Ecrit le 15 mai 2019
Ces communes où les jeunes adultes sont pauvres
La part de jeunes adultes vivant sous le seuil de pauvreté avoisine 60 % dans certaines communes. Ce taux est parfois très supérieur à la moyenne de la ville. Les explications de Valérie Schneider, extraites de laGazette.fr.
d’un taux de pauvreté de 10,5 % à Issy-les-Moulineaux (Hauts-de-Seine) à celui de 67 % à Saint-Benoit à La Réunion, la part de jeunes de moins de 30 ans qui disposent de ressources inférieures au seuil de pauvreté varie considérablement sur le territoire [1].
A La Réunion, les communes affichent les taux de pauvreté des jeunes adultes les plus élevés. Des taux qui avoisinent 60 % (données Insee 2015). Comme dans la plupart des DOM, la situation des jeunes y est extrêmement difficile, du fait notamment du chômage qui frôle les 50 % pour cette tranche d’âge. Une région où les créations d’emploi sont insuffisantes et où le recul du taux d’activité des moins de 30 ans est marqué, comme l’indique l’Insee dans une étude publiée en avril 2018.
Le Nord de la France est aussi en première ligne. Au sud, Marseille compte aussi beaucoup de jeunes pauvres.
Parmi les communes qui comptent le plus de jeunes pauvres (taux supérieur à 20 %), on trouve autant de grandes villes comme Marseille, Lyon ou Toulouse, que des territoires moins peuplés. A La Rochelle : qui n’est pas connue pour être une ville en grande difficulté :, un tiers des moins de 30 ans sont dans cette situation. Parmi les moins de 15 000 habitants, on trouve des communes comme Fontainebleau (Seine-et-Marne), Toul (Meurthe-et-Moselle), ou encore Courcouronnes (Essonne) et Saint-Omer (Pas-de-Calais).
A l’autre bout de l’échelle, les villes où le taux de pauvreté des jeunes est le plus faible (inférieur à 15 %) se trouvent d’abord dans l’Ouest parisien. Au sud de Rouen, Le Grand-Quevilly en Seine-Maritime, par exemple, fait aussi partie des villes moyennes où moins de jeunes vivent sous le seuil de pauvreté (13 %). La commune voisine de Saint-Étienne-du-Rouvray affiche, par contre, un taux trois fois plus élevé.
Pour une grande part, la pauvreté des jeunes s’explique par le niveau du chômage. « Les données sur la pauvreté des jeunes ménages sont le reflet du mal-emploi. Avec une particularité pour les DOM liée en partie à l’étroitesse du territoire : les jeunes y sont comme enfermés », analyse Louis Maurin, directeur de l’Observatoire des inégalités. Photo / © Dragana991
La pauvreté des jeunes est une chose. En quoi est-ce une caractéristique de la ville ? Est-elle liée à une pauvreté globale du territoire ?
Les villes où la proportion de jeunes pauvres est beaucoup plus élevée que l’ensemble de la population ne sont pas nécessairement celles où la pauvreté est la plus forte. A Orsay (Essonne) par exemple, le taux de pauvreté des moins de 30 ans est 3,5 fois plus élevé que celui de l’ensemble de la population (5,7%), taux très inférieur à la moyenne nationale. Dans le 6e arrondissement de Paris aussi le décalage est important entre la pauvreté des jeunes et celle de sa population : ils sont 2,4 fois plus touchés, alors qu’Ã peine un habitant sur dix est pauvre. Avec un taux de pauvreté de 23,3 %, les jeunes qui vivent dans le 16e arrondissement de Paris sont aussi deux fois plus nombreux à être concernés que le reste de la population de ce quartier, peu réputé pour sa pauvreté.
Ce décalage montre que les moyennes peuvent masquer la situation de certaines catégories de population, notamment les jeunes. Pour Louis Maurin, le logement est un facteur central de la sur-pauvreté des jeunes : « Pour partie, on trouve des jeunes ménages modestes dans des communes aisées qui disposent d’un parc social : même si elles ne remplissent pas toutes leurs obligations en la matière : qui accueille des jeunes familles notamment monoparentales aux bas revenus. Pour Paris, il reste aussi de très petites surfaces type »chambre de bonne« occupées par des jeunes aux faibles moyens. ».
Il est assez rare que le taux de pauvreté des jeunes soit beaucoup moins élevé que celui de l’ensemble de la commune. Mais les 18e et 20e arrondissements de Paris, Trappes (Yvelines), certaines villes du nord parisien (Clichy, Dugny) ou encore le 2e arrondissement de Marseille sont dans ce cas. Des territoires pourtant au fort niveau de pauvreté. On peut penser qu’une partie des jeunes sont employés dans les communes limitrophes, moins sinistrées économiquement.
[1] Il s’agit de jeunes de moins de 30 ans ayant établi une déclaration de revenus indépendante de celle de leurs parents, NDLR. Nous considérons ici les communes de plus de 10 000 habitants pour lesquelles le taux de pauvreté des moins de 30 ans est disponible. Pour davantage de simplicité, nous employons dans cet article le terme d’ « habitant ». Il s’agit plus précisément du nombre de personnes dans les ménages fiscaux.
Pour Châteaubriant ?
Selon Catherine Ciron, qui est la voix de son maître, on parle de pauvreté à Châteaubriant parce qu’il y a un « quartier prioritaire ». En réalité, il y a un quartier prioritaire parce que la pauvreté de Châteaubriant est reconnue. Souvenons-nous d’ailleurs que ce label « quartier prioritaire » n’avait pas du tout plu à Monsieur Not’Maire qui a traîné des pieds pour participer à la préparation du Contrat-Ville !
L’étude de l’INSEE, sur les données 2015, a étudié 702 villes de plus de 10 000 habitants,
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Taux de pauvreté de l’ensemble :
Rezé 11,5
St Herblain 14,6
St Nazaire 15,5
Nantes 16,3
Châteaubriant 18,2
Laval 18,3
Rennes 19,8
Angers 19,9
Taux de pauvreté des jeunes adultes :
St Herblain 19,3
Rezé 22,5
Nantes 24,9
St Nazaire 26,5
Laval 27,8
Châteaubriant 28,8
Angers 31,1
Rennes 35,6
Des effets sur le cerveau
Nous savons que les pauvres s’appauvrissent, et que ceux qui grandissent dans la pauvreté sont plus à risque d’y rester à l’âge adulte. Mais les causes ne seraient pas seulement socioéconomiques : des neurologues voient des liens entre la pauvreté et le développement du cerveau.
Des études d’imageries par résonance magnétique ont permis d’observer des différences cérébrales importantes qui se voient déjà chez un enfant âgé d’un mois.
Plus tôt on vit dans la pauvreté, plus faibles risquent d’être les résultats cognitifs. Une partie de la population se retrouve condamnée. Le stress souvent inhérent à la vie dans la pauvreté peut altérer le cerveau et ainsi accentuer les désavantages de personnes déjà défavorisées.
Des études suggèrent que le stress explique à lui seul l’association entre la pauvreté et une mauvaise mémoire de travail. Parce que le stress touche l’hippocampe. En période de stress, l’hippocampe ainsi que d’autres zones du cerveau, comme le cortex préfrontal, sont inondés de cortisol : l’hormone du stress et, éventuellement, sa structure s’endommage. De plus, la surcharge cognitive et émotive qu’entraîne la pauvreté peut affecter la maîtrise de soi, indispensable à la réussite dans la vie personnelle, scolaire et professionnelle