Ecrit le 25 février 2015
Le bulletin épidémiologique hebdomadaire du 6 janvier 2015, a publié une étude sur la pollution due aux particules fines. Depuis 1997, l’Institut de veille sanitaire (InVS) quantifie les impacts sanitaires à court terme (c’est-Ã -dire survenant quelques jours après l’exposition) de la pollution atmosphérique urbaine, en prenant comme indicateur les niveaux de parti-cules de diamètre inférieur à 10 µg.m-3 (PM10) produites par les voitures (notamment diesel), les usines, les systèmes de chauffage.
Ces microparticules affectent les voies respiratoires et le cœur, et peuvent provoquer accident vasculaire cérébral, crise cardiaque, rupture d’anévrisme, angine de poitrine, embolie pulmonaire Autant de pathologies qui peuvent intervenir dans les cinq jours suivant une exposition.
L’étude 2007-2010 a porté sur 17 agglomérations urbaines, dont Nantes, totalisant 15 333 576 habitants, soit environ le quart de la France dont 43% à Paris. La part des personnes âgées était similaire dans l’ensemble des villes, entre 7 et 10%, à l’exception de Nice où la proportion des personnes âgées atteignait 12%. Environ 45% des foyers étaient non imposables. Ce pourcentage variait de 37% (Paris) à 61% (Lens-Douai).
Cette étude montre la persistance d’un impact à court terme des PM10 sur la mortalité. Une augmentation de 10 µg.m-3 des niveaux de PM10 journaliers est associée à une augmentation de 0,51% de la mortalité pour cause non accidentelle pour toute l’année et pour tous âges, et de 0,55% pour la mortalité cardiovasculaire. Les effets observés sont doublés pour les personnes âgées de plus de 74 ans.
Les pics de pollution se produisent davantage au cours de l’hiver, mais le risque de morts à court terme dues à la pollution est sensiblement plus élevé pendant l’été, en particulier pour des raisons cardiovasculaires. « L’été, les individus passent davantage de temps à l’extérieur, ouvrent plus fréquemment les fenêtres de leur domicile et la température plus élevée exacerbe les mécanismes physiologiques permettant au corps de réguler sa propre température, et cela affaiblit l’organisme et le rend plus sensible à la pollution. »
Cette étude confirme les effets à court terme des PM10 sur la mortalité, même à des concentrations conformes à la réglementation de l’Union européenne et souligne la nécessité d’agir pour diminuer les niveaux de particules en France. Cette action doit concerner tant les pics que les niveaux de fond.
Le projet Aphekom avait par ailleurs montré que les niveaux trop élevés de PM10 (comparés au seuil recommandé par l’Office Mondial de la Santé) étaient responsables de près de 1 000 hospita-lisations pour causes cardiovasculaires dans neuf villes françaises. Et il y a de quoi s’inquiéter : sur les 17 villes étudiées, Dijon est l’unique commune étudiée respectant le seuil de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) qui est de 20 microgrammes/m3.
Les niveaux trop élevés de PM2,5 sont quant à eux responsables de plus de 2 900 décès anticipés par an dans ces mêmes villes.
Ca ne s’arrange pas !
Une étude, réalisée par dix chercheurs européens, dont Bertrand Bessagnet de l’Institut national de l’environnement et des risques (Ineris), publiée le 13 février 2015, propose des estimations de concentrations de particules PM10 en 2030. résultat : la population des grandes métropoles européennes et de certaines zones d’Europe centrale et orientale, comme le sud de la Pologne, peut s’attendre à ce que les plafonds d’émission de PM10 soient dépassés en 2030. Ce qui sera lourd de conséquences sur les crises d’asthme, les maladies cardiovasculaires et respiratoires. La pollution aux particules est déjà responsable de 400.000 morts prématurés par an selon une étude l’agence européenne de l’environnement (AEE) de 2011.
Pour réduire de façon significative les concentrations de PM10, il est donc urgent de réformer la législation actuelle sur la qualité de l’air. Un défi d’autant plus grand que la révision du paquet européen, proposée le 18 décembre 2013 par Bruxelles, a été supprimé de l’agenda 2015 par la nouvelle Commission.
Suicide
Suite à un pic de pollution, on observe une hausse de 20% des suicides dans la population, en particulier chez les hommes, révèle une étude américaine publiée dans l’american Journal of Epidemiology. Encore peu connu, le phénomène a déjà été mis en évidence en 2010 en Corée du Sud, puis en 2011 à Taïwan.
c’est avec le dioxyde d’azote (NO2) que le lien est le plus marqué : dans les 3 jours suivant un pic atmosphérique, le risque de suicide est accru de 20%. Quant aux particules de moins de 2,5 µm (PM2,5), les chercheurs observent une légère hausse, de 5%. « l’étude ne prouve pas que la pollution de l’air déclenche un passage à l’acte, elle suggère que ces polluants pourraient interagir avec d’autres facteurs dont on sait qu’ils accroissent le risque de suicide », concluent les chercheurs dans un communiqué de l’université de l’Utah.
En effet, il n’est pas exclu que la pollution puisse jouer un rôle physiologique direct. Parmi les hypothèses évoquées par les chercheurs, le NO2 et les particules fines pourraient, par leurs effets inflammatoires, exacerber une dépression préexistante. Ou encore entraîner une moindre oxygénation du cerveau, favorisant ainsi la production de sérotonine, neuro-transmetteur lié au risque de suicide
d’origine naturelle (érosion, volcanisme) ou anthropique (fumée, usure, etc.), les particules fines demeurent plus ou moins longtemps dans l’atmosphère. Les plus grossières (supérieures à 2,5 micromètres) retombent assez vite, tandis que les plus fines peuvent rester plusieurs jours en suspension et parcourir des milliers de kilomètres.
Recommandations
Pour limiter les effets des poussières fines sur votre santé :
– personnes sensibles (enfants, personnes âgées, insuffisants respiratoires...)
– privilégiez les activités calmes
– évitez les exercices physiques intenses
– abstenez-vous de concourir aux com-pétitions sportives
– parents et personnels s’occupant d’enfants
– soyez vigilants à l’apparition de symptômes évocateurs (toux, gênes respiratoires...)
– prenez un avis médical en cas d’apparition des symptômes
– tout public, afin de ne pas aggraver les effets sur la santé
– évitez de fumer
– évitez l’usage des solvants ou autres produits irritants des voies respiratoires.
Pour la qualité de l’air dans les Pays de Loire, voir ici : http://www.airpl.org/
Le ministère a publié une brochure sur la qualité de l’air extérieur . On la trouve ici : http://urlz.fr/1e52
En Anjou, un escroc a plumé plus de 100 personnes (principalement des aristocrates) de plusieurs dizaines de millions d’euros. Comme quoi toutes les particules ne sont pas fines.