Accueil > Châteaubriant > Logement, habitat, lotissements > Des logements dégradés dégradent la santé
Ecrit le 9 juin 2021
Une étude a été menée auprès de ménages ayant des conditions de logement dégradées, dans le but de décrire les interactions directes et indirectes entre les conditions de logement dégradées et l’état de santé perçue des personnes. Des entretiens semi-directifs ont été menés auprès de propriétaires, locataires du parc privé et du parc social, habitants sans droits ni titres, ménages en milieu rural et urbain, couples avec et sans enfants, personnes seules, toutes tranches d’âge confondues.
Les résultats de l’étude montrent que les habitants constatent des effets sur leur santé et sur leur qualité de vie. Du point de vue des habitants, la santé respiratoire et la santé psychique sont les deux sphères les plus affectées par les conditions de logement dégradées. L’humidité et la moisissure, la précarité énergétique et la sur-occupation sont les désordres les plus fréquents avec la vétusté électrique et l’instabilité des bâtis.
Ces conditions de logement contribuent à isoler des ménages qui cumulent déjà de nombreuses difficultés sociales. Quand il est dégradé, le logement ne remplit pas ses fonctions sociales et individuelles. Il y a alors atteintes à la santé, absence d’ancrage, non protection de l’intimité. Le logement devient vecteur de honte.
Les actes du quotidien : se restaurer, dormir, prendre soin de son hygiène personnelle, ranger, grandir et se développer, se sentir en sécurité, qui contribuent à la protection d’un bon état de santé, ne peuvent se dérouler de manière naturelle.
Les enfants sont particulièrement vulnérables aux effets du logement dégradé, pour des raisons physiologiques (expositions aux polluants) et comportementales. Les conditions de logements dégradées entravent leurs chances de réussite scolaire et d’épanouissement.
Trouver des manières d’intervenir auprès des ménages vivant en habitat dégradé, afin de réduire les répercussions de ces conditions de logement sur leur santé, demande de prendre en compte quatre facteurs :
– l’état du bâti (insalubrité, indécence) ;
– le taux d’occupation (adéquation entre la composition familiale et le nombre de pièces du logement) ;
– l’état de santé initial des personnes à l’entrée dans le logement ou l’irruption de pathologies, sans lien avec les conditions de logement (cancer, greffe, VIH...) ;
– la représentation que la personne se fait de son parcours résidentiel et de l’adaptation de son logement à sa condition, élément qui modifie le regard qu’elle porte sur son logement et les démarches qu’elle entreprend.
Les actions de prévention et de remédiation devraient intégrer ces quatre dimensions afin d’être efficaces et acceptées.
Ce travail a été réalisé par Santé publique France à partir des données de l’étude Qualisurv-Habitat menée par l’Institut de veille sanitaire (InVS, devenu Santé publique France en 2016).
Six fonctions
Le logement est central dans la vie des individus. Il ne s’agit pas uniquement du droit à un abri mais de celui à un logement convenable qui comprend : la sécurité d’occupation, l’existence de services, matériels, installations et infrastructures, la capacité de paiement, l’habitabilité, l’accessibilité et le respect du milieu culturel.
Le logement a six fonctions principales : sécurité, ancrage, limite, organisation, lâcher-prise et expression.
Selon une analyse de la Fondation Abbé Pierre, le mal-logement toucherait 24 % des ménages en France. Le phénomène du mal-logement, à côté de l’habitat insalubre, inclut aussi l’habitat impropre à l’habitation : cave, garage, abri de jardin, cabane... Au vu des mauvaises conditions économiques actuelles, le phénomène de dégradation des conditions de logement devrait s’aggraver et concerner aussi bien les propriétaires que les locataires. Enfin, le mal-logement englobe aussi les personnes sans logement, vivant à la rue.
Le programme local de l’habitat, pour la Com’Com’ de Châteaubriant indique que plus de 1 500 logements sont considérés comme potentiellement indignes en 2013, ce qui représente un taux de 8,7%, et classe la CCCD parmi les intercommunalités qui présentent les taux les plus élevés du département (Loire Atlantique : 3,7%). Les situations sont assez différentes d’une commune à l’autre, ce taux variant de 5,9 % à Marsac sur Don à 17,2 % à Soulvache
Sept pathologies
Les Français passent en moyenne 16 h par jour dans leur logement. Les agents dangereux présents dans l’habitat, en particulier lorsqu’il est considéré comme dégradé, sont multiples : agents chimiques, microbiologiques et physiques, mais aussi situations accidentogènes et facteurs de risques psychologiques. La littérature permet d’identifier sept classes de pathologies en lien avec le logement : intoxications, cancer, pathologies allergiques et respiratoires, traumatismes, infections, pathologies cardiovasculaires, pathologies mentales.
Humidité, moisissures
Dans les logements étudiés pour l’enquête, l’humidité et la moisissure étaient les problèmes les plus fréquemment observés, des murs froids avec un toucher mouillé, de la condensation sur les fenêtres, les vêtements pourrissant dans les placards, une odeur de moisi très forte. La difficulté à chauffer le logement avait trois causes possibles : d’une part des systèmes de chauffage inadéquats au logement, d’autre part une isolation insuffisante du logement enfin le coût trop onéreux de l’énergie conduisant à se limiter dans le chauffage. Par ailleurs la présence de nuisibles dans le logement expose les habitants à des allergènes d’une part et à des piqûres et morsures d’autre part.
Les difficultés financières sont évoquées par la quasi-totalité des ménages. La part des factures énergétiques est de plus en plus importante dans leur budget et conduit les ménages à s’endetter.
On retrouve chez de nombreux ménages rencontrés des problématiques de santé importantes, ajoutant de la vulnérabilité à celle préexistante : cancer, saturnisme, déficience physique, problèmes cardio-vasculaires ou troubles psychiques. Les problèmes de santé respiratoires sont ceux le plus fréquemment évoqués. Mais les problèmes ostéo-articulaires et dermatologiques sont aussi régulièrement associés par les ménages à leurs conditions de logement. A l’état de dégradation du logement se surajoutent la promiscuité en cas de sur-occupation qui favorise la contagion.
Les personnes interrogées ont très spontanément évoqué de nombreux effets de leurs conditions de logement sur leur santé psychique. Elles rapportent une baisse de moral importante, des préoccupations nombreuses, de la tristesse, des angoisses et du stress, menant parfois à des pensées suicidaires.
Ce qui est le plus souvent évoqué par les ménages interrogés est le sentiment de honte associé à la vie dans un logement dégradé. Il conduit les personnes à un repli sur elles-mêmes. Elles indiquent ne plus inviter d’amis ou de membres de leur famille afin de ne pas exposer leurs conditions de vie et refusent les invitations que ces connaissances pourraient leur faire afin de ne pas être redevables d’une invitation qu’elles ne peuvent rendre. Sachant
que les familles concernées sont fréquemment des familles monoparentales, le fait de vivre dans un logement dégradé renforce un isolement social déjà important du fait de la condition familiale.
Le sommeil est troublé aussi par les conditions de logement. La promiscuité liée à l’exiguïté du logement d’une part, la précarité énergétique et l’humidité d’autre part, nuisent à la qualité du sommeil.
Les gestes du quotidien pour maintenir son hygiène et se préparer à sortir, se coiffer, se maquiller, sont compliqués par l’accès à l’eau chaude et parfois même à une salle de bain devenue inutilisable.
La promiscuité forcée est une entrave à l’intimité personnelle de chaque membre du foyer. Il n’est pas possible de s’isoler et se ressourcer dans un espace à soi. Le manque d’espace dans le logement est particulièrement problématique pour les ménages avec enfants. Les parents s’inquiètent que leurs enfants ne puissent s’y épanouir et se développer harmonieusement.
Source : enquête-logement Qualisurv
A Châteaubriant, il y a une opération d’amélioration de l’habitat. Contact :
02 40 07 25 29