Ecrit le 4 janvier 2012
La fontaine au cresson

Au siècle dernier, le cresson était « cultivé » à Châteaubriant. Les cressonnières étaient alimentées en eau par la Chère et le Rollard. Le cresson dit « de fontaine » contient des vitamines en quantité et aussi des métaux, ce qui lui donne des vertus médicinales. La plante est aussi l’objet de croyances populaires : elle peut retarder la calvitie, atténuer les effets de l’ivresse et était réputée avoir quelques vertus aphrodisiaques ...

De récents débroussaillages ont mis à jour cette cressonnière oubliée depuis longtemps (sur un terrain, derrière le théâtre de Verre et le vieux bâtiment d’une coopérative agricole). Elle va disparaître lors de la construction prévue à cet endroit. Une autre existait encore dans les années 50 près de la fontaine Saint Jean. Reste-t-il encore d’autres traces de cette activité dans notre ville ?
Ecrit le 9 novembre 2011
Souvenirs : La cabane à Arthur

Dans le cimetière de Béré à Châteaubriant, le vieux, celui qui est près de l’église, il y a deux maisons. L’une a servi longtemps d’habitation au gardien et à sa famille. L’autre située à l’est est insérée dans le mur de clôture. Il y a 50 ans le fossoyeur et les marbriers l’appelaient « la cabane à Arthur ». On y rangeait les outils et même un jour une horrible autopsie s’y tint. On s’y abritait aussi les jours d’orage. On y buvait un coup de cidre en attendant l’accalmie.
La cabane à Arthur, porte le prénom de son dernier occupant Arthur Riochet. Dans les années 20, celui-ci, célibataire, gravement manchot de la guerre 14.18, améliorait sa pension en faisant les jardins des bourgeois castelbriantais. Le soir, sa journée faite, après avoir chassé les enfants du voisinage qui le tourmentaient d’autant plus qu’il était handicapé et ne disposait que d’une main pour les attraper, il lui arrivait de grimper par une échelle sur le mur du cimetière, un litre dans la poche et d’y tenir discours aux trépassés : « il y en a parmi vous qui étaient avec moi à Verdun, debout les morts ! il y a un coup à boire ».
Puis le cimetière étant devenu trop petit, il fut décidé une extension et la cabane à Arthur devint la cabane à outils. Et Arthur .... tout le monde l’a oublié bien sûr.
Ecrit le 23 mars 2012
Au cimetière : à trois
Il avait travaillé dur toute sa vie. D’abord à la ferme et après le service militaire à la mine. Il venait de commencer à percevoir sa pension de retraité quand sa femme qui avait élevé leurs enfants et tenu la maison, mourut.

Quelques semaines plus tard, un mercredi jour de marché, il se rendit à la ville voisine chez un marbrier réputé pour y passer commande. L’artisan présenta ses modèles et son tarif. C’est une croix ornée de cannelures verticales qui eut la préférence. Un acompte fut versé. 2 chopines, chacun la sienne, scellèrent la vente.
Dans le cimetière, le jour de la pose du monument, un vieil italien triste, mineur retraité lui aussi observait les travaux avec attention. Il s’approcha au plus près des ouvriers et finit par demander pourquoi les cannelures n’étaient pas dorées à l’or fin comme celles d’une grosse stèle voisine (un autre modèle au catalogue du marbrier). Il proposa de payer lui même les frais supplémentaires car ... expliqua-t-il la femme qui reposait là était certes une épouse mais aussi sa maîtresse et il souhaitait ainsi manifester son souvenir et son chagrin d’une manière plus forte
que les fleurs qu’il apportait régulièrement à l’occasion de sa visite quotidienne.
Le marchand de funéraire (originaire du piémont) était dans une situation quasi cornélienne. D’une part un client dont il faut respecter la commande et d’autre part ce vieux compatriote sur le point de fondre en larmes. Que croyez-vous qu’il arriva ? L’amant enfourcha son vélo, ramena le mari qui donna son accord et c’est ainsi que cette petite histoire fut dorée dans le marbre. Elle l’est toujours.
(Histoire vraie vue et racontée par A.Borgone - qui avait 15 ans à l’époque.
Le marbrier était M. Alotto)