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Ecrit le 8 aout 2018
Le 5 juillet 2018 ont eu lieu à Nantes les Rencontres de l’habitat participatif.
L’habitat participatif est une façon d’habiter conjuguant enjeux sociaux et écologiques et permettant de répondre aux souhaits de :
– vivre moins isolé/ liens sociaux/partage,
– de participer à un projet de vie collectif/ auto-gestion,
– de diminuer les coûts d’un logement tout en améliorant sa qualité
– de diminuer son empreinte écologique (construction matériaux biosourcés) /mutilisation d’espaces
c’est avant tout une nouvelle manière de construire et de vivre. Comme son nom l’indique, « l’habitat participatif » signifie que plusieurs personnes se regroupent pour réfléchir à un projet immobilier en commun.
En France, on recense aujourd’hui plus de 500 projets. Facilité par son intégration dans la loi ALUR et la parution des différents décrets d’application, le mouvement prend de l’ampleur aussi bien en milieu rural qu’urbain et péri-urbain.
Face à cet essor, il est nécessaire que le mouvement se structure mieux : un site internet permet de consulter tous les projets ou uniquement ceux qui recherchent des habitants.
L’habitat participatif est une forme d’utopie réaliste qui permet de remettre du commun dans l’habitat et l’urbanisme et qui offre une troisième voie sociale et solidaire entre logements publics et privés.
Nantes métropole porte à travers son Plan Local d’Habitat un objectif fort. Celui de construire plus de 6000 logements par an avec un effort particulier en faveur du logement social et abordable. c’est à ce titre que la métropole a lancé une initiative en faveur de l’Habitat participatif et a réservé 20 lieux pour concrétiser de nouveaux projets
Les Petits Moulins à Rezé
En projet depuis 2006, habité depuis 2012, il compte 6 maisons en accession (70 à 130 m2 habitables), 6 logements en locatif social (Harmonie Habitat : Bailleur social) et des parties communes : garage à vélo, atelier, buanderie, chambre d’ami, salle commune, espaces verts.
Le bailleur social a accepté d’investir dans une chaudière à bois (pellets) commune à l’ensemble de l’opération. Bien que maintenant une séparation grillagée, les jardins des locatifs communiquent avec le grand jardin commun aménagé devant les six habitations des porteurs du projet.
Mitoyennes, les maisons forment un ensemble compact orienté plein sud, jouant sur la diversité des traitements de façade : bardages bois, et enduits colorés animent l’ensemble qui trouve ses marques dans le paysage urbain rezéen. Le système constructif mixte intègre des parties maçonnées en séparatif, des parois en bio-brique et de l’ossature bois. Les parements de façades sont majoritairement en bardage bois teintés. La conception bioclimatique se lit ici à travers l’orientation du bâti, l’optimisation des apports solaires (confort d’hiver, d’été), l’isolation et l’usage de matériaux écologiques.
Les douze logements ont été labellisés BBC basse consommation). Le degré d’auto-construction varie sur chaque habitation de quasi nulle à 50%.
Plusieurs éléments témoignent de l’intelligence collective qui a nourri ce projet : implantation d’une surface de panneaux photovoltaïques sur l’ensemble des versants sud (investissement modulé en fonction des capacités de chacun des habitants), construction d’une salle commune autorisant une surélévation future, une chambre d’ami couplable à l’un des logements. « Nous posseÌ dons eÌ galement un atelier de bricolage avec des outils en commun et une salle pour les reÌ unions et les feÌ‚tes familiales », preÌ cise une habitante. Le groupe œuvre aussi aÌ€ partager certains espaces (jardin, salle commune, trampoline) et services (garde d’enfants, preÌ‚t de bouquins) avec les locataires des logements sociaux d’aÌ€ coÌ‚teÌ .
Les Ruches
En 2011, un groupe de cinq familles se lance dans un projet d’habitat participatif rue d’Allonville, près du Jardin des Plantes à Nantes. Le projet n’aboutit pas mais la détermination des familles reste intacte. Elles mettent alors le cap sur l’île de Nantes, projet de La Prairie-au-Duc. Livraison du programme prévue pour 2019.
L’Igloo
Nantes a d’autres projets : 22 rue du Coudray, Nantes-Sud, Bottière-Chênaie, le Breil, etc. L’objectif de Nantes métropole est de promouvoir l’accession abordable à la propriété en favorisant la mixité sociale. A noter l’ensemble L’Igloo réalisé à Nantes avec six ménages très démunis. Le cabinet d’architectes choisi est celui de Belenfant-Daubas de Nozay. En Ille et Vilaine six projets sont en cours de réalisation et 13 autres sont en gestation.
Une réalisation pionnière : la maison du Val, à Meudon, rassemble 10 familles et 24 enfants. A La Réole, en Gironde, comme dans de nombreuses communes françaises, il y a perte d’attractivité du centre-ville, qui compte désormais 18% de logements vacants, des logements insalubres et des locaux commerciaux désertés. La revitalisation du centre-bourg est devenue l’une des priorités de l’équipe municipale. Dans moins d’un an, en mars 2019, un nouveau type d’habitat, porté sur le vivre-ensemble et l’intergénérationnel, va voir le jour : 11 logements sociaux créés avec la participation des futurs locataires. L’idée est venue de femmes retraitées, désireuses de s’investir dans la ville et de promouvoir un habitat participatif. « c’est un projet que j’ai depuis très longtemps parce que je crains la solitude et je me retrouve seule, donc j’avais envie de vivre avec les autres. » dit l’une d’entre elles.
Domloup
L’habitat participatif concerne aussi les petites communes. A Domloup, au sud de Rennes, 3200 habitants, trois ménages ont lancé un projet en plein cœur du bourg, dans une démarche écologique de limitation de l’étalement urbain en densifiant le centre-bourg. Ils souhaitent permettre à deux ou trois autres foyers d’habiter sur la parcelle et d’y créer un local qui pourrait servir à développer différentes activités tournées vers les habitants de la commune. Une partie de la parcelle reste en jardin qui est en cours de transformation pour qu’il devienne une « forêt » nourricière suivant les principes de la permaculture.
L’habitat participatif est une façon de vivre ensemble tout en étant chez soi. Cela correspond à une double réaction : d’un côté, le refus de l’habitat de masse, et de l’autre, un contrepied aux maisons individuelles. Cela exige une réflexion d’ensemble :
– nécessité de penser l’habitat dans le cadre d’une réflexion d’urbanisme pour aborder les questions de lien social, de mobilité, d’accès aux services, de travail,
– Un impératif : la participation pour « coller » au vécu et aux besoins des habitants .
Alors, une utopie ? Lorsqu’un seul homme rêve, ce n’est qu’un rêve. Mais si beaucoup d’hommes rêvent ensemble, c’est le début d’une nouvelle réalité.