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Ecrit le 2 juin 2021
Les 15 derniers mois ont démontré à quel point il est nécessaire d’avoir un service de santé en bonne santé. Pourtant, au centre hospitalier de Châteaubriant-Nozay -Pouancé, la situation se dégrade. Le syndicat CFDT s’en fait l’écho en disant : il y a un problème de recrutement du personnel médical et para-médical, et des lits fermés.
Personnel médical : on manque de médecins gériatres en Loire-Atlantique et à plus forte raison dans le secteur de Châteaubriant, où, pourtant, 70 % des malades-ou-résidents sont des personnes âgées. Le GHT (groupement hospitalier territorial) nous trouve des médecins dans les disciplines attractives, mais pas pour les personnes âgées ! [NDLR : faudra-t-il en arriver à salarier des médecins ?]
Personnel para-médical : De plus en plus les infirmières et aide-soignantes manquent. LÃ aussi se fait sentir le man-que d’attractivité du territoire. Et la politique managériale du directeur n’arrange rien : pas de planning, le personnel est baladé d’un service à un autre, ce qui ne favorise pas le suivi des patients.
Des lits fermés : pour tenir compte du personnel insuffisant, la Direction a fermé 15 lits à Nozay jusqu’au ce qu’elle trouve un médecin. Et le service SSR (soins de suite et réadaptation) est fermé à Pouancé du 1er juin à début septembre sauf s’il peut y avoir arrivée d’un médecin.
De plus, le centre de santé de Pouancé est menacé de fermeture ce qui permettrait au directeur du Centre Hospitalier de les diriger ses infirmiers et aide-soignantes vers un autre service. Pour l’instant le personnel a le soutien des élus du Maine-et-Loire.
Sans service SSr à Nozay et Pouancé, c’est tant pis pour les personnes qui ont du mal à se relever du Covid, tant pis pour les personnes qui, après une opération, sont incapables de rentrer tout de suite chez elles. Elles devront faire appel aux services SSIAD mais ceux-ci n’ont quasiment pas de places et renvoient vers les infirmières libérales qui, déjà , sont saturées. Une solution serait l’admission en maison de retraite, au moins pour un temps, mais là aussi, les places sont quasiment inexistantes.
La direction de l’hôpital gère à la petite semaine Comme on le voit, on se dirige vers la catastrophe dans les semaines qui viennent, sauf que les malades n’iront pas crier leur désarroi dans la presse !
Un système de santé qui coule
Frédéric Valletoux, président de la fédération hospitalière de France, était l’invité de radioclassique mardi 25 mai.
Suite à une première étape de levée des restrictions depuis le 19 mai la situation épidémique semble toujours se diriger vers une nette amélioration, « l’hôpital retrouve de l’oxygène et va pouvoir à nouveau prendre en charge tous les patients ». Il n’y aura pas pour autant une baisse de rythme pour le personnel soignant : « pour les hospitaliers, l’été ne va pas signifier une baisse d’activité (...) il y aura le rattrapage autant que possible des autres maladies ».
Des conséquences sanitaires graves sont prévisibles après les déprogrammations de soins qui ont été inévitables : « on estimera l’effet concret dans quelques temps mais il y aura eu des pertes de chances réelles () surtout dans le cas de maladies que l’on détecte plus tard, le cancer notamment ».
déserts médicaux
Le président de la fédération hospitalière dénonce un système de santé français en pleine déliquescence, dont l’un des principaux symptômes n’est pas le mauvais état de ses hôpitaux mais bien les déserts médicaux déjà existants ou sur le point de l’être faute de médecins dans les régions rurales : « La crise du système de santé est réellement là , pas tellement entre les quatre murs de l’hôpital () notre crise est la crise de la médecine de ville () des territoires entiers n’ont ni médecins ni spécialistes, et un hôpital n’est pas un centre de soin de proximité qui prend en charge l’ensemble des Français »
« Cette crise nous a montré que les Français tiennent à leur système de santé, que notre système est malade et fragile et que seul un remède de cheval avec des mesures volontaristes pourra le sauver ».
Atelier santé-ville
A Châteaubriant le quartier de La Ville aux Roses est classé : quartier prioritaire.
Pourquoi ne pas y organiser un ASV : atelier santé ville (ASV) pour contribuer à la réduction des inégalités sociales et territoriales de santé ?
La première mission des ASV est de réaliser un diagnostic territorial de santé partagé afin d’identifier, au niveau local, les besoins spécifiques des populations des quartiers prioritaires ainsi que les facteurs sociaux, environnementaux et individuels influant sur leur état de santé (conditions de vie, obstacles à l’accès aux soins, conduites à risque).
Ensuite, en fonction des besoins identifiés, l’aSV mène des actions favorisant la prévention et l’accès aux soins de premier recours, ainsi que la prise en charge des publics en situation de précarité.
– Il s’agit d’abord d’actions de prévention et de promotion de la santé sur des thématiques diverses (nutrition, lutte contre le cancer, VIH, campagnes de vaccination ou dépistages).
– Le registre d’intervention des ASV couvre également le champ de la santé mentale et des souffrances psychosociales à travers des actions de prévention des addictions et des conduites à risque ou le repérage et la prise en charge de la souffrance psychique des habitants des quartiers, particulièrement dans le contexte de l’épidémie de Covid-19 marqué par des mesures de confinement des populations.
Nombre d’ASV conduisent encore des actions sur le cadre de vie, prenant en compte simultanément les difficultés liées à l’habitat, aux relations sociales et à la qualité de vie.
Enfin, la facilitation des parcours de soins des habitants, notamment les plus précaires, est au cœur de leur action. Dans ce cadre, les ASV développent des mesures visant non seulement à développer et à assurer la continuité de l’offre de soins (recensement de l’offre de soins, soutien à la création de structures locales de santé et aux réseaux professionnels, développement de partenariats, etc.) mais également à améliorer l’accès des habitants à leurs droits en matière de santé.
Cela n’interdit pas de concevoir l’aSV sur un territoire dépassant le périmètre du quartier prioritaire. La majorité des ASV intervient ainsi à l’échelle communale ou intercommunale. Il est possible aussi d’organiser une coopération entre des personnes publiques et/ou des partenaires privés en vue de la gestion d’activités d’intérêt général dans un but non lucratif. Dans tous les cas, la structure juridique de l’aSV doit permettre de recevoir les financements accordés par l’Etat.
Actions de proximité
Les ASV ont bénéficié, dans le passé, de financements dédiés de la part de l’Etat dans le cadre des dispositifs contractuels alors en place, notamment les contrats urbains de cohésion sociale. Dans un récent courrier aux préfets détaillant les moyens d’intervention de la politique de la ville, le directeur général des collectivités locales pose la santé comme la première des cinq priorités de la politique de la ville et invite les préfets à soutenir les actions concrètes de proximité par exemple la création et la consolidation des maisons et des centres de santé participatifs dont l’ouverture est annoncée d’ici à 2022 (telles que médiation en santé, sensibilisation sur la participation en santé, diagnostics et études préalables à la mise en place d’une structure ou d’un lieu d’écoute au sein de celle-ci).
En matière de prévention, les services de l’Etat sont appelés à favoriser les actions contribuant au renforcement de l’information en santé mentale et à la prévention des souffrances psychiques dans les quartiers prioritaires.