Ecrit le 11 décembre 2013
La gendarmerie, Munich et la liberté
Le 25 novembre a eu lieu à Nantes une Rencontre Régionale du Logiciel Libre et du Secteur Public à l’initiative de la Région Pays de Loire. Cette collectivité est innovante en la matière puisqu’elle a fourni aux élèves des classes de seconde des ordinateurs équipés du système Ubuntu. Mais elle sait aussi qu’il y a de fortes inquiétudes dans les collectivités locales qui se demandent si un système libre peut les concerner sans risques !
Il y a un an, le 19 septembre 2012, le Premier ministre Jean-Marc Ayrault présentait dans une circulaire les orientations et recommandations sur le bon usage des logiciels libres dans l’administration française. Le 9 juillet 2013, l’Assemblée Nationale a adopté, dans le projet de loi relatif à l’enseignement supérieur et à la recherche, un article donnant la priorité au logiciel libre pour les services et ressources pédagogiques numériques mises à disposition par le service public de l’enseignement supérieur.
Il est maintenant indéniable que les logiciels libres sont un véritable atout pour les collectivités et services publics. Et en juin 2013, la Commission Européenne a produit un rapport estimant que plus d’un milliard d’euros d’économies seraient possibles si le secteur public veillait à bâtir des systèmes d’informations fondés sur des standards ouverts.
Les Rencontres Régionales du Logiciel Libre et du Secteur Public s’adressaient aussi bien aux administratifs qu’aux élus des communes qui y ont trouvé des réponses à leurs problématiques. Parce que un logiciel libre c’est :
-  un outil pérenne et évolutif, avec un écosystème riche de prestataires professionnels spécialisés dans les solutions ;
-  un investissement modéré et efficace, avec des coûts avantageux car axés sur le service et non la licence d’utilisation.
La rencontre de Nantes, après celle de Rennes (5 novembre) et de Brest (14 novembre) a proposé des retours d’expériences.
Par exemple, au Loroux-Bottereau : Les services techniques avaient jusqu’ici fonctionné avec un suivi uniquement papier à travers des fiches d’interventions selon le service concerné. « Les demandes diverses de la part des écoles, des élus et des citoyens s’accumulent parfois de manière impressionnante. La traçabilité devient alors un réel casse-tête pour s’assurer de la bonne réalisation des tâches. Pour la mairie, l’objectif à court terme est d’abord de simplifier la saisie des demandes et d’obtenir automatiquement un suivi des interventions. Les responsables des services interagissent directement avec l’accueil. Le système de validation leur permet de notifier le demandeur de la prise en charge. Ils priorisent les interventions en indiquant à leurs agents une date butoir. Enfin ils effectuent le relevé des tâches avec la durée réelle et les agents concernés. L’objectif à long terme est de mieux analyser les travaux avec une répartition par service, par site, par bâtiment, par période, etc ... ». La communauté d’agglomération de La Rochelle utilise un système libre pour gestion de courrier, gestion des délibérations, parapheur électronique.
GendBuntu et Munich
Toujours en France, la gendarmerie s’est trouvée affrontée à la fin de la distribution de Windows XP et à son remplacement inévitable par une édition ultérieure de Windows, sur les ordinateurs gouvernementaux. Cela signifiait qu’elle aurait dû engager d’importantes dépenses de formation du personnel, même si elle avait continué à utiliser des logiciels propriétaires. Elle s’est donc orientée vers les logiciels libres. "¨La Gendarmerie est venue progressivement à Ubuntu, en utilisant dès 2004 la suite OpenOffice, puis Mozilla Firefox, puis Thunderbird. Actuellement 90% des 10 000 ordinateurs achetés par la Gendarmerie chaque année le sont sans système d’exploitation, et GendBuntu y est installée par le service technique de la Gendarmerie. D’ici la fin de l’été 2014, la Gendarmerie Nationale aura migré 72 000 postes de travail vers une distribution Ubuntu (baptisée GendBuntu) .
Depuis 2005 la ville de Munich (Autriche) a installé Linux (Ubuntu) sur ses 15 000 ordinateurs. Actuellement, alors qu’un tiers des ordinateurs particuliers de la ville serait encore équipé de Windows XP, la ville profite de l’arrêt des mises à jour de Windows XP, programmé le 8 avril 2014, pour proposer une alternative à ses habitants. Ainsi, 2 000 CD-Rom sont mis à leur disposition dans les bibliothèques pour leur permettre d’installer Ubuntu. C’est pas une petite ville, Munich, c’est quand même... 1 400 000 habitants !
Candidats.fr
A l’approche des élections municipales de mars 2014, l’april (Association pour la Promotion et la Recherche en Informatique Libre) et son initiative Candidats.fr viennent de lancer une campagne visant à faire signer à un maximum de candidats le « Pacte du logiciel libre ».
Engagements :
- - Faire développer et utiliser prioritairement des logiciels libres et des standards ouverts dans les établissements, administrations, services et lieux publics placés sous l’autorité de la collectivité ou gérés par ses partenaires,
- - Accompagner systématiquement ces initiatives en sensibilisant les publics amenés à en bénéficier.