Ecrit le 14 mars 2012
Frédéric Mauret est architecte de formation. Il a souhaité approfondir son métier en entrant à L’Ecole de Chaillot, établissement public d’enseignement supérieur ouvert sur concours à des architectes déjà diplômés (deux ans de formation supplémentaires), pour devenir architecte du patrimoine. Dans le cadre de cette école, il a eu l’idée de mener une étude sur la ville de Châteaubriant.
Cette étude est un regard extérieur sur le développement d’un quartier historique en lien avec le développement urbain, et notamment l’importance de la gare comme porte de ville et lien direct avec les villes de Rennes et Nantes. Nous en reprenons de larges extraits.
L’implantation de la commune remonte à l’époque romaine, avec un poste militaire appelé Cadetum, construit près de Béré, là où passait la voie antique reliant les villes de Rennes et d’Angers [Ndlr : rappelons qu’on a trouvé à Béré une vingtaine de pièces de monnaies attestant l’existence d’un atelier monétaire, vers 270-275, au temps de l’empereur Tétricus).
L’implantation du château de Brient, au XIe siècle, sur un éperon rocheux, au confluent de la Chère et du Rollard, permet en ces temps de guerre, de contenir la menace angevine et s’inscrit dans le dispositif militaire établi sur la Marche de Bretagne. La ville de Châteaubriant est un exemple d’agglomération fondée sur des origines médiévales associées à un fort développement industriel lié à la présence de nombreux cours d’eau, de forêts et d’un sous-sol riche en minerais.
Le XIXe siècle est marqué par un essor économique sans précédent, l’arrivée du train bouleverse le paysage industriel. Les activités hydrauliques sont peu à peu abandonnées au profit d’activités industrielles lourdes engendrant un fort développement de la périphérie urbaine ()
Au XXe siècle la ville continue son extension. A l’Est la frontière des voies ferrées est franchie. A l’Ouest l’emplacement de la Foire de Béré crée une limite brutale. La ville va principalement se développer au Sud : grands ensembles, activités, alors que le Nord accueille de l’habitat privé articulé autour d’étangs.
Selon Frédéric Mauret, Châteaubriant apparaît aujourd’hui comme une ville isolée, en perte de vitesse, mal desservie par le réseau rapide, à l’écart des voies rapides reliant les grandes villes de la région. Créée comme ville-frontière, elle l’est encore aujourd’hui et ne participe pas à la croissance générale des Pays de la Loire et de Bretagne.
Les industries s’affaiblissent et les dessertes routières et ferroviaires depuis Nantes, Rennes et Angers sont mauvaises. Chef lieu d’un bassin de vie encore indépendant, la ville n’appartient pas aux bassins d’emploi de Nantes ou de Rennes. Le Pays de Châteaubriant constitue bien une région spécifique. (Ndlr : ceci a été écrit en juin 2011).
Cependant on peut espérer que des personnes travaillant à Nantes trouveront Châteaubriant attractive dès qu’existera la liaison Tram-Train qui reliera les deux villes en moins d’une heure. Ce projet de Tram-Train est un enjeu majeur pour le développement futur de Châteaubriant.
Une nouvelle phase de développement
La ville se doit d’engager, dans la continuité de ses acquis, une nouvelle phase de son développement afin de se positionner dans les problématiques du XXIe siècle, à la fois patrimoniales, environnementales, sociales et économiques. Sa proximité avec les villes de Rennes-Angers-Nantes-Laval est un atout majeur
Une telle approche permettrait à Châteaubriant d’offrir le choix aux travailleurs des grandes villes périphériques d’accéder à cette qualité de vie, sans souffrir quotidiennement de temps de transports importants. Les Castelbriantais eux-mêmes pourraient avoir le choix de l’exode alors qu’ils sont parfois contraints par la localisation de leur emploi, de résider dans une grande ville.
Le périmètre d’étude retenu par Frédéric Mauret, fait la jonction entre la gare et le centre-ville historique. Regroupant des espaces publics et privés en déserrance, ce secteur représente cependant un fort potentiel dans le développement de la ville. Il est délimité par :
- - l’axe médiéval (Grand Rue)
- - la percée réalisée au XIXe siècle (rue Aristide Briand/Rue Michel Grimault)
- - le château et la Place Charles de Gaulle
- - la rue de la gare et la rue des Vauzelles
L’avenue de la gare
Frédéric Mauret imagine l’actuelle Rue Henry Dunant, totalement modifiée, avec des commerçants et artisans du côté de l’école des Terrasses (puis progressivement du côté des pavillons situés en face), créant ainsi « l’avenue de la Gare ».


(Photo ci-dessus : projet d’aménagement de la rue Henry Dunant qui pourrait devenir une belle Avenue de la Gare)
Cette rue nouvelle et animée déboucherait directement sur la gare, et, à l’autre extrémité, sur l’arrière du théâtre de Verre où pourraient être aménagées des structures diverses (café, restaurant, lieu d’exposition). Cette rue nouvelle permettrait d’atteindre rapidement le centre ville : rue Aristide Briand, place de la Motte.

(Photo ci-dessus : projet d’aménagement de l’arrière du théâtre de Verre)
L’ancien hangar situé sur le parking arrière du théâtre de Verre pourrait être requalifié en bâtiment public.
L’ensemble de maisons autour de la Rue Clemenceau garderait son caractère de lotissement résidentiel ; la rue elle-même étant réservée à la circulation interne.
Le cœur d’ilôt situé entre les anciens remparts, la rue du pélican et l’hôtel de la Bothelière pourrait être aménagé pour accueillir des jardins publics et privés structurés par des promenades publiques (réaménagement des anciens remparts, traversées d’ilot, etc) .
Evidemment tout ceci est fort ambitieux et ne pourrait se réaliser en quelques années, mais cela mérite au moins qu’on y réfléchisse. Mais l’étude de Frédéric Mauret n’a malheureusement pas pu être présentée aux élus de Châteaubriant qui n’ont pas souhaité la connaître.
[Ndlr : Dans l’état actuel des projets, la Com’Com’ a prévu d’installer des commerces et services sur le site de la gare, dans l’ancien hangar encore debout, tournant ainsi le dos au centre-ville. Par ailleurs la Com’Com’ estime que la gare actuelle est proche du centre-ville alors que, en réalité, entre la gare et le centre-ville il n’y a que de rares commerces mais ni café, ni restaurant, ni boulanger, ni épicier On peut donc s’inquiéter !].
En conclusion, selon Frédéric Mauret : « Châteaubriant doit affirmer et revendiquer son identité propre en complémentarité des villes de Rennes et Nantes limitrophes. La qualité de vie qui en découle est un atout réel pour le développement de la ville. Il est souhaitable de faire de l’apparente faiblesse de Châteaubriant : son isolement, un atout pour son développement. Ceci passe notamment par la restructuration du quartier de la gare, en nouvelle porte de ville, en lien avec le centre historique » .
Contact : Frédéric Mauret, Nantes