Ecrit le 7 mars 2012
L’appellation « Mademoiselle » va peut-être disparaître. Dommage, j’y tiens, moi, même si je suis une demoiselle prolongée ! Cela vous a un petit air de jeunesse, d’allégresse, qui me plaît !
Mais à part cela, c’est vrai que c’est gênant de signaler que « Madame UneTelle », de par son appellation de « Demoiselle » est « disponible ». Quoique, depuis la libération des moeurs, on peut être demoiselle et pas disponible, et « madame » et disponible pour le mariage (mais peut-être pas tout de suite) ou pour autre chose.
La survivance de l’appellation « Mademoiselle » est révélatrice de la place des femmes dans la société. Elle date de l’époque où les femmes passaient, par le mariage, de l’autorité de leur père à l’autorité de leur mari.
A la demande des associations « Les chiennes de garde » et « Osez le féminisme », c’est l’université qui a réagi en premier avec une circulaire du 25 novembre 2011 rappelant que « l’emploi des termes » madame « et » mademoiselle « ne repose sur aucune disposition législative ou réglementaire. L’utilisation de l’une ou l’autre de ces appellations ne constitue pas un élément d’état-civil ».
Selon le code civil le nom de famille est attribué à une personne lors de la déclaration de naissance. A l’occasion du mariage, les époux peuvent prendre l’usage du nom de leur conjoint. Cette possibilité est ouverte aux hommes comme aux femmes.
Donc, plus de « nom de jeune fille »
mais un « nom de famille ».
Plus de « Madame X », épouse « Y »
mais, un nom d’usage qui peut être Madame X ou Madame Y.
S’agissant de la demande d’utilisation d’un nom d’usage : la personne concernée doit en faire la demande expresse sur papier libre ou par le biais d’un formulaire fourni par l’administration et n’utiliser qu’un seul nom d’usage quelle que soit l’administration.
S’agissant des correspondances échangées avec la personne concernée, l’administration doit désigner celle-ci sous le nom d’usage qu’elle a indiqué.
Les formulaires administratifs doivent faire apparaître les mentions « nom de famille » [et non « nom patronymique »] et « nom d’usage » [et non « nom d’épouse »].
L’appellation « Madame » doit être systématiquement utilisée pour désigner les personnes du sexe féminin, à l’exception de celles qui auront expressément demandé à être désignées comme « Mademoiselle » !
Et tant qu’on y est, veillons à ne pas dire « Madame X, c’est la femme de ... » mais bien plutôt « c’est l’épouse de ... ».
Mais finalement, au lieu de se prendre la tête sur du « mademoiselle » ou « madame », n’y a-t-il pas des sujets bien plus importants concernant les femmes : partage des tâches dans la société, égalité des salaires, respect, femmes battues, femmes seules avec enfants etc...
« Mademoiselle » ne sera plus utilisée sur les formulaires administratifs : voilà une décision historique qui va faire avancer la cause des femmes ! Il va peut être falloir aussi interdire ce mot de la langue française et condamner ceux qui le prononcent
Ecrit le 7 mars 2012
Isidore et la vieille fille
Isidore était un robuste cinquantenaire qui vivait dans un petit bourg (sa paroisse de naissance) non loin de Châteaubriant. Titulaire d’une pension militaire, il complétait ses revenus par des travaux de jardinage chez ses concitoyens.
Victime de ragots qui lui avaient été rapportés et ayant identifié la source de ces calomnies il décida, pour protéger son honneur de s’en remettre à la justice.
En ce temps là il y avait des juges de paix (p.a.i.x.), magistrats qui cherchaient surtout à arrondir les angles, (on dirait aujourd’hui à concilier) plus qu’à rédiger des attendus.
Au premier contact avec le juge, Isidore exposa la nature de ses doléances : Albertine, jeune fille prolongée de la commune lui faisait une réputation d’ivrogne, de boit-sans-soif. Alors que ... peut-être un verre de temps en temps mais jamais dérangé !
Les deux parties furent donc convoquées à une date ultérieure. Le jour venu, le juge introduisit d’abord Albertine dans son cabinet. [Fit entrer prêterait moins le flanc à l’équivoque, certes]. Loin d’être contrite, la vieille fille, puisqu’il faut l’appeler par son nom, réitéra ses propos.
Priée d’exposer ses arguments elle affirma avoir vu, de ses yeux vu, la brouette du jardinier stationnée chaque soir fort
longtemps devant le Café de la Mairie. Face à ce manque de preuves le juge rappela la loi et les sanctions prévues et devant l’entêtement de l’accusatrice, finit par la tancer vertement.
Puis il fit venir Isidore, qui se trouvait être son conscrit et lui tint un langage d’homme : « Tu sais ce que c’est les vieilles filles, forcément il leur manque ce que tu devines ... Je ne te fais pas de dessin ! Tu vas rentrer chez toi, reprendre tes activités et je t’assure que ça ne se reproduira pas. Parole de juge ! »
Pas convaincu du tout, Isidore regagna son petit bourg, tailla des arbres fruitiers toute la journée car c’était la saison et rumina de bien sombres pensées. Les mots erreur judiciaire lui venaient à l’esprit. Pas l’affaire Seznec mais bon...
Le soir venu, après cette mauvaise journée, n’ayant plus confiance en la justice de son pays, il prit ses affaires en
main. Il traversa tout le village avec sa brouette. Arrivé sur la place de la Mairie et avant d’entrer au café, il rangea soigneusement son véhicule monoroue devant la maison d’Albertine et l’y laissa toute la nuit.
Bien sûr, les prénoms ont été modifiés ....
A.Borgone
Se non e vero, e bene trovato !
La domination masculine
« Le stéréotype de la domination masculine est construit sur le mythe de femmes silencieuses, soumises au chef de famille, servantes de l’homme, incapables de tenir tête, ne gérant rien mais attendant la décision de l’homme, exclues de la vie. Généralisation abusive » dit un article de Mediapart du 3 mars 2012 en citant un article de Vincent Rautureau paru dans La Mée sur « la femme au XVIIe siècle »