Ecrit le 15 avril 2009
Tous proprio !
La crise économique que nous connaissons actuellement était annoncée depuis 10 ans. Mais rien n’a été fait pour l’enrayer : les autorités politiques américaines avaient tout intérêt à ce que soient entretenues l’euphorie boursière et la facilité d’obtention des financements. Cela évitait toute critique de la politique budgétaire, toute inquiétude par rapport aux déficits, toute réclamation salariale puisque de toute façon on pouvait emprunter facilement l’argent dont on avait besoin et que, en conséquence, la demande intérieure était forte, stimulant ainsi l’économie mondiale.
La prolifération des crédits bancaires a non seulement permis aux Américains de consommer beaucoup sans que les salaires n’aient besoin pour cela d’augmenter, mais surtout cela leur a permis de devenir plus facilement propriétaires de leur logement. Cette démocratisation de l’accès à la propriété a été un enjeu politique majeur, électoralement très porteur.
Cette volonté politique de promouvoir une nation de propriétaires explique, selon Alan Greenspan, que « le Congrès ait concédé [Ã Freddie Mac et Fannie Mae] (sociétés de prêts hypothécaires), un privilège pour les aider à garantir les crédits immobiliers. Elles se sont vues accorder une subvention de fait sur les marchés financiers sous la forme de taux d’intérêts incluant des primes de risques très réduites sur leur dettes, grâce à quoi les marchés ont présumé que l’Oncle Sam les renflouerait en cas de cessation de paiement ».
Et l’ancien patron de la FED (Réserve fédérale américaine) de conclure : « Fannie et Freddie ont utilisé cette subvention pour gonfler leurs profits et se développer. Elles employaient d’habiles lobbyistes et avaient de puissants appuis au Congrès. Le président Bush n’avait pas grand-chose à gagner politiquement en soutenant des mesures énergiques contre elles »
Les banques centrales étaient elles aussi de la partie. L’endettement massif des ménages fut entre autre rendu possible par la politique monétaire expansionniste menée par le même Alan Greenspan pendant près de 20 ans, avec des taux d’intérêt extrêmement bas et l’injection constante de liquidités en cas de problèmes. (a)
Et voilà comment la bulle financière gonfla, gonfla, si bien qu’elle creva ! Et cette crevaison-explosion fait maintenant chavirer tout le navire économique. Et le Bureau International du Travail s’attend à ce que le nombre de chômeurs, dus à la crise, atteigne 38 millions !
Extrait de l’étude d’Alexandra ROULET, diplômée de l’Ecole d’Economie de Paris, chercheur associé à l’Institut Thomas More.
(a) c’était aussi la politique de N. Sarkozy, adepte des prêts hypothécaires à l’américaine !