Ecrit le 30 janvier 2019
La situation actuelle est étrange, dans cette onzième semaine d’actions des Gilets Jaunes. Et on ne sait trop quelle attitude adopter. Trois étapes :
d’abord l’expectative : voir ce qui se passe, se demander ce qui va se passer, où et comment ça va déboucher, tant les revendications sont diverses et variées et parfois opposées, tant manquent les dirigeants d’un mouvement multiforme qui rejette toute organisation.
Ensuite le pessimisme : le désordre créé par ces actions, le démocratisme revendiqué, peuvent conduire à un régime dictatorial, ce qui n’est pas le cas actuellement. Les violences policières, particulièrement fréquentes, ne cessent d’inquiéter.
Pour Henri Weber, « il existe plusieurs façons de détruire la démocratie. La plus actuelle, dans les pays développés, est l’avènement progressif de »démocraties illibérales« , qui conservent l’élection des gouvernants au suffrage universel, mais qui mettent à mal l’Etat de droit en abolissant peu à peu la séparation des pouvoirs, la liberté de la presse et des médias, l’indépendance de la justice, les droits de l’homme et du citoyen. La démocratie illibérale, telle qu’elle s’incarne en Hongrie ou en Pologne, et qu’elle pointe l’oreille dans les Etats-Unis de Donald Trump, n’est déjà plus la démocratie, elle n’est pas encore la dictature, elle est un régime en transition de l’une à l’autre ».
Et puis, troisième étape : un peu d’optimisme, né de la découverte des personnes qui participent aux actions « Gilets Jaunes » : des personnes qui demandent à être écoutées, à pouvoir s’exprimer.
Ce sont la plupart du temps des gens « de base » qui, jusqu’Ã maintenant, n’avaient quasiment jamais manifesté pour ou contre quelque chose. Certes leurs revendications sont souvent individuelles mais leur attention aux autres montre qu’ils sont capables de solidarité.
Ce sont des gens qui, jusqu’ici, n’avaient pas pris la parole et qui découvrent que leurs opinions peuvent être écoutées, au point d’avoir obligé le président de la République à aller à la rencontre des maires sur le terrain.
Ce sont des gens qui ont trouvé, sur les rond-points un lieu pour rencontrer d’autres personnes. Cet aspect « rencontres » est fondamental et, même dans les petites communes, même chez les personnes âgées, le besoin est exprimé d’aller les rejoindre. A Châteaubriant, le groupe des Gilets Jaunes a même obtenu une salle municipale dont ils peuvent disposer librement (un événement dans notre commune !).
Un cahier de doléances (qu’Yves Daniel appelle : cahier d’expression citoyenne) a été ouvert à la mairie de Châteaubriant. Des personnes se sont déplacées pour y noter leurs observations générales (« plus de justice sociale ») ou locales (Faites moins pour le centre-ville et plus pour les quartiers).