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Encore des cadeaux aux gens aisés
Nicolas Sarkozy compte sur les ménages, et sur leur capacité à s’endetter, pour relancer la machine économique. Partant du constat que les ménages hexagonaux ne consomment pas assez et épargnent trop, le ministre a imaginé plusieurs dispositions susceptibles de les inciter à souscrire des crédits.
La mesure la plus surprenante concerne l’abattement d’impôt consenti pour tous ceux qui vont souscrire un prêt à la consommation. Premièrement, l’intérêt de payer moins d’impôts pour payer plus d’intérêts reste à démontrer ... pour ceux qui ne paient pas d’impôt. Deuxièmement, si les sommes en jeu sont modestes (150 euros au maximum par an, sur deux années seulement), elles ne sont même pas à la portée des populations les moins aisées.
En effet, un emprunt de 7000 € sur 2 ans, à 4 % d’intérêt, coûte 295 € d’intérêts mais entraîne une mensualité de 304 €. Un salarié au SMIC, qui gagne environ 1000 € nets par mois, n’a pas les moyens de rembourser 304 € par mois quand il a payé son loyer, sa nourriture, les frais liés aux enfants et à la voiture ! Cette réduction d’impôt de 150 € ne va donc arranger, une fois de plus, que les contribuables aisés.
Pourquoi M . Sarkozy n’attribue-t-il pas 150 €
à tous les contribuables
en dessous d’un certain seuil de revenus ?
Il serait sûrde relancer immédiatement la consommation !
Autre idée de M. Sarkozy : permettre aux parents et grands-parents à donner à chacun de leurs enfants ou de leurs petits-enfants âgés d’au moins 18 ans une somme de 20 000 euros en franchise totale d’impôt. Cette possibilité ne sera ouverte que du 1er juin 2004 au 31 mai 2005. Aujourd’hui, les parents peuvent déjà donner (quand ils les ont !) 46 000 euros à leurs enfants et les grands-parents 30 000 euros à leurs petits enfants, sans payer de droits de succession, une fois tous les dix ans. On ne voit donc pas ce que la décision de M. Sarkozy apporte de nouveau. On voit bien, en revanche, que ce « don » ne concernera que les familles ayant suffisamment de moyens.
Le ministre Sarkozy voudrait pousser les Français à épargner moins. C’est méconnaître une réalité économique et psychologique : « Lorsque les ménages constatent des déficits importants de l’Etat, ils anticipent des augmentations d’impôt futures, ils compensent ainsi l’accroissement du besoin de financement des administrations publiques par un accroissement de leur propre capacité de financement. Et la France est, avec l’Allemagne, l’un des pays où ces déficits sont les plus élevés » dit Didier Davidoff, directeur de l’observatoire de l’épargne européenne.
Ecrit le 26 mai 2004 :
générosité : il sera possible pendant 2 ans, de déduire 25 % des intérêts liés à un prêt à la consommation. Maxi 150 € par an.. Cela correspond à un emprunt de 30 000 € à 4 % sur 2 ans, avec des mensualités de 1300 €. Seuls ceux qui gagnent 4000 € /mois
Ecrit le 22 septembre 2004
Les gros cadeaux entretiennent l’amitié
Le Premier ministre annonce, dans une interview au Figaro publiée le 17.09.2004, que la réduction d’impôt pour emploi à domicile sera augmentée de 50 % dès l’an prochain. Le plafond des dépenses donnant droit à cet avantage fiscal passera donc de 10 000 à 15 000 euros, (dont 50 % pourront être soustraits à l’impôt sur le revenu). C’est la deuxième fois que le gouvernement Raffarin donne un coup de pouce à ce dispositif, qui était plafonné en 2002 à 6 700 euros.
A ce niveau, la réduction d’impôt pour emploi à domicile est avantageuse pour les ménages aisés. 15 000 € par an, cela représente environ 26 heures par semaine, charges sociales comprises. Qui peut se permettre de payer du personnel à hauteur de 1250 € par mois ? (en s’en faisant rembourser la moitié en fin d’année).
Il s’agit ainsi d’une baisse masquée de l’impôt sur le revenu, alors que le président de la République avait décrété une pause le 14 juillet dernier.
Les riches pourraient être doublement à la fête. Nicolas Sarkozy, sur Europe n°1 , le 16 septembre 2004, a promis d’écouter les parlementaires de sa majorité qui exigent que le barème de l’impôt de solidarité sur la fortune (ISF) soit, au minimum, indexé sur l’inflation.
Le débat sur l’ISF, qui aura lieu en octobre au Parlement, se déroulera au même moment que la campagne de Sarkozy pour la présidence de l’UMP. Et le ministre-candidat a annoncé la couleur (le 14 septembre à Neuilly) : « Je veux parler pour la France moyenne, pour ceux qui sont trop riches pour être pauvres et trop pauvres pour être riches. »
Les vraiment pauvres ... pourront se serrer un peu plus la ceinture.