Accueil > Thèmes généraux > Environnement > Papy Leye, un éducateur de rues
Ecrit le 26 mai 2021
Remontons dans le temps, jusqu’en mars 2009. Lors d’une réunion de quartier une personne a suggéré la mise en place d’un éducateur de rue, à la Ville aux Roses, « quelqu’un qui aille à la rencontre des jeunes sur le terrain avec l’objectif d’établir un contact et une relation permettant de redonner à ces jeunes des repères sociaux d’intégration. L’éducateur de rue a un rôle de soutien psychosocial. Toujours à l’écoute, il doit être fin pédagogue et conduire des actions éducatives envers ceux qui n’ont pas accès aux services sociaux classiques. Doté de bon sens et réactif, il doit être efficace en cas de situations de conflit. Mais c’est justement ce que refuse le maire de Châteaubriant, préférant donner un ballon plutôt qu’un référent, plutôt qu’un jeune adulte capable de discuter ! » (Relire La Mée du 18 mars 200...9 !)
Et voilà que ce 20 mai 2021, le maire annonce la mise en place d’un référent au quartier de la Ville aux Roses, et ne proteste pas quand le journaliste de Ouest-France parle de « Educateur de rue », idée pourtant refusée à répétition quand les élus d’opposition en expli-quaient la nécessité. Que s’est-il donc passé ?
La crise du Covid a mis en évidence les difficultés des jeunes, bloqués à la maison au premier confinement, à l’âge où l’on cherche sa personnalité, puis bloqués encore par des couvre-feux à 18 ou 19 h, sans la possibilité de rejoindre les copains ailleurs que dans la rue. De ruptures familiales en ruptures institutionnelles, ces jeunes sont confrontés à un système social qui ne les reconnaît pas et dans lequel ils ne se reconnaissent pas, ils vivent de nombreuses situations d’échec (relationnels, scolaires, institutionnels) et se retrouvent à la marge, devant faire preuve d’ingéniosité pour exister par eux-mêmes. Le phénomène de bande aidant, ils font des bêtises, faute d’avoir autre chose à faire. Le feu aux poubelles, cache-cache avec les gendarmes. Ils sont si immatures qu’ils peuvent voler des vélos et s’en servir dans le quartier, sous les yeux de leurs propriétaires. Il fallait arrêter cela.
Comment arrêter cela ? Un peu de garde à vue dont on se glorifie ? Une admonestation qui glisse comme sur les plumes d’un paon ? Une sanction financière sur les familles souvent incapables de faire quelque chose ? Ou alors : détourner la dérive de ces jeunes, leur donner un interlocuteur. c’est ce que va faire : Papy Leye, de son vrai nom : Daouda Papy Leye, franco-sénégalais âgé de 57 ans.
Ce n’est donc pas un tout jeune ! Mais il a fait plein de choses dans sa vie. Arrivé à Châteaubriant il y a 25 ans, entraîneur de foot aux Voltigeurs, employé municipal chargé de l’accueil des Sans Domicile Fixe, animateur d’une structure d’insertion sociale, chargé du recensement, il s’est même occupé en décembre 2009 à racheter trois bennes à ordures qu’il a fait livrer au sénégal. On peut lui faire confiance pour aller au devant des jeunes, au devant des habitants du quartier, écouter les doléances, soutenir les initiatives. Son bureau sera au Centre Socio-Culturel mais lui, il sera plutôt dehors, tous les après-midi des lundi, mardi, jeudi, vendredi et le mercredi toute la journée.
Papy Leye viendra ainsi renforcer la présence et les actions de l’association Rencontres et du Centre Socio-culturel où il disposera d’un bureau.
« Ma mission sera de recréer du lien entre tous les habitants du quartier. A l’écoute des résidents, je serai présent pour les accompagner. L’implication de tous est nécessaire pour que les gens se parlent à nouveau et se respectent »
Bravo pour cette initiative qui reconnaît ainsi le bien-fondé de ce que proposait l’opposition depuis très très longtemps.
L’homme au quad
Un quad, c’est pas donné !
Souvent 10 000 € ou plus pour de l’occasion.
Un jeune parcourt les rues du quartier Ville aux Roses, pétaradant à grande vitesse malgré le couvre-feu. « Voyez comment sont ces jeunes du quartier, ils disent qu’ils n’ont pas d’argent et nous narguent en quad ! » Les braves gens sont scandalisés.
Les policiers arrêtent l’individu et découvrent qu’il n’est même pas du quartier. c’est écrit sur la ’main-courante’ que le maire a lue aux journalistes.
L’individu devrait être inculpé de mise à mal de la réputation d’un quartier.
20 ans perdus
Les paroles s’envolent, les écrits restent.
Un éducateur de rues à La Ville aux Roses à Châteaubriant ? Le groupe La Voie Citoyenne l’a appris par la presse et commente : « cette idée de médiation nous l’avons souhaitée, voulue, écrite dans nos programmes, dit dans nos interventions sur le vivre ensemble et la politique. C’aurait très intéressant d’échanger avec la majorité sur ce sujet et ce type d’actions ô combien nécessaire sur ce quartier et dans la situation actuelle ».
Alors nous avons fouillé le site internet de La Mée et trouvé trace de ces interventions. Citons-en quelques-unes sans prétendre à l’exhaustivité.
â–º 19 décembre 2001 : JP Le Bourhis (Jean-Pierre Le Bourhis), rappelant qu’il y a nécessité de prévention autant que de répression et que la ville n’a plus d’éducateur de rues depuis 9 mois.
â–º 12 mars 2002 : « des agents de médiation sociale ne sauraient remplacer un éducateur au contact des jeunes sur le terrain » a dit Françoise Gentil.
â–º 9 octobre 2002 : Danièle Catala a regretté qu’aient disparu les médiateurs et éducateur de rue
â–º 7 juin 2006 : M. Milanole, de la compagnie de gendarmerie de Châteaubriant, à propos des incivilités : « Voyez les autorités de la ville pour qu’elles mettent en place des éducateurs de rue ». [Ah bon ? Alors que le maire les a supprimés en 2001 !].
â–º 27 avril 2009 : une femme au forum sécurité-libertés a dit : « Sur la plateforme des cars scolaires, il y a du racket et des violences entre jeunes. Un éducateur de rues serait le bienvenu »
â–º 6 juillet 2011 : Nathalie Orrière a proposé que la municipalité remette des éducateurs dans la rue, et mène plutôt un travail de proximité, sur le terrain, avec les associations.
â–º 21 décembre 2011 : Nathalie Orrière a interrogé, au Conseil Municipal, « Quelle médiation avez-vous organisée ? Quels éducateurs de rue ? ». En réponse elle ne s’est attiré qu’un haut-le-cœur des élus de la majorité.
â–º 4 avril 2012 : Un ancien gendarme déclare qu’il ne faut pas tout miser sur le sport et que, à son avis, des éducateurs de rue seraient nécessaires. Mon dieu ! Pourquoi donc profère-t-il de telles insanités !
â–º 28 mars 2018 : Un participant, à une réunion de quartier, a demandé si la municipalité envisageait la mise en place d’éducateurs de rues. Le maire a répondu que les banlieues où il y a des éducateurs de rues, ne lui faisaient pas envie et que nous, à Châteaubriant, nous avons la chance d’avoir plein de possibilités de sports.
Revoir la Mée aux articles 1446-1449-1614-40-607-2806-2963 -2245-6190
Papy Leye est désormais éducateur de rues. Tant mieux ! Il y a seulement 20 ans de perdus .
Encore des années perdues
La Com’Com’ de Nozay a engagé dès 2009 avec le département de Loire-Atlantique, la préparation d’un projet culturel de territoire. La Com’Com’ de Derval en a fait autant en début 2011 mais la Com’Com’ de Châteaubriant, majestueusement drapée dans son splendide isolement, s’est refusée à cette démarche. Mais tout arrive !! La Com’Com’Châteaubriant-Derval s’est engagée dans l’élaboration d’un Projet Culturel de Territoire avec le départe-ment de Loire-Atlantique et l’Etat-DRAC lors du Conseil communautaire du 17 décembre 2020.
Le projet de convention de partenariat engageant les partenaires pendant quatre ans (trois ans d’actions et une année de bilan et de reformulation du PCT) sera présenté lors du conseil communautaire à la fin 2021.