Ecrit le 24 novembre 2010
Ma nuit avec les vaches, histoire vraie
Vendredi 12 novembre, soirée à la ferme de l’Herberie à Pouancé, sur la bio-diversité. Je pars de bonne heure pour être sûre d’avoir une place. Il fait nuit, il pleut. En arrivant à Pouancé, au deuxième rond-point, je tourne à gauche sur l’ancienne route de Rennes, puis à droite dans la petite route qui mène à la ferme. Tout va bien.
Mais voici un embranchement : faut-il aller à droite (route goudronnée) ou tout droit (route goudronnée aussi). Je ne vois pas de pancarte dans la lumière des phares. Il paraît qu’il y en a une, avec capteurs solaires. Mais il fait nuit et il pleut. Allons tout droit.
Au bout d’un certain temps la route goudronnée s’arrête et donne accès à un chemin herbeux. Pas de palette de retournement, le chemin est détrempé par la pluie. Faire demi-tour ? Risques de s’enliser ? Allons tout droit : tous les chemins mènent à Rome.
Et le chemin mène à une petite côte barrée, au sommet par un fil métallique. Le terrain derrière le fil semble bien plat. Je sors et je défais le fil . Aïe, une poignée de châtaignes : la clôture était électrifiée. Soudain le ciel devient noir : c’est simplement l’approche massive d’un troupeau de vaches venues faire les curieuses. Bien belles ces vaches, bien calmes aussi. Je regagne quand même la voiture, mais celle-ci, enlisée, refuse de monter la petite butte. Dans les heures qui vont suivre, les vaches vont brouter tranquillement et boire à l’abreuvoir placé là . Sans se soucier de mes appels de phares et de mes coups de klaxon (Ti Ti Ti Taaa : SOS en langage morse). Mais à cause d’elles je ne peux remettre la clôture électrique. Et personne ne me voit ni ne m’entend. Je m’apprête à passer la nuit là car je ne me vois pas prendre le risque de repartir à pieds, et de tomber. Et, non, je n’ai pas de téléphone portable et je n’en veux pas (sauf que cette fois ) [1]
Mais le temps est long. La radio m’accompagne jusqu’Ã ce qu’elle se mette en veille, toute seule, pour économiser l’énergie. Ti Ti Ti Taaa en vain. Je vois, assez proches, passer des voitures derrière des haies. Elles ne peuvent me voir. J’essaie de dormir. Mais dormir avant minuit c’est rare pour moi et je n’ai pas sommeil. La nuque mal appuyée s’ankylose, les jambes non allongées se crispent. Il commence à faire froid : et j’ai oublié que j’avais une couverture de survie dans la boite à gants.
23h30, vais-je rester là jusqu’au petit matin ? Et si l’agriculteur ne vient pas avant 10 heures ? Et s’il reste deux jours sans venir ? Perdue pour perdue, je décide une marche arrière. Je ne suis pas douée dans ce genre de manœuvre. 50 cm par 50 cm, je recule avec la portière entrouverte pour voir où je vais. La voiture chasse. Des fois elle est trop à droite, ou trop à gauche. réavancer un peu puis reculer, tâcher de rester dans le bon chemin .
Par chance, dans les lumières arrière, j’aperçois un chemin à ma gauche. Mais l’accès est en pente raide, je n’y arrive pas. Enfin ça y est et je peux reprendre le chemin et rentrer chez moi. MON lit est le bienvenu ce soir.
Oui mais la clôture électrique non fermée .. L’inquiétude me taraude. Et si elles allaient se promener et provoquer un accident ? Avec google-maps je tape « Pouancé-Herberie » : là je choisis la vue satellite, je réalise que j’ai pris le chemin de la Cheminaie, et que j’ai franchi le pont sur la queue de l’étang de St Aubin, et je peux quasiment trouver l’endroit où je me suis arrêtée. Je fais une copie d’écran, je marque un point rouge et je préviens à la fois la Ferme de l’Herberie et la Mairie de Pouancé où des personnes bien sympa ont pu prévenir l’agriculteur. Celui-ci a remis la clôture électrique et constaté que les vaches se sont bien gardées toutes seules. Ouf !
Moralité : ne pas paniquer. Essayer de s’en tirer seule ! Des fois ça marche, la preuve !