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Les affaires
L’année 2000 aura été, comme les années précédentes, l’année des « affaires », avec multiplication d’enquêtes judiciaires, mises en garde à vue ou en détention, ballet des juges et des avocats, explications, réfutations, et tout le monde s’y perd. Nul ne sait plus à qui faire confiance. Récapitulons quelques « affaires » de cette année 2000.
Ma cassette ! et l’office HLM de Paris
La cassette méry éclaire et complète l’enquête du juge Halphen. Diffusé sur France 3, jeudi soir 26 octobre, le témoignage enregistré avant sa mort par le promoteur Jean-Claude méry confirme l’existence d’un système de financement occulte du RPR, que l’instruction de l’affaire des H.L.M. de Paris n’avait laissé qu’entrevoir. Elle apporte au juge les éclairages qui lui manquaient : elle confirme le soupçon initial d’un « système » de fraude autour des marchés publics parisiens. Dans son témoignage enregistré, J.C.méry affirme clairement, avoir organisé ce qu’il appelle des « retours » (commissions) au profit du mouvement gaulliste et de son chef.
Sans jamais aller aussi loin, nombre de chefs d’entreprise et de dirigeants de l’office HLM de Paris (OPAC) avaient évoqué, devant le juge Halphen, l’évidence des liens du promoteur avec le parti gaulliste. « Il était de notoriété publique sur la place de Paris que M. méry récoltait de l’argent à l’occasion de marchés de l’OPAC et que cet argent allait au RPR », assurait ainsi Roger Roy, l’un des directeurs de l’Office. « C’est ce que l’on disait dans le milieu du bâtiment ; cela paraissait évident, puisque la Ville de Paris était tenue par le RPR ». Le dirigeant d’une filiale de l’ex-Compagnie générale des eaux (CGE) expliquait, lui, que le promoteur « faisait partie du triangle OPAC-Ville de Paris-RPR », ajoutant ironiquement que « l’argent n’allait pas au Parti communiste ».
Des sommes faramineuses
Questionné par le juge Halphen le 19 septembre 1997, l’un des responsables de la Lyonnaise des eaux, alors présidée par Jérôme Monod - ancien secrétaire général du RPR, aujourd’hui conseiller de J. Chirac à l’Elysée - avait assuré que les sommes versées à JC. méry l’avaient été « en contrepartie de l’assistance » du promoteur sur ce dossier. JC.méry avait certifié, quant à lui, que l’argent ainsi obtenu correspondait au paiement de sa prestation de « conseil », assurant qu’il avait souhaité être rémunéré en Suisse pour « échapper au fisc ». La fameuse cassette, elle, fournit une autre version : qualifiant les sommes collectées par lui en marge de cette opération de « faramineuses », JC.méry y déclare avoir « versé plus de 8 millions de francs en liquide, en moins d’un an, à certains organismes en Suisse ». Les enquêteurs n’ont jamais retrouvé la trace de ces fonds
DSK et le dossier Lagerfeld
La révélation de « la cassette méry » a pris un détour inattendu quand on a appris que le ministre des finances de l’époque, Dominique Strauss Kahn, avait possédé cette fameuse cassette, et ne l’avait pas remise à la justice. « Je ne l’ai même pas regardée » a-t-il affirmé.
Cette cassette lui aurait été remise en échange d’un arrangement fiscal avec le grand couturier Karl Lagerfeld qui aurait eu un redressement fiscal de 46 millions de francs - au lieu des 80 millions de francs qu’il devait en théorie au fisc .
La transaction négociée par M. Strauss-Kahn s’est révélée, en tout cas, plus avantageuse que celle qui avait été conclue du temps où Alain Lamassoure (UDF) était ministre délégué au budget, de 1995 à 1997 : M. Lagerfeld avait alors subi un redressement de 10 millions de francs, alors que la première évaluation de sa dette fiscale était à l’époque de 60 millions de francs. Mais il n’y a là rien que de très « normal » dit-on. Les plus riches sont aussi ceux qui savent le mieux échapper au fisc ou négocier avec lui des arrangements avantageux
Les lycées d’Ile-de-France
Dans l’enquête sur les marchés des lycées d’Ile-de-France, trois personnalités liées à trois partis politiques de droite et de gauche ont été mises en cause : Louise-Yvonne Casetta, présentée comme l’ancienne « intendante » du RPR, Jean-Pierre Thomas,pour le PR, et gérard Peybernes pour le PS.
Plusieurs dirigeants d’en-treprises de travaux publics auraient déclaré que les principaux partis représentés au Conseil régional - le RPR, l’ex-PR et le PS - auraient, selon eux, perçu 2 % sur l’ensemble des marchés des lycées. (1,2 % pour le RPR et le PR, 0,5 à 0,8 % pour le PS)
L’ancien ministre (RPR) de la coopération, Michel Roussin, et un autre ancien ministre (RPR), Michel Giraud, ont été mis en cause Parallèlement aux pistes convergentes de l’affaire Elf, une autre information judiciaire menace le Conseil Général des Hauts-de-Seine et son président Charles Pasqua
Des « chargés de mission »
à la mairie de Paris
La police a interrogé 102 « chargés de mission » à la mairie de Paris. L’enquête porte sur d’éventuels emplois fictifs, avant 1995 pour l’essentiel. Militants RPR de Corrèze, épouses et parents d’anciens ministres, élus et protégés bénéficiaient de « contrats de cabinet ».
Dans le cadre d’une instruction pour « faux en écritures publiques, prise illégale d’intérêts, détournement ou soustraction de fonds publics, complicité et recel », l’enquête des policiers concerne l’attribution d’éventuels emplois fictifs à 460 proches ou protégés du maire de la capitale, entre 1988 et 1998. La très grande majorité de ces « contrats de cabinet » ont été établis avant 1995, quand Jacques Chirac était maire de Paris : salariés qui semblent n’avoir jamais travaillé à la mairie, contractuels aux missions incertaines, militants RPR de Corrèze, champions sportifs, épouses et parents, enfants et neveux d’anciens ministres ou de proches, politiques en attente d’une réélection... Attribués de façon discrétionnaire par le maire de Paris, ces contrats prévoient des salaires, de 6000 F à 25 000 F nets.
Alain Juppé a été condamné pour cela.
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L’affaire Elf
Voilà bien une affaire qui traîne et à laquelle on ne comprend pas grand chose. On y retrouve même la trace du financement par Elf, entreprise française, de la campagne électorale du chancelier Kohl en Allemagne, ce qui a causé un grand scandale dans son parti la CDU. En tout cas, en septembre 2000, la déposition d’un ancien responsable d’une entreprise de sécurité privée, devant les juges Joly et Vichnievsky, a mis en cause des fonctionnaires dans le cambriolage de la brigade financière, en 1997, et dans la protection de voyages secrets en France d’Alfred Sirven
Considéré comme le personnage central de l’affaire Elf, A. Sirven, introuvable depuis deux ans et demi, est l’objet de plusieurs mandats d’arrêt internationaux. Ancien directeur chargé des « affaires générales » d’Elf Aquitaine, principal conseiller de l’ancien PDG du groupe, Loïk Le Floch-Prigent, entre 1989 et 1993, Alfred Sirven est considéré, depuis deux ans et demi, comme l’homme-clé de l’affaire Elf. Il est soupçonné d’avoir été l’opérateur de détournements estimés à près de 3 milliards de francs,
Dans cette affaire Elf, les réseaux de Charles Pasqua sont aussi évoqués.
Le mystère des statuettes
Surgi au mois de mars 1999 au détour de l’enquête sur l’affaire Dumas, l’épisode des statuettes antiques reste entouré de flou. L’ancienne compagne de Roland Dumas, Christine Deviers-Joncour, avait affirmé avoir payé, avec de l’argent d’Elf-Aquitaine, un lot de treize statuettes grecques de grand prix achetées au cours d’une vente aux enchères, à la demande de l’ancien ministre. Cinq d’entre elles étaient visibles sur une photo publiée par Paris-Match, dans une vitrine de l’appartement de R. Dumas (PS). Mais ce dernier a toujours affirmé n’avoir pas été destinataire du lot entier, assurant que Mme Deviers-Joncour ne lui en avait « offert » qu’une partie, gardant les autres pour elle.
Les frégates de Taïwan
Il s’agit de la vente de 6 frégates à Taïwan ; vente à laquelle Roland Dumas, alors ministre PS des affaires étrangères, était opposé, mais qu’il semble avoir acceptée par la suite, non sans indisposer le gouvernement chinois qui s’oppose fermement à ce qu’un pays, quel qu’il soit, vende à Taïwan ou coopère avec Taïwan pour fabriquer des équipements militaires de quelque type que ce soit. R. Dumas est accusé d’avoir incité le groupe Elf à verser à Christine Deviers-Joncour, sa maîtresse, des « salaires et avantages injustifiés », ainsi qu’une somme de 14 millions de francs partiellement destinée à financer l’achat de l’appartement de la rue de Lille où elle réside. Il y aurait eu ensuite une affaire de statuettes, de bottines. On n’est pas plus avancé sur cette affaire qui n’est pas encore passée en jugement.