Suite à piratage, cet article a été effacé. Il est possible de le retrouver sur la version-papier à la date : 11 octobre 2008
Ils avaient 18, 20, 25 ou 30 ans. Ils s’appelaient Jules, Auguste, Francis, Louis, Alfred, Marcel, François, René, Mathurin. Ils avaient quitté leur famille, leur fiancée ou leur épouse, et leurs enfants. Ils avaient laissé le bureau, l’établi, le tour, le pétrin, le billot, la boutique, l’étable, les champs, pour revêtir l’uniforme mal coupé, endosser le barda trop lourd .
Ils avaient troqué leurs outils, leurs habitudes, leurs gestes quotidiens contre le fusil, les bottes crottées, les ordres aboyés, les nuits glacées dans les tranchées.
Ils n’étaient pas des héros, juste des hommes. Des garçons du village, des ouvriers, des paysans, des commis, des fils aimants, des pères inquiets.
Ils avaient peur, ils avaient froid, ils avaient faim.
Ils pensaient à chez eux, à la soupe sur le feu, au rire d’un enfant, à une main qu’on serre, à une voix qu’on n’entend plus.
Ils sont tombés, parfois loin de tout, dans la boue, dans le vacarme, dans le silence.
Et parfois, on ne les a même pas retrouvés.

