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Ecrit le 20 janvier 2021
La solitude, l’autre épidémie ?
A l’occasion de la cette 4e édition de la Journée des Solitudes, une enquête exclusive IFOP pour l’association Astrée met en évidence une forte poussée du sentiment de solitude dans la population avec de sérieuses conséquences.
En voici, les principaux enseignements :
- Près d’un Français sur cinq se déclare toujours ou souvent confronté à la solitude, ce qui représente une hausse de 5 points par rapport à 2018,
- Deux tiers d’entre eux indiquent désormais souffrir du manque de la compagnie des autres soit une hausse de 15 points par rapport à 2018,
- Les personnes souffrant de solitude ont moins pu compter sur le soutien par la présence de leur famille qu’avant la crise sanitaire (34% en ont bénéficié au cours des six derniers mois contre 43% en novembre 2018).
- Les jeunes, les célibataires et les publics les plus fragilisés économiquement sont les plus touchés par la solitude,
- Les personnes se sentant seules se déclarent plus malheureuses et sont plus enclines à utiliser des médicaments psychotropes.
Si l’image d’Épinal veut que la personne souffrant de solitude soit une personne âgée et isolée, les données de cette enquête montrent que, au contraire, ce sont les jeunes qui sont les plus largement concernés par ce ressenti (27% pour les moins de 25 ans).
En fait, la propension à se sentir toujours ou souvent seul décroît de façon linéaire avec l’âge allant ainsi de 27% pour les 18-24 ans à seulement 10% parmi les 65-74 ans, puis repart légèrement à la hausse après 75 ans (16%).
De la même manière, les Français sont d’autant plus enclins à se sentir seuls qu’ils ont des revenus modestes : 29% de ceux qui appartiennent aux catégories « pauvres » ressentent toujours ou souvent de la solitude contre seulement 10% des sondés appartenant aux catégories aisées.
Signe de l’importance du travail comme espace de socialisation, les demandeurs d’emploi sont plus largement concernés par la solitude (26%). Ce ressenti est aussi plus largement partagé par les Français dont le foyer n’est composé que d’une personne (32%) et est ensuite équivalent quel que soit le nombre de personnes au-delà de deux.
Il est notable de constater que seulement un tiers des Français isolés indiquent se sentir toujours ou souvent seuls, sentiment de solitude et fréquence des relations sociales ne se confondent donc pas totalement.
Enfin, c’est parmi les personnes se sentant toujours ou souvent seules que le niveau de bonheur déclaré est le plus bas.
Ces derniers étant par ailleurs 30% à attribuer une note entre 0 et 4 (contre 8% pour l’ensemble de la population française).
d’autres indicateurs vont également dans le sens d’un lien entre sentiment de solitude et santé mentale dégradée : les personnes se sentant toujours ou souvent seules sont ainsi significativement plus enclines à consommer des médicaments psychotropes (43% en ont pris au cours de l’année contre 23% pour l’ensemble de la population française) et plus sujettes à des pensées suicidaires (63% en ont fait l’expérience au cours de leur vie, contre 31% dans la population française).
Dans ce contexte d’accroissement du sentiment de solitude au sein de la population, les Français sont également un peu plus nombreux à considérer qu’il s’agit d’un problème important (82% dont 22% « très important » contre 16% en 2018) et à se déclarer attentifs aux personnes souffrant de solitude (77%, + 7 points).
Pour alerter, sensibiliser et mobiliser contre ce fléau des solitudes, Astrée lance avec le soutien d’AG2R LA MONDIALE ET le Crédit Mutuel, la quatrième Journée des Solitudes le 23 janvier 2021
Son objectif : favoriser la mobilisation citoyenne car aujourd’hui des millions de Français vivent en grande solitude, quels que soient l’âge et les catégories sociales.
Astrée, aide depuis plus de 30 ans de nombreux Français à sortir de l’isolement. Les solitudes, les désarrois peuvent s’atténuer ou disparaître quand un regard bien attentionné, positif, bienveillant se porte sur autrui.
Handicap et solitude
Vivre avec un handicap rend une personne plus susceptible de se sentir isolée, déconnectée et exclue. Dans une étude sur la solitude en France menée en 2018 par la Fondation de France, on apprend que 12 % des personnes en situation de handicap sont isolées, contre 9 % du reste de la population ; 32 % se sentent seules, contre 22 % du reste de la population, et 8 personnes sur 10 en souffrent.
En 2017, l’organisation caritative Scope indiquait qu’un adulte en situation de handicap sur huit avait moins d’une demi-heure d’interaction quotidienne avec un
autre individu. Les obstacles pratiques, comme le manque de transports adaptés et d’espaces accessibles, représentent certainement des freins à une vie sociale active, mais le manque de sensibilisation est aussi responsable. Selon l’association caritative Sense, 49 % des personnes non handicapées estiment n’avoir rien en commun avec les personnes en situation de handicap et 26 % admettent éviter d’initier une conversation.
Une personne témoigne : " Parfois, je souffre tellement que je ne peux pas sortir et les personnes que je devais voir vont me dire qu’on a qu’Ã remettre ça, mais ensuite, plus de nouvelles.
Le simple fait de prendre des nouvelles peut pourtant faire une énorme différence. Quand vous êtes complètement seule et que vous souffrez, recevoir un texto de quelqu’un avec qui vous n’avez pas parlé depuis longtemps peut vraiment vous remonter le moral. Alors oui, c’est un message, pas un remède miracle, donc la douleur ne disparaîtra pas comme par magie, mais ça permet de se concentrer sur autre chose et c’est tout simplement agréable "
Covid et solitude
Les situations de confinement sont génératrices de solitude pour les personnes handicapées, par exemple pour les personnes aveugles. Rester chez soi, sans avoir la possibilité de voir le soleil dehors. Sortir dans la rue sans pouvoir se distraire à la vue des jeux des enfants. Rester chez soi sans pouvoir lire un livre ou regarder un film. Sortir de chez soi sans pouvoir accrocher le regard ou le sourire d’une autre personne. Un responsable d’une association nantaise nous a dit : « depuis des mois nous ne pouvons plus disposer des salles communales, plus moyen de faire un café-rencontres , plus de repas en commun, plus de club informatique. Seules les activités sportives nous sont exceptionnellement autorisées » ; « J’aime beaucoup le contact avec les gens, échanger, discuter, et cela me manque terriblement actuellement. A des moments, je me sens oublié, mais... comment dire ? Le plus dur, c’est de rester tout seul chez moi et de ne voir personne »
La solitude ne se voit pas, elle se vit. Depuis 30 ans, Astrée, association reconnue d’utilité publique, a pour vocation de contribuer à la restauration du lien social, de rompre l’isolement et de favoriser le mieux-être de personnes en situation de fragilité. 02 28 08 05 82 Nantes
La semaine du 23 janvier : UNE CAMPAGNE DE MOBILISATION
CITOYENNE DE GRANDE AMPLEUR
Le programme
Après une année 2020 difficile et face aux conséquences dramatiques de la crise sanitaire et sociale que nous traversons, Astrée alerte sur le délitement du lien social et la vulnérabilité des plus isolés et encourage chacun à agir à son échelle, là où il se trouve.