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Ecrit le 19 octobre 2016
L’effet cocktail
Sous ce titre festif se cache une réalité pernicieuse : nous consommons énormément de pesticides. Il existe plus de 400 molécules. 24 % sont des perturbateurs endocriniens, avec des conséquences sur la santé notamment des femmes enceintes et des jeunes enfants. Ces substances qui dérèglent des hormones sont suspectées de favoriser les troubles de la thyroïde, l’obésité, l’hyperactivité, la puberté précoce et surtout l’infertilité.
« L’effet cocktail » des pesticides est dans le viseur du gouvernement. Le 13 octobre la ministre de la Santé, Marisol Touraine, a annoncé que le gouvernement souhaitait fixer « une limite maximale globale » pour la dose de pesticides autorisée dans les aliments. En effet, aujourd’hui, les pesticides sont certes limités, mais substance par substance. Un seuil qui ne prend pas en compte ce qu’on nomme « l’effet cocktail ».
Sur les pommes, on pulvérise environ 36 traitements en moyenne en France, explique Nadine Lauverjat de « générations futures ». Mais tous ces pesticides ne se retrouvent pas dans la pomme propre à la consommation, heureusement ! Selon son enquête, il reste entre 2 et 5 résidus de pesticides dans une pomme mais ça dépend des régions et des années.
d’autres enquêtes de générations Futures dévoilent que dans les salades ou le raisin par exemple, on dénombre entre 5 et 10 résidus de pesticides différents. « Alors imaginez quand vous combinez tous vos menus, le soir vous avez un cocktail impressionnant de pesticides. »
Le projet du Ministère est donc une très bonne chose mais plusieurs associations de défense de l’environnement ont dénoncé, le lendemain, à Rennes, l’opacité des discussions autour de la réécriture d’un arrêté réglementant l’épandage des pesticides, texte qui, selon elles, relègue la santé au second plan.
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En effet, à la demande de l’Association nationale des producteurs de pommes et de poires, le Conseil d’Etat a annulé en juillet dernier l’arrêté ministériel du 12 septembre 2006 encadrant l’utilisation des pesticides sur le territoire national, au motif qu’il n’avait pas été soumis à la Commission européenne pour avis. Ce texte, qui sera caduc au 7 janvier 2017, disait notamment que « des moyens appropriés doivent être mis en œuvre pour éviter leur entraînement hors de la parcelle ou de la zone traitée » et parlait des délais de rentrée dans la parcelle après traitement, de la protection des zones non traitées, de la prise en compte de l’intensité du vent
Opacité
Un nouveau texte est en cours de réécriture au sein des différents ministères en charge de ces questions : Santé, Environnement et Agriculture. Or, révèlent les associations - générations Futures, Eau et Rivières de Bretagne, Greenpeace ou encore Soutien aux victimes de pesticides - « seul le syndicat agricole majoritaire (FNSEA) a été informé du projet d’arrêté et consulté sur ses dispositions », « une opacité particulièrement inquiétante » dénoncent-elles,
Les associations souhaitent notamment que le nouveau texte prévoit des délais de rentrée suffisants pour protéger les travailleurs agricoles et fixe une distance limite d’utilisation vis-Ã -vis des lieux habités par la population, qu’il s’agisse de maisons individuelles ou de lieux collectifs comme les écoles ou les maisons de retraite.
Ecrit le 27 mars 2019
Nitrates et pesticides
Dans un communiqué du 20 mars 2019, l’association Que Choisir alerte sur la qualité de l’eau, en disant : " Notre association dénonce un véritable scandale : la protection des captages pour alimenter la distribution d’eau potable est insuffisante. C’est vrai en particulier en LOIRE-ATLANTIQUE, pour deux sites prioritaires : MACHECOUL et NORT/ERDRE.
Le captage de Nort sur Erdre concerne 35 000 habitants notamment les communes de Jans et de toute la Com’Com’ de Nozay. La présence de nitrates et de pesticides y est récurrente tout au long de l’année avec souvent des teneurs importantes, ce qui entraîne des dépassements de normes autorisées dans l’eau du robinet (plus de 200 jours en 2018). Depuis 2012, les études techniques ont été nombreuses pour trouver des solutions, mais impossible de les traduire en plans d’actions permettant d’obtenir des résultats efficaces, du fait de l’opposition d’une minorité d’agriculteurs. La préfecture refuse de prendre des mesures contraignantes.
C’est la ressource en eau potable qui est en danger, c’est la santé des usagers qui est potentiellement menacée, c’est le pouvoir d’achat des consommateurs qui est sacrifié pour financer les traitements de dépollution.
En effet la généralisation des pollutions, notamment agricoles, dans les fleuves et les nappes phréatiques rend obligatoire la dépollution préalable à l’élaboration de l’eau potable. Or ces traitements, au coût souvent exorbitant, occasionnent chaque année sur l’ensemble de la France un surcoût dans les factures d’eau, estimé entre 750 millions et 1,3 milliards d’euros. c’est pour mettre un coup d’arrêt à cette gabegie économique, environnementale et sanitaire que la mobilisation de la société civile a permis à l’occasion du Grenelle de l’Environnement en 2007, d’identifier les sources d’eau potable les plus menacées par les pollutions, dont 4 en Loire Atlantique, pour lesquelles la protection a été jugée prioritaire. Mais 12 ans après, l’UFC-Que Choisir déplore l’absence de suivi efficace sur la protection de ces sources.