Ecrit le 24 mars 2021
Source : ldh-france.org
L’Observatoire de la liberté de création soutient Corinne Masiero contre l’ordre moral sexiste
Quand un homme se met nu en scène lors de la cérémonie des Molières devant la ministre de la Culture Fleur Pellerin pour dénoncer la discrimination sociale contre les auteurs de l’écrit, privés de chômage, le public l’applaudit à tout rompre. Nous sommes en 2015, l’auteur est Sébastien Thiéry. Aucune plainte pénale n’est déposée.
2021, nuit des Césars, Corinne Masiero, pour remettre le César du meilleur costume, fait tomber son costume de Peau d’âne puis sa robe de Carrie. La mise en scène de sa nudité est politique : elle explique que son dernier costume s’intitule « qui veut la peau de Roger l’Intermittent ». « Maintenant on est comme ça, tout nu, voilà », dit-elle en levant le poing gauche. Le public des Césars applaudit.
- Corinne Maserio
Sur son corps sont inscrits des slogans, « Rends nous l’art Jean ! » côté pile, « No culture no futur » côté face. Cette nudité déclenche cette fois un scandale : laide, vulgaire, contreproductive, une honte pour les femmes, tout y passe.
Roselyne Bachelot, ministre de la Culture, dénonce la politisation de la soirée, alors que le cinéma est une industrie et qu’une soirée comme celle-là est faite, dit-elle, pour vendre : « c’est navrant de voir des artistes piétiner leur outil de travail » conclut-elle. Le journal américain Variety lui répond que si les films sont bons, ils se vendront, et qu’elle semble moins con-cernée par l’image de la France lorsqu’elle maintient Dominique Boutonnat à la tête du CNC malgré une plainte pour agression sexuelle et tentative de viol.
Puis Corinne Masiero est dénoncée au procureur de la République par dix élus de droite lui reprochant une exhibition sexuelle dans un espace public. Pour ces élus, la nudité d’une femme est plus choquante que celle d’un homme. Leurs préjugés et leur mépris de ce monde qu’on est en train de tuer les empêchent d’entendre le refus de mourir de celles et ceux qui sont le suc de toute démocratie.
Cette démarche n’inquiète pas seulement par son indigence, ou parce que certains d’entre ces élus ont soutenu Eric Zemmour pour des propos incitant à la haine et condamnés, ou ont tenu des propos homophobes, ou encore ont menacé la presse. Ce que suggèrent ces élus, c’est que la nudité (des femmes) serait toujours considérée comme sexuelle, et devrait être interdite de toute manifestation politique ou artistique. Ces élus nous rappellent encore qu’en France, comme dans bien d’autres endroits dans le monde, ce sont la liberté de création, la liberté d’expression, le droit de polé-miquer, de choquer, ou même simplement la faculté de faire réfléchir ou rêver que certains voudraient éteindre.
Nous ne savons pas si le procureur de la République prendra le risque de rester dans l’histoire comme celui qui aura poursuivi celle qui use de sa nudité pour crier son amour de la culture et son refus de la misère, à l’instar de son collègue Pinard, resté dans les annales pour avoir poursuivi Flaubert et Baudelaire.
Nous, organisations et personnalités composant l’Observatoire de la liberté de création, sommes aux côtés de Corinne Masiero, nous lui disons notre totale solidarité parce que, par nature, nous serons toujours aux côtés de celles et ceux qui, irrespectueusement ou non, nourrissent notre appétit de vie, de débat, de culture et de démocratie.
Paris, le 19 mars 2021
Ecrit le 24 mars 2021
Mesdames, quel est votre rôle ?
On n’en finit pas de se demander quelle est la place des femmes dans le monde, partout, dans toutes les civilisations ou presque !
Selon un récent sondage réalisé en France par YouGov entre février et mars 2021, 29 % des hommes interrogés pensent que le rôle premier d’une femme est de s’occuper de son époux. L’étude, réalisée sur 1005 personnes, obtient même des résultats plus élevés que les années précédentes ; en 2015, cette même affirmation recueillait 21 % d’opinion. Quant à l’avis des femmes interrogées, il n’est que légèrement inférieur puisque 15 % d’entre-elles avouent être d’accord avec cette affirmation (+2 % par rapport à 2015).
Plus incroyable encore, le fait qu’une femme gagne plus d’argent dans un couple est également un problème : 22 % des hommes et 31 % des femmes françaises pensent qu’une telle situation peut engendrer des problè-mes. Là également, ce pourcentage a augmenté de 2 % en comparaison à l’année 2015. Mais alors, nous direz-vous, y a-t-il ne serait-ce qu’une légère évolution positive dans cette ribambelle de résultats archaïques, infondés, dépri-mants et fichtrement patriarcaux ?
Toujours en 2015, 25 % de la population jugeait peu correct le fait qu’une femme affiche haut et fort ses opinions en public. Aujourd’hui, cette affirmation tombe à 15 % avec une moyenne de 17 % chez les hommes et 14 % chez les femmes. On peut également noter que 4 % des femmes pensent que leur place est à la maison (contre 10 % il y a 6 ans), et que 12 % des hommes partagent aussi cette idée (contre 13 % il y a 6 ans). Néanmoins, aucun pourcentage n’a enco-re été dévoilé à la question « Quand pensez-vous laisser les femmes tran-quilles ? ». (source : grazia.fr).
Selon cette même étude, 93% des Françaises pensent que les hommes et les femmes devraient recevoir un salaire égal. Leurs homologues mas-culins sont moins nombreux à avoir le même avis sur la question : 83%.
De plus, près de 9 femmes sur 10 considèrent que les hommes devraient consacrer davantage de temps aux tâches ménagères (89%) – une opinion partagée par 81% des hommes.
Les conquérantes de la République ou le récit d’un long combat
Vient de paraître : « Femmes et Répu-blique », un beau livre écrit à plusieurs mains et préfacé par Michelle Perrot, qui raconte en textes et en images le combat des citoyennes en faveur de l’égalité politique.
Femmes et République livre un récit passionnant sur la place des femmes en France depuis la Révolution française. Comment ont-elles pris part à la vie politique et sociale ? Comment ces citoyennes sans citoyenneté se sont-elles inscrites dans la longue marche vers la reconnaissance de leurs droits civils et politiques ? Quels ont été les combats et qui les a menés ?
Trois grands axes rythment la réflexion des auteures, historiennes et politolo- gues : l’histoire de la conquête des droits républicains, de la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne d’Olympe de Gouges à l’obtention du droit de vote en 1944 ; l’affirmation après-guerre des femmes sur la scène politique, jusqu’à la quête d’un exercice paritaire du pouvoir ; les représentations et l’imagerie dans l’art politique, dont Marianne est le symbole le plus connu.
Cette composition richement illustrée donne la parole aux militantes, à travers des portraits et des discours marquants qui ont émaillé leurs conquêtes, de Maria Deraismes ou Jeanne Deroin à Christiane Taubira, en passant par George Sand, Cécile Brunschvicg ou Simone Veil.
Plus de 200 photographies font la part belle aux œuvres des artistes.
32 € - La documentation française
Ecrit le 27 avril 2021
Film : Sugar Babies
Filmées en huis-clos dans un château, cinq jeunes femmes, âgées de 19 à 27 ans, racontent comment elles sont devenues des « sugar babies ». Un terme qui désigne des femmes, jeunes, qui acceptent d’accompagner des hommes plus âgés et souvent fortunés, contre du liquide, des cadeaux ou des loyers payés. Un échange de bons procédés ou de la prostitution déguisée ? Des sites de rencontre spécialisés existent, éludant toute allusion au sexe, bien qu’il soit un élément important de la relation. Avec courage, ces cinq femmes racontent sans détour en quoi consiste leur vie de « sugar baby ». Sur france.tv jusqu’au 20 mai 2021
Youtube : Marie s’infiltre
Connue pour ses vidéos au sarcasme bien prononcé, « Marie s’infiltre » a étonné les internautes par une enquête sur les dessous de Dubaï qui culmine à plus de 1,4 million de vues pour la deuxième vidéo et plus d’1,1 million pour la première. La troisième vidéo a été publiée sur Youtube le 25 avril.
Partie pour faire un clip à propos d’une chanson qu’elle avait écrite, Marie Benoliel a confié sur le plateau de Quotidien qu’elle a entrepris ce tournage, en caméra cachée, après avoir été choquée par « les conditions de vie atroces » dans lesquelles vivent les travailleurs de la « ville du luxe ». Elle estime qu’à Dubaï « l’opulence la plus tapageuse se nourrit de la misère la plus sordide » et montre notamment les images de « camps de travailleurs » insalubres, où vivent des ouvriers exploités.
« J’étais aussi surprise car je me suis aperçue que toutes les femmes qui travaillent sont considérées comme des objets sexuels que l’on va pouvoir rémunérer d’une certaine façon » déplore la Youtubeuse avant d’ajouter « Des hommes étaient sidérés d’apprendre que je n’étais pas une prostituée, j’étais une anomalie pour eux. »