Ecrit le 13 janvier 2021
A l’occasion des résultats des recensements, la même question se pose toujours : pourquoi vient-on habiter ici, pourquoi certaines villes sont-elles attractives ? Pour qui sont-elles attractives ?
Le maire de Châteaubriant se glorifie d’avoir gagné 145 habitants en 5 ans. Un vrai raz-de-marée au niveau des pâquerettes. Il laisse entendre que la population choisit délibérément notre exceptionnel cadre de vie. Une habitante nous écrit : " Je ne fais pas partie de ceux-là , je subis dans ma vie quotidienne, faute de mieux.
Le littoral ou l’agglomération nantaise ne sont pas abordables pour nous. Même pas en rêve ! Un ancien maire de Vay a dit à notre actuel bon maire :
« T’as fait de Châteaubriant une ville de vieux » Constat amer dans lequel il faudra s’intégrer puisque j’en fais partie ".
Une ville de vieux
Dans son étude du 9 décembre 2020, l’INSEE publie le graphique suivant concernant Châteaubriant : En vert, c’est la population de 2017.
On voit ainsi une baisse importante, en dix ans, dans toutes les catégories, entre 0 et 59 ans et puis une progression nette de personnes de plus de 60 ans. Il ne faut donc pas s’étonner de la chute du taux de natalité !
Années --- Natalité --- Mortalité
1968-1975 --- 22,1 % --- 9,4 %
1975-1982 --- 19,2 % --- 8,7 %
1982-1990 --- 14,6 % --- 8,9 %
1990-1999 --- 12,0 % --- 9,5 %
1999-2007 --- 11,2 % --- 10,3 %
2007-2012 --- 11,0 % --- 9,9 %
2012-2017 --- 8,7 % --- 11,6 %
Au début de son mandat, en 2001, le maire Alain Hunault reprochait à Martine Buron (maire de 1989 à 2001) de n’avoir pas su enrayer la baisse de population commencée sous le mandat de Xavier Hunault son papa. Force est de constater que les choses ne se sont pas arrangées et que, désormais, le taux de mortalité dépasse nettement le taux de natalité. Rappelons les chiffres 2019, en attendant ceux de 2020 :
Naissances : 81 en 2019
décès : 114 en 2019
Attractivité
Une ville attractive est un territoire capable d’attirer et de retenir des personnes morales et des personnes physiques grâce à ce qu’elle peut leur offrir. La ville est donc choisie par un individu ou une entreprise pour s’y installer, temporairement ou définitivement, selon des critères qui sont importants pour eux.
Ces critères diffèrent selon les catégories de population :
- - coût du logement
- - coût des déplacements professionnels
- - facilités pour trouver du travail pour soi et pour le conjoint
- - équipements de santé (médecin, etc)
- - services à la personne
- - équipements scolaires, universitaires
- - commerces
- - loisirs
- - nature, environnement
- - animation.
- - le temps de trajet pour accéder à un service ou à un équipement.
- - mais aussi la proximité de la famille !
- - mais encore le niveau des revenus des habitants de la commune car celui-ci conditionne leur accès aux services.
Contrairement à ce qu’on croit, le taux des impôts locaux n’est pas un critère de choix, même pas pour les entreprises.
La prise en compte de ces critères dépend de nombreux facteurs. Un jeune couple sera sensible au coût du logement et aux services petite-enfance. Un couple de retraités veillera à la présence de services de soins à domicile.
Dans la Com’Com’ Châteaubriant-Derval, quatre communes ont connu une belle progression depuis 5 ans : St Aubin des Châteaux, Louisfert, La Meilleraye et Jans. Dans ces communes, y a-t-il un médecin et/ou un pharmacien ? Des fois oui. Des services à la personne ? Guère. De nombreux commerces ? Non. Des équipements de loisirs ? Peu ! Ces communes ont surtout bénéficié de la proximité de Nantes ou Rennes, de la facilité à rejoindre ces grands centres et de logements abordables.
La ville est un espace partagé par tous. Elle doit donc inclure chacun de ses usagers qu’ils soient actifs, malvoyants, jeunes, seniors, enfants, à mobilité réduite ou en situation de handicap, dans ses aménagements. Tout cela participe bien évidemment à l’attractivité d’une ville, à la fierté de leurs habitants et va générer l’installation de nouveaux habitants et le développement du tourisme !
Mesurer l’attractivité d’une ville, c’est évaluer sa sphère d’influence, sa capacité à générer du mouvement, à attirer à soi durablement, mais aussi parfois simplement à faire parler d’elle. Le registre privilégié de l’attractivité est celui du pouvoir. Ce pouvoir d’influence participe de la puissance politique et économique des villes, et de leur rayonnement culturel.
Une ville n’est pas seulement un endroit où l’on travaille et où l’on crée des richesses « ” attractif en tant que tel »”, mais c’est un lieu où l’on vit, dont on attend du bien-être et où l’on dépense des richesses. Pour les villes, la qualité de vie est un enjeu qui croît avec l’augmentation de la propension à la mobilité des ménages. Or, lorsqu’ils sont en mesure d’arbitrer, ceux-ci recherchent de plus en plus le meilleur compromis entre opportunités professionnelles et qualité de vie. La situation géographique, le climat, le cadre de vie, l’offre urbaine (qualité des espaces publics et des équipements, services aux particuliers, commerces, etc.), la sécurité, l’offre scolaire et universitaire deviennent des éléments de plus en plus décisifs dans les choix de localisation résidentielle
Mais les opportunités d’emploi et la qualité du cadre de vie ne sont pas les seuls facteurs explicatifs de l’attractivité résidentielle d’un territoire. Les villes attirent également en raison de leur rayonnement culturel ou, plus prosaïquement, de leur « image de marque ». Ce rayonnement culturel dépend de leur insertion dans des réseaux de communication et d’information. Les ressorts de l’attractivité résidentielle croisent ici ceux de l’attractivité touristique.
l’attrait des villes repose donc sur des systèmes de croyances : telle ville est bien gérée, telle autre est culturellement incontournable, etc. c’est la fameuse image de marque qui ne se décrète pas mais qui se construit à petites touches, qui doit être susceptible de renforcer la fierté des habitants, tout en attirant les investisseurs et de nouveaux arrivants.
Comment attirer de nouveaux habitants ?
En ces temps de généralisation du télétravail, des critères ont pu être établis :
*- une bonne connexion aux transports
*- du vert, du vert,
*- une bonne connexion internet,
*- des espaces de télétravail en ville et chez soi, lieux de rencontres et d’échanges entre voisins. Ce ne sont pas forcément des « tiers-lieux » construits à grands frais, ce sont des lieux faciles d’accès, ouverts, et bien équipés de mobilier et d’internet, avec un coin convivialité. c’est ce qui manque dans notre territoire.
Confiance
Une des clés de l’attractivité des petites villes est peut-être bien la valorisation des ressources relationnelles. Territoires à « taille humaine » et souvent irrigués par un tissu social dynamique, elles sont des territoires de proximité et proposent des systèmes relationnels particuliers. Disponibilités en temps et agrément des relations sociales sont rarement considérés comme prioritaires par les acteurs politiques dans la définition de l’attractivité de leur territoire et dans les stratégies de développement, alors qu’ils sont des éléments d’un vivre-ensemble harmonieux susceptible d’attirer de nouveaux habitants. Encore faudrait-il que les élus aient confiance en leur population et ne se croient pas les uniques connaisseurs des politiques à mettre en place.
Sources : https://www.aurm.org/
https://www.enviesdeville.fr/
https://journals.openedition.org/belgeo/