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Ecrit le 3 mars 2021
J’ai fait ça pour mon mari
c’est encore exceptionnel. Les tumeurs cérébrales de deux agriculteurs morts ont été reconnues en maladie profession-nelle. « Il était conscient de la dangerosité de ces produits mais il se faisait un devoir de le faire », raconte Jeanne, 75 ans, mère de cinq enfants, habitant une petite commune entre Loire-Atlantique et Vendée. Son mari, éleveur de vaches laitières, a traité ses cultures aux pesti-cides dès l’âge de 14 ans. Il est mort à 69 ans d’une tumeur cérébrale. « On a été dans la misère. Mes enfants ont dû m’aider pour vivre. Pendant la maladie, on a dépensé beaucoup d’argent », se souvient Jeanne.
En février 2020, le comité régional de reconnaissance des maladies profession-nelles (CRRMP) de Nantes, composé de trois médecins, établit un « lien direct et essentiel » entre la maladie de l’homme et son métier d’agriculteur.
« J’ai fait ça pour mon mari. C’était important que son honneur soit défendu », explique son épouse. Cette reconnais-sance signifie aussi une rente d’un peu plus de 7.000 euros par an pour Jeanne qui n’aura « plus besoin de demander de l’argent à (ses) filles, de faire attention pour (s)’acheter à manger ». « c’est énorme, inespéré », lâche-t-elle.
Karine,elle, a dû saisir le tribunal pour faire reconnaître la maladie de son mari, mort en mars 2020, à 43 ans, d’un glioblastome diagnostiqué un an plus tôt.
« La rente, ça va nous permettre de retaper la maison », explique l’éleveuse de vaches laitières, qui reçoit dans la cuisine de sa ferme, où la température dépasse à peine les 13°C. Le 10 décembre dernier, le TGI de Rennes lui a donné raison sur une question de délai, sans se prononcer sur l’aspect scientifique.
Jean-Michel, Odette, Michel, Christo-phe « On a eu à connaître plusieurs paysans plutôt jeunes qui décédaient en moins d’un an après des tumeurs cérébrales », raconte Michel Besnard, du collectif de soutien aux victimes des pesticides de l’Ouest, qui a défendu les deux dossiers.
Pour le moment les tumeurs cérébrales ne sont pas des pathologies reconnues dans le tableau des maladies profession-nelles agricoles. A l’inverse de la maladie de Parkinson ou des hémopathies malignes provoquées par les pesticides, dont la reconnaissance est en principe facilitée.
Une équipe du CHU de Tours a réalisé une analyse très fine de près de 4 000 pa-tients atteints de leucémie et 10 000 té-moins réunis dans 14 publications médi-cales internationales. « Elle établit claire-ment le lien entre une exposition forte aux pesticides et l’apparition de leucémies aiguë s myéloïdes », explique le profes-
seur Olivier Hérault.
Nous, paysans
En à peine un siècle, les paysans français ont vu leur monde être profondément bouleversé. Alors qu’ils constituaient autrefois la grande majorité du pays, ils ne sont plus aujourd’hui qu’une infime minorité et se retrouvent confrontés à un défi immense : continuer à nourrir la France. Un film retrace cette histoire.
De la figure du simple métayer décrite par Emile Guillaumin au début du XXe siècle au lourd tribut payé par les paysans durant la Grande Guerre, des prémices de la mécanisation dans l’entre-deux-guerres à la figure ambivalente du paysan sous l’Occupation, de la course effrénée à l’industrialisation dans l’après-guerre à la prise de conscience qu’il faut désormais repenser le modèle agricole, le film revient sur la longue marche des paysans français, racontée par Guillaume Canet. nous faisant découvrir la richesse et la diversité de cette France agricole qui est notre passé mais aussi notre avenir.
A voir ici : https://www.france.tv/france-2/nous-paysans/2264015-nous-paysans.html
jusqu’au 24 avril 2021
Ces femmes-là ont été cassées
C’est aussi l’histoire des femmes. Longtemps cantonnées aux tâches domestiques en plus du labeur de la ferme. Les femmes du monde agricole s’émanciperont peu à peu à partir des années 60.