Ecrit le 1er décembre 2010
Gilles Thibaudeau
Ancien comédien, aujourd’hui retraité, Gilles Thibaudeau a de nombreuses passions : réparer sa maison, cuisiner le lapin (avec pruneaux et olives), s’occuper de son chien, manier l’informatique, rencontrer ses amis au marché de Châteaubriant et orpailler !
Orpailler : c’est chercher de l’or dans les cours d’eau. Contrairement à ce qu’on dit, orpailleur ne vient pas du mot « or », mais de l’ancien français : harpailler (« saisir »).
Et pourtant, il est bien question d’or !
De l’or ? Dans nos rivières ? Eh oui ! Dans de nombreux cours d’eau, il est facile de trouver de l’or à la batée. En Bretagne par exemple. Enfin facile voyons voir.
« Dans l’un des spectacles, j’avais un rôle d’orpailleur. Et puis j’ai eu l’occasion de rencontrer Jean Louis Champigny, président fondateur d’ORVAL, association des orpailleurs du Val de Loire. J’ai trouvé un groupe convivial, sympathique, et une activité qui peut intéresser toute une famille, des enfants aux grands-parents. Et je me suis inscrit ! » raconte Gilles Thibaudeau.
On peut chercher de l’or dans toutes les rivières, mais certaines sont plus aurifères que d’autres : les cartes du BRGM les indiquent. La Rance, le Couesnon, le Blavet, l’Oust, les affluents de la Haute Mayenne, etc.
Un filon d’or court en Bretagne de Rennes à Château Gontier. L’or se trouve dans des « placers » (plages de graviers situées dans les rivières), en particules plus ou moins grosses, mélangées au sable des rivières et provenant de la désagrégation de filons. L’or se trouve aussi dans des « failles », anfractuosités rocheuses au fond du lit, ou encore dans des « marmites de géant », cavités creusées dans la roche au cours de millénaires par les alluvions.
Dans le sable des rivières on trouve aussi des plombs de chasse et de belles petites (très petites) pierres : des grenats, des olivines, des hématites, magnétites, pyrites (ou l’or des fous), des saphirs et autres rutiles. Si vous avez la chance de pouvoir les regarder avec un microscope binoculaire, vous découvrirez le monde coloré des pierres précieuses.
Oui, mais l’or ? L’or est un métal très lourd :
– 1 litre d’eau : 1,0 kg
– 1 litre de gravier : 1,8 kg
– 1 litre d’or : 19,3 kg
Quand l’eau d’une rivière ralentit, il se fait des dépôts, des limons. s’il y a de l’or, il précipite le premier, au plus profond. On peut le trouver en poudre (on parle de farine), en points, en paillettes, en grains ou en pépites, selon la grosseur. c’est un métal jaune, qui ne brille pas. Et rien d’autre n’est jaune comme ça. Quand on en a vu une fois, on le reconnaît facilement.
On peut orpailler seul, ou en sorties organisées (vers Pontivy, le Gard, l’ariège) avec un matériel spécifique.
Le matériel :
1- pied de biche2 - hublot3- piochon4- petite pelle à bords ourlés et relevés5- batée de compétition6- pelle aux côtés relevés7- rampe de lavage8- seau, et étui pour les éprouvettes9- chapeau chinois (ou batée)10- pan11-tamis
Allons-y ! « Avec la pelle, on ramasse une certaine quantité de sable que l’on verse sur le tamis, au dessus de la batée. Le tamis retient les plus gros morceaux de graviers et gravillons. Ensuite on malaxe le contenu du chapeau chinois pour éliminer la terre collée aux morceaux : c’est ce qu’on appelle le débourbage. Puis on crée des vagues pour que les éléments les plus légers, se trouvant à la surface, puissent être éliminés » raconte Gilles.
Tout cela se fait dans l’eau, bien entendu. L’orpailleur patouille ! Il crée un tourbillon, rajoute de l’eau, donne différents mouvements à sa batée, jusqu’Ã ce qu’il ne reste qu’un petit tas de sable fin : des sables lourds, souvent noirs ou grenats.
« On continue à laver le sable, à lui donner un mouvement tournant et tout à coup c’est le miracle : une poussière d’or, vision fugitive, qu’il faut aller chercher avec délicatesse ». Un peu d’eau dans l’éprouvette, un doigt un peu gras (si on l’a frotté derrière l’oreille) : l’or est piégé. L’orpailleur est motivé pour continuer à chercher.
Une question revient souvent : « Mercure, arsenic, cyanure... qu’en est-il ? » Soyons clairs, les orpailleurs amateurs condamnent avec la plus grande fermeté l’emploi de ces produits (qui n’ont d’ailleurs aucune utilité dans le cadre de l’orpaillage de loisir !).
Championnats
A côté de la prospection-loisir, il existe des championnats régionaux, nationaux, internationaux. Gilles Thibaudeau a été médaille d’argent cette année lors du trophée régional. « Chacun dispose d’un carré d’eau de 1,5 m de côté et d’un seau de 10 litres de sable dans lequel les organisateurs ont placé un certain nombre de paillettes, tenu secret. Au signal commence l’orpaillage, avec matériel libre ou batée de concours. c’est à celui qui mettra le moins de temps. Mon meilleur temps : 6 minutes. déclaré champion du monde cet été en Tchéquie, un Finlandais a réussi en 1mn et 10 sec. Quand on a épuisé son seau de sable, on se présente au contrôle, pour faire compter les paillettes récupérées. Chaque paillette manquante coûte 3 minutes ».
Les usages de l’or
Avec l’or on fait des bijoux, des médailles, des peintures. Les orfèvres, les bijoutiers et les joailliers travaillent rarement l’or pur, ils le mélangent au cuivre, à l’argent, au fer, à l’aluminium ...
L’or a aussi des usages industriels : avec 1 g d’or, on peut faire un fil de 3 km de long. Ses propriétés lui valent une place de choix dans l’élimination du rayonnement solaire, la conductibilité dans les circuits imprimés informatiques, la résistance aux radiations pour les satellites, l’anti-détection des avions ... etc.
l’association ORVAL, qui ne perçoit aucune subvention, tire ses ressources des cotisations de ses membres et en organisant des « stages-découverte » peu onéreux ouverts à tous (individuels et groupes), parfois aussi en proposant une animation aux professionnels de ’’Salons spécialisés’’ et aux ’’Bourses aux minéraux’’.
Contact http://orval.mine.nu/) -
Autre lien intéressant sur l’orpaillage :
http://www.orpaillage.fr/frames.html