Ecrit le 6 mai 2001 :
Réflexion :La langue du vainqueur
L’histoire des nations prouve que le vainqueur assoit définitivement sa domination lorsque le vaincu finit par adopter sa langue. Si l’on se fie à ce constat, la victoire du capitalisme anglo-saxon triomphant est proche. Au détour d’un banal article du projet de loi portant sur les mesures d’urgence à caractère économique et financier, adopté dans la nuit du mercredi 2 au jeudi 3 mai 2001, les députés français ont baissé la garde devant l’impérialisme de l’anglais, sous prétexte que « on ne doit pas pénaliser la place de Paris » et que plus de 40 % des investisseurs (Ã la Bourse) sont des étrangers.
Le gouvernement proposait, à l’origine, que les documents soient « rédigés dans une langue usuelle en matière financière », autrement dit en anglais. Quelques vaillants députés ont bataillé, tard dans la nuit, pour amender ce texte qui dit maintenant que le document adressé aux actionnaires sera désormais « rédigé en français, ou, dans les cas définis par le règlement, dans une autre langue usuelle en matière financière. Il doit être alors accompagné d’un résumé rédigé en français ». Ainsi, mine de rien, l’anglais risque de devenir la règle en matière boursière avec juste un résumé en français.
Le Conseil d’Etat avait annulé, en décembre 2000, une disposition en tous points similaire qui figurait dans un arrêté du ministre de l’économie, en disant qu’elle contredisait la loi de 1994 sur la défense de la langue française. Le Conseil d’Etat avait alors rappelé que la loi faisait obligation de présenter une version en langue française « aussi lisible, audible ou intelligible que la présentation en langues étrangères ».
Le gouvernement et le législateur d’aujourd’hui semblent prêts à renier ceux de 1994. Ne reste plus que le Conseil constitutionnel, s’il est saisi par soixante députés ou sénateurs, pour empêcher cette nouvelle avancée de la langue anglaise, en s’appuyant notamment sur un article de la Constitution qui dispose que « la langue de la République est le français ».
A l’heure où le premier ministre, Lionel Jospin, affirme que si on ne peut aller à l’encontre de l’économie de marché, on peut au moins résister à la « société de marché », faire entrer la langue du conquérant dans les moeurs n’est peut-être pas le meilleur moyen d’immuniser les esprits.
On sait déjà depuis longtemps que derrière la « share-holder value » et le « corporate governance » se cache une idéologie qui place l’actionnaire au cœur des décisions stratégiques des entreprises (on l’a vu récemment pour Danone, relire La Mée du 11 avril 2001). La France n’a ni les moyens ni l’ambition de s’opposer à ce modèle efficace de fonctionnement de l’économie. Mais adopter son vocabulaire, c’est se priver des moyens de faire entendre ses petites différences. Et on ne voit vraiment pas en quoi imposer une traduction in extenso des documents d’information en français pénaliserait les entreprises. Peut-être faudra-t-il bientôt s’y faire : si l’argent n’a pas d’odeur, il aura bientôt un accent.
Extraits d’un article de Christophe Jakubyszyn - Le Monde du 6 mai 2001
Ecrit le 9 janvier 2008
Le langage SMS
Le langage SMS consiste à réduire les mots à leur plus simple expression écrite. Abréviations et sigles donc largement utilisés (MDR, a+, kdo, lol,...).
Il existe par ailleurs un service de tra-duction SMS / Français qui permet de traduire un message écrit en SMS en une langue plus compréhensible
Maux de mots, lisez au delà des mots. Euphémisation, hyperbolisation