Accueil > Châteaubriant > Santé > Ilôts de chaleur à Châteaubriant
Ecrit le 16 août 2021
14 degrés d’écart
l’auran (agence d’urbanisme de la région nantaise) a engagé un travail de repérage des îlots de chaleur en Loire-Atlantique à partir de l’exploitation de données satellitaires. Ces données permettent de mesurer précisément les écarts de températures émises par la surface du sol lors d’une journée de fortes chaleurs en période estivale. Très fortement lié à l’occupation du sol, le phénomène d’îlot de chaleur conduit en effet à accroître l’intensité des températures diurnes et nocturnes, et ce à l’échelle de la rue ou du quartier. Certains types de matériaux et de sols tendent à accumuler fortement la chaleur et à créer ponctuellement une élévation des températures de surface. Quelques degrés de plus qui contribuent à augmenter la température ressentie par les citadins.
La notion de confort d’été reste donc un défi à relever pour lequel les caractéristiques propres aux bâtiments comptent tout autant que l’environnement dans lequel ils se trouvent. Cette analyse des ilots de chaleur à l’échelle locale permet aux collectivités d’identifier des secteurs à enjeux, de formuler des préconisations concrètes et de suivre les évolutions.
Les îlots de chaleur concernent les gran-des agglomérations mais aussi les principales villes du département : Pornic, Châteaubriant, Ancenis En fonction de la nature des sols et des activités qui s’y pratiquent, ils peuvent également concerner des espaces agricoles, par exemple les zones maraîchères.
Comme partout en France, Nantes a connu des étés récents marqués par de fortes chaleurs. Le thermomètre y a grimpé à près de 40°C. Dans ses travaux sur le réchauffement climatique, le GIEC (Groupe d’Experts Intergouvernemental sur l’Evolution du Climat) prévoit une augmentation significative de ces vagues de chaleur. Elles pourraient être de cinq à sept fois plus fréquentes à la fin du siècle par rapport à aujourd’hui. Comment nos villes peuvent-elles se préparer à faire face à ces phénomènes climatiques extrêmes ?
Un jour de fortes chaleurs en Loire-Atlantique, l’écart mesuré des températures entre les surfaces les plus chaudes et les surfaces les plus fraiches à l’échelle du département est de +/- 14°C. Les espaces urbanisés ont en moyenne une température supérieure de 2,5°C par rapport à l’ensemble des surfaces départementales. A l’inverse, les espaces naturels et en eau sont moins sensibles à l’élévation des températures. La forêt du Gâvre, le marais de Brière ou le lac de Grand-Lieu ont des températures inférieures de près de 4,5°C par rapport aux moyennes départementales.
Les analyses des images satellites mettent en évidence des températures de surface plus fraîches en journée dans les zones proches des cours d’eau et des berges végétalisées. Les vallées vertes et bleues assurent des circulations d’air frais au sein des espaces urbanisés qu’elles traversent. Le lit de l’Erdre dessine ainsi un corridor de fraîcheur avec des variations de températures au sol allant jusqu’Ã -5°C par rapport à son environnement urbain. La nuit en revanche, la situation est inversée. La température de surface du fleuve est de +2 à +3°C par rapport aux proches abords. La chaleur accumulée la journée est alors restituée la nuit.
d’abord recherchée pour sa fonction de transport de marchandises, la proximité de la ville de Nantes avec l’eau a ensuite été pour partie rejetée lors des comblements de la Loire et de l’Erdre. Or, la présence de l’eau constitue en journée un élément essentiel dans les mécanismes de rafraîchissement des sols et de l’air. Cela doit conduire à réexaminer sous un jour nouveau sa fonction et sa circulation dans les aménagements urbains.
Si les grandes masses d’eau participent globalement à réguler les températures ambiantes, elles semblent surtout favoriser les circulations d’air mais ne peuvent suffire seules à garantir un effet de rafraichissement en période de vagues de chaleur.
Zones de chaleur à Châteaubriant :
- 1 : terrain de foot synthétique
- 2 : hypercentre
- 3 : la gare
- 4 : la zone des administrations
- 5 : abattoir (au bord du Bois de Tugny)
- 6 : zone Horizon, industries-commerces
- 7 : route de St Aubin
Entrepôts et bitume
Situés en périphérie des centres urbains, les parcs d’activités économiques et commerciales concentrent les températures les plus élevées. La concentration d’entrepôts peu ou pas isolés, d’espaces de stationnement bitumés et de larges voieries de desserte constituent des facteurs cumulatifs responsables d’une augmentation localisée des températures de surface.
Toitures en zinc, terrains de sport en gazon synthétique, cours d’école les équipements publics ne sont pas non plus en reste, y compris parmi ceux qui ont été construits ou rénovés récemment. Les secteurs pavillonnaires restent quant à eux dans les températures moyennes du fait d’un tissu bâti plus lâche dans lequel on trouve de nombreux jardins et cœurs d’ilots arborés.
Promouvoir des aménagements capables de faire circuler l’air, agir sur l’imperméabilisation des sols ou privilégier des matériaux clairs qui retiennent moins la chaleur figurent parmi les solutions à mettre en œuvre pour lutter contre les îlots de chaleur.
Face au changement climatique, les situations d’aujourd’hui n’ont sans doute rien à voir avec celles de demain. Elles nous invitent cependant, à la lumière de ces constats, à réinterroger notre façon de construire et d’aménager. La ville dense et intense devra être aussi une ville aérée et arborée. Un enjeu majeur en termes d’urbanisme mais aussi de nécessaire adaptation de nos modes de vie.
Arbres et clim
Le changement climatique appelle donc à créer des îlots de fraîcheur arborés au cœur de la ville avec des végétaux capables de s’adapter aux caractéristiques climatiques futures. La présence de grands arbres au plus près des habitations est indispensable. L’effet de rafraichissement dû à la végétation opère par la capacité des arbres à faire de l’ombre et à réduire la température de l’air environnant (évapotranspiration).
Plus les rues sont étroites et bordées de hauts murs, plus la chaleur stockée par les matériaux a du mal à se dissiper. Cette configuration se retrouve principalement dans le tissu bâti ancien, avec des effets renforcés au sein de certains îlots : A l’échelle de la ville de Nantes, les quartiers centre-ville et Ile de Nantes sont par ailleurs les plus déficitaires en couvert végétal arboré (16 % et 20 % contre 45 % à l’échelle de la ville). La pointe Ouest de l’Ile de Nantes et les surfaces cimentées du site des chantiers, par leur caractère fortement minéral, constituent ainsi un vaste îlot de chaleur urbain.
Si la présence de jardins et de cœurs d’îlots arborés est un atout climatique naturel à préserver et renforcer, nos villes au climat tempéré vont devoir compléter la recherche d’une performance énergétique renforcée des bâtiments en hiver par celle d’une performance climatique renforcée en été.
La notion de confort d’été risque à moyen terme d’être un enjeu important d’attractivité de ces zones. La « clim » devient un standard de plus en plus recherché par les entreprises. Or, les systèmes de climatisation rejettent dans l’espace public un air à plus de 45°C, contribuant à aggraver les îlots de chaleur.
l’auran a réalisé une carte interactive, pour tout le département, à partir de données satellites datant de 2018. Chaque commune peut s’y retrouver. Voir ici