Écrit le 10 février 2016
Le rapport « Suicide, connaître pour prévenir » de janvier 2016, fait le point sur les connaissances récentes et les questions encore en suspens concernant le rôle joué par les facteurs de risque et de protection du suicide, facteurs de santé, socio-économiques, démographiques et biologiques. La connaissance de l’articulation des multiples facteurs de risque et de protection du suicide est en effet cruciale pour améliorer l’efficacité de la prévention.
En 2012, le suicide a causé la mort de 9715 personnes en France métropolitaine,
soit près de 27 décès par jour, loin devant la mortalité routière qui s’est élevée, cette même année, à 3426 victimes.
De la pré-adolecence au grand âge, le suicide concerne l’ensemble de la société même s’il se pose avec plus d’acuité pour les hommes et chez les personnes âgées. 75 % des décès par suicide sont masculins. La surmortalité masculine est présente à tous les âges, bien que davantage marquée entre 25 et 44 ans où la part des décès masculins avoisine 80 %.
Le taux standardisé de mortalité par suicide s’établit, tous âges confondus, à 16,7 pour 100 000 en France métropolitaine en 2012. Deux ’’pics’’ sont relevés : le premier entre 45 et 54 ans, où il atteint 25,1 pour 100 000, le second à partir de 75 ans où le taux dépasse 30 pour 100 000.
Au-delà de ces chiffres, il est nécessaire de prendre en compte les personnes particulièrement vulnérables, soit parce qu’elles ont déjà réalisé une tentative de suicide, soit parce qu’elles déclarent avoir des pensées suicidaires, soit parce qu’elles ont été confrontées à la problématique du suicide dans leur entourage. En France métropolitaine, le nombre de tentatives de suicide est estimé à environ 200 000 par an, 20 fois plus que le nombre de suicides.
L’énumération de ces statistiques permet de mesurer combien la question du comportement suicidaire est un enjeu de santé publique qui concerne un nombre élevé d’hommes et de femmes en France : selon un programme de recherche mené entre 2007 et 2010 sur l’impact des suicides et des tentatives de suicide sur l’entourage, pour chaque décès par suicide, 26 personnes sont directement ou indirectement endeuillées, soit environ 300 000 personnes chaque année, auxquelles il faut ajouter 3 750 000 Français touchés par la tentative de suicide d’un proche.
Les actions de prévention sur le terrain sont nombreuses par le biais du tissu associatif ou des réseaux des professionnels de santé. Sur une longue période d’observation, on constate la diminution du nombre de suicides mais pas suffisamment !
Pays de Loire : trop fort
La mortalité par suicide en Pays de la Loire est en moyenne de 26 % supérieure au taux national (+24 % chez les hommes et +25 % chez les femmes). Les taux en Sarthe et en Mayenne sont respectivement de 36 % et 19 %.
Différents facteurs peuvent favoriser ou provoquer une tentative de suicide : des troubles mentaux, mais aussi le poids de certaines maladies telles que les cancers,
la maltraitance infantile, les facteurs socio-économiques (isolement, chômage), l’exclusion sociale, le niveau de revenu…
« les politiques de prévention devraient cibler les facteurs socio-économiques pour faire évoluer le taux de suicide à long terme » dit le rapport.
[Ndlr : on sait que la région de Châteaubriant a un taux de suicide très important. Mais comme disait un Conseiller Général castelbriantais, il n’y a pas de problème de santé mentale ici et pourtant un de ses fils s’était suicidé. Le combat des malades est un combat mené dans la solitude. Le climat général en pays castelbriantais où il existe peu de solidarités, où c’est difficile de vivre pour les plus faibles, a le taux de suicide qu’il mérite… hélas !]
Des programmes de prévention du suicide sont nécessaires, mais aussi d’autres actions plus ciblées en sachant qu’il est difficile de tracer une frontière entre une démarche de soutien et une démarche interventionniste qui pourrait aller à l’encontre du droit de chacun à décider pour soi-même de sa vie.