Ecrit le 29 février 2012
Nouvelle soirée de réflexion des Potes de-(s) Sept Lieux, avec Brigitte Veber psychologue, à Derval. Une bonne quarantaine de personnes dont deux hommes seulement. Tiens, l’éducation des enfants n’intéresse pas ces messieurs ? Sujet de la soirée : comment chaque enfant trouve-t-il sa place dans la famille ? Comment accepter le partage des parents, et surtout de la mère, avec un autre, sans un sentiment d’abandon, sans un sentiment d’exclusion, de perte d’identité ? « Qu’est-ce que j’ai fait pour décevoir mes parents, pour qu’ils aient fait un autre enfant ? ».
Le rêve de l’enfant unique
Face à cette question angoissante, l’enfant développe des stratégies différentes, conscientes ou inconscientes, pour vérifier qu’il compte encore, pour éviter qu’on l’oublie. Cela peut être la régression (le bien connu retour au pipi au lit), ou l’agression, ou les cauchemars voire la maladie.
L’enfant peut se mettre à refuser tout et n’importe quoi. « Si je fais mes devoirs tout seul, Maman ne va plus s’occuper de moi, elle va aller faire autre chose ». Brigitte Veber raconte : « Une fillette se sentait mal dans la famille. Il a suffi d’un après-midi de vélo avec son père, rien que pour elle, pour qu’elle soit transformée ».
Quelquefois cette somatisation va jusqu’Ã la maladie. La famille emmène alors l’enfant chez le médecin, ou le psychologue. Pour lui c’est un vrai bonheur : on s’occupe de lui seul, il a une place ! Chaque enfant rêve d’être l’unique de l’autre, de compter entièrement pour l’autre. « Il faut s’inquiéter des enfants trop gentils, trop modèles, trop passifs : ces attitudes sont le signe d’une annulation émotionnelle, d’un refoulement des véritables sentiments. On n’en meurt pas. L’émotion se manifestera un jour, par exemple à travers une prise de pouvoir, un autoritarisme ».
Le sentiment des enfants est compliqué par celui des parents ! Ceux-ci projettent sur les enfants ce qu’ils ont vécu autrefois. « Par exemple, un père rejetait son fils parce qu’il lui rappelait trop son frère aîné qui l’avait humilié maintes fois quand il était lui-même enfant. Quand il a pris conscience de cela, les choses se sont arrangées et le fils a cessé de bégayer ! ».
L’aîné
Dans une fratrie, chaque enfant a une histoire particulière. Personne ne peut dire : « j’ai élevé mes enfants de la même façon ».
L’aîné (ou aînée) est chargé d’une foule d’inquiétudes en cours de grossesse. Lorsqu’il arrive, il est la 8e merveille du monde. Il sera le seul de la fratrie à avoir été enfant unique.
La naissance du cadet est pour lui un cataclysme. L’aîné se demande si on va l’aimer autant. Certains refusent le statut de « grand », certains stoppent même leur croissance. Les angoisses se manifestent par de l’agressivité ou une extrême gentillesse qui n’exclut pas le tourment de ne pas être assez à la hauteur. La famille vient voir le petit et a tendance à négliger le grand. Celui-ci a parfois des difficultés d’endormissement, par crainte d’être abandonné à la faveur de la nuit. L’aîné fait tout pour qu’on l’aime absolument. Il a le désir d’avoir plus, de réussir mieux. Cela peut se manifester plus tard par une incapacité à s’attacher à quelqu’un, de peur d’être à nouveau lâché.
Si la naissance du cadet coïncide avec l’entrée à l’école, cela peut aggraver l’inquiétude de l’aîné. C’est au papa de prendre le relais de la maman, pour rassurer, valoriser, accompagner l’ainé.
Le cadet
La vie du cadet n’est pas plus facile, surtout si on lui demande de réparer ce qui a pu mal se passer pour le premier. On connaît le cas des enfants-médicaments, prévus pour effacer le souvenir d’une IVG, pour remplacer un premier bébé décédé, ou pour donner un organe à l’aîné, ou pour ressouder un couple. C’est plutôt morbide comme atmosphère ! Heureusement ce n’est pas souvent le cas.
Pour le second enfant, les parents sont plus détendus que pour le premier, ils ont l’expérience. Le cadet bénéficie des libertés accordées à l’aîné et de la place du petit dernier jusqu’au moment où arrive le troisième bébé. Statistiquement, le cadet est celui dont les parents s’occupent le moins. Il se sent le moins aimé, il se dit qu’il est le moins intelligent. Mais par ailleurs, il peut recueillir beaucoup de positif dans ses relations avec le premier et avec le troisième. Souvent le second acquiert des capacités de négociation, de générosité, de partage.
Le benjamin
Et voilà le troisième ! Il bénéficie de l’initiation des deux grands. Face à lui, les deux aînés ont des crises de jalousie « à son âge, je n’avais pas ... », ils craignent qu’il soit plus aimé qu’eux. Le troisième peut se trouver dans une situation difficile : ligué avec le deuxième contre le premier, ou récoltant la colère et le rejet des deux aînés surtout s’il perturbe leurs jeux et leur tranquillité. Et en même temps, il est surprotégé. Inconsciemment les parents souhaitent qu’il reste petit plus longtemps. Il faut que les parents aient des exigences avec lui, lui donnent des responsabilités (par exemple mettre les couverts sur la table) pour éviter de l’infantiliser.
Finalement, il n’y a pas une place qui vaille mieux qu’une autre. Il appartient aux parents de montrer à chaque enfant qu’on l’apprécie, lui. Et de lui dire qu’on l’aime, lui. Accorder du temps à chaque enfant en exprimant le plaisir d’être avec lui.
Pour chaque enfant : cultiver la singularité
Il faut éviter toute comparaison surtout sur les résultats scolaires, du genre « tu vois, ta soeur est bonne en maths, elle ». Permettre à l’enfant d’être lui-même. Une fillette raconte : « On m’a dit : tu es tout le portrait de ta grand-mère. Elle est morte ma grand-mère et en plus je ne la trouve pas belle ». Il faut éviter les jugements définitifs du genre : « Tu es désagréable ». Il vaut mieux dire « Ton comportement est désagréable ».
La confiance en soi, l’estime de soi, cela se construit, Quelques paroles peuvent faire basculer la vie d’un enfant. Une personne âgée se souvient qu’on lui a dit, quand elle était jeune, dans une circonstance qu’elle n’a pas mémorisée : « Tu es une sale bête ». Elle en a été marquée toute sa vie.
Que chaque enfant ait sa coupe de cheveux, ses vêtements, son activité particulière, sa singularité. Si l’un fait du foot, il faut choisir un autre sport pour le second. Attention au mimétisme. Et si le cadet veut faire comme l’aîné, lui expliquer que ses parents aiment la diversité.
Trouver en chacun les compétences à valoriser et dire à un enfant qu’on l’aime, même s’il n’est pas le meilleur dans une discipline. Veiller aussi à ce que chaque enfant ait son territoire particulier et éviter les intrusions. Il est normal de frapper avant d’entrer dans l’espace de chacun.
Et rendez-vous à la prochaine soirée des Potes de(s) Sept lieux !
Ecrit le 7 novembre 2012
Insolence
L’association Les Potes de(s) Sept Lieux " tiendra son assemblée générale le 8 novembre 20h00 salle municipale de Derval (route de Rennes, face au lycée agricole).
Le 15 novembre 2012 à Mouais, l’association a invité Brigitte Veber, psychothérapeute, sur le thème : " De l’insolence à la violence : jusqu’où peuvent aller nos ados, pré-ados ?
à 20h30 salle municipale de Mouais (près du terrain de foot)
Renseignements : 02 28 50 46 39