles vont pousser un jour ».
« On va s ?en sortir »
Daniel Huillier raconte aussi inlassablement son histoire aupr ?s des jeunes. ? 96 ans, il est l ?un des derniers r ?sistants du maquis du Vercors encore en vie. ? l ?occasion des ?lections, il a publi ? une tribune pour rappeler les valeurs de fraternit ? pr ?n ?es par ses camarades de combat : « Dans la R ?sistance, il y avait bien s ?r des Fran ?ais, mais il y avait aussi beaucoup d ??trangers. Dans nos rangs, il y avait 36 nationalit ?s ».
Originaire de Villard-de-Lans dans l ?Is ?re, il prend part ? la R ?sistance d ?s l ??ge de 15 ans en suivant son p ?re et plusieurs membres de sa famille : « J ?ai perdu pendant la guerre deux oncles, des cousins et des camarades de 16 ou 17 ans ». Il y a quelques semaines, Daniel Huillier a particip ? aux c ?r ?monies rendant hommage aux maquisards du Vercors. Il est attrist ? par la situation actuelle : « C ?est dramatique ce qu ?il se passe. On est dans la mouise ».
Pour lui, beaucoup de Fran ?ais « ont mis un bulletin comme ?a parce que nos dirigeants ne savent pas o ? ils vont ». M ?me s ?il estime ne pas avoir « d ?ordre ? donner aux gens », il regrette que ceux qui votent pour l ?extr ?me droite « ne pensent pas aux cons ?quences ». Lui qui a ?chapp ? de peu ? la terrible r ?pression du maquis du Vercors reste toutefois optimiste : « Il ne faut pas d ?sesp ?rer. On va s ?en sortir. Il faut qu ?il arrive malheureusement des choses comme cela pour que les gens commencent ? r ?fl ?chir ».

