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Ecrit le 3 janvier 2021
Christ mort et Vierge des douleurs : Ce superbe ensemble, du fait de sa situation isolée près de l’ancienne voie ferrée à St Vincent des Landes, est resté pendant près d’un demi-siècle ignoré de tous jusqu’Ã la chute de la Vierge des douleurs (poids estimé 800 kg) demeurée au sol, fracassée, face contre terre durant de longues années d’indifférence La restauration de cette œuvre magistrale saura-t-elle susciter un nouvel élan et un certain intérêt pour le grand sculpteur qu’était Jean Fréour ?
début 2019, l’annonce du centenaire de sa naissance et ce projet de restauration un peu fou, n’ont semble-t-il pas « galvanisé » le monde culturel local, ils ont seulement recueilli l’assentiment d’une vingtaine de « motivés » sur un panel de 130 personnes contactées !... Faisant fi de toutes les critiques et difficultés venues de toutes parts (et parfois d’où on les attend le moins !) le pari a été tenté et j’ose espérer réussi, même si l’on peut regretter que l’implantation d’origine n’ait pu être conservée, ce qui enlève une grande partie de la symbolique de cet ensemble original.
Jean Fréour à Issé
De 1943 à 1955 le jeune artiste (il avait alors 24 ans) exerce son art à Issé, période heureuse et surtout productive, pas moins de 193 œuvres de tous matériaux, sortent de son atelier près du cimetière (soit une moyenne de 15/an) et pour le reste de ses 70 ans de sculpture (une moyenne de 10/an). d’après le grand carnet de travail que l’artiste m’avait confié, on compte 395 œuvres religieuses et 347 profanes soit un total 742 éléments ! Soigneusement répertoriés et détaillés, tout comme sa collection personnelle (environ 150) composée principalement de nus féminins, l’essentiel (!) ayant été « dispersé » lors des trois ventes aux enchères de Batz S/ Mer, Le Croisic et Brest...il n’est pas question ici de polémiquer sur ces ventes bien peu artistiques et irrespectueuses du maître, et qui me laissent un goût amer, car enfin comment nommer ces ventes précipitées et inconvenantes déplaçant des foules de « spécialistes » mais aussi de badauds jusque dans le jardin de l’artiste et sa galerie, à l’affût de la moindre « relique » que l’on retrouvera sur certains sites quelques temps plus tard Triste époque qui ne considère les œuvres d’art que sous l’aspect financier !
Nul n’est prophète en son pays
On peut alors s’étonner que rien n’ait été vraiment fait pour honorer cet artiste incomparable, il faudrait pour cela une motivation forte et collective qui a fait gravement défaut comme pour ce projet qui a bien failli ne pas se concrétiser. Et pourtant, à Châteaubriant un passage porte le nom d’Yves Cosson, à Louisfert René Guy Cadou a son école convertie en musée. Une démarche avait été tentée en 2012 à Issé, là même où l’artiste avait exercé son talent pendant 13 ans, une proposition pourtant raisonnable, pour donner le nom d’une rue, d’un place, pose d’une plaque commémorative sur la maison familiale et son atelier toujours présents, qui n’a pas obtenu l’adhésion de la municipalité et d’une partie de la population bien ingrate, et peu intéressée par l’art comme ce Saint Louis retrouvé par hasard dans un appentis oublié de tous dans les détritus en attendant des jours meilleurs. Des tentatives ont été envisagées pour des expositions à thème « Jean Fréour sculpteur religieux » dans des lieux emblématiques de Nantes : cathédrale, chapelle de l’immaculée, passage Sainte Croix, mais là encore restées sans suite, grave injustice si l’on considère que la production du sculpteur est pour la plus grande part religieuse : chapelles, églises, abbayes, monastères etc...ont largement bénéficié de son talent.
Jean Fréour était un artiste inspiré et exigeant, on lui prête souvent cet aphorisme : la vie du sculpteur est une vie de patience, de très long travail et d’amour silencieux.
Gilbert Massard
Le Conseil Municipal de St Vincent a accepté de restaurer l’œuvre. Le sculpteur Ray Boterf a répondu avec enthousiasme et désintéressement à ce projet que certains considéraient comme irréalisable, et même complètement utopique. L’œuvre a été près de la chapelle de la Madeleine, ou elle pourra de nouveau être admirée.