Ecrit le 21 juin 2017
La scène se passe dans une maison bourgeoise, ou dans un HLM, Monsieur est sorti, Madame se trouve devant une table à débarrasser...
c’est ce qu’explique Emma dans la Bande dessinée ci-dessus
voir la page de Emma
Statistiquement ce sont encore majoritairement les femmes qui gèrent le foyer : les courses, la cuisine, le ménage, les soins aux enfants, le souci de la scolarité, la visite chez le médecin ou auprès des enseignants toute la charge mentale du foyer.
La vaisselle ? Mais chérie, tu n’as qu’Ã me demander de la faire.
Sortir les poubelles ? Mais chérie, tu n’as qu’Ã me demander. Bien sûrMonsieur bricole quand il s’agit de réparer une chaise ou de planter un clou mais souvent quand Madame le lui a demandé. Il n’y a guère que pour la voiture que Monsieur prend des initiatives car, c’est bien connu, la mécanique c’est une histoire d’hommes. Et c’est plus valorisant que les poubelles !
Pour jongler entre travail domestique, travail parental et emploi (rémunéré), tout en conservant une vie sociale (qui passe souvent après), de nombreuses femmes sont forcées de s’organiser comme des professionnelles : « elles doivent ainsi posséder de multiples compétences de gestion de stock, d’anticipation de crise (qui s’occupera des enfants en cas de grève des enseignants ?) et d’organisation de planning, qui seraient louées en entreprise, » note François Fatoux, ancien membre du Haut Conseil à l’égalité entre les hommes et les femmes, dans son ouvrage « Et si on en finissait avec la ménagère ? ».
« les hommes doivent apprendre à se sentir responsables de leur foyer », contrairement aux générations précédentes. « On voit nos mères prendre en charge toute la gestion de la maison, pendant que nos pères ne font que participer à son exécution, » analyse Emma.
Elle rappelle également que pour que cela change, il est possible « d’être parfois absente, sans tout préparer et sans culpabiliser » : « L’inversion des rôles est souvent plus efficace que la confrontation ». c’est ce que certains hommes réalisent quand, exceptionnellement, ils prennent en charge toute l’organisation, par exemple une fois par an, lors de la Fête des Mères.
Femmes ennemies d’elles-mêmes
En moyenne, les femmes consacrent 3h26 par jour aux tâches domestiques (ménage, courses, soins aux enfants, etc.) contre 2h pour les hommes, selon l’Insee (données 2010). A la maison, les hommes s’adonnent volontiers au bricolage (20 minutes quotidiennes contre 5 pour les femmes). Mais les femmes passent deux fois plus de temps que les hommes à faire le ménage et à s’occuper des enfants à la maison.
En schématisant, les femmes s’occupent, au quotidien, des tâches les moins valorisées et les hommes de ce qui se voit et dure.
On retrouve ces écarts également en matière de temps libre (lecture, promenade, télévision, sport, etc.) : les femmes consacrent en moyenne 2h45 par jour à leurs loisirs contre 3h20 pour les hommes.
En 11 ans, de 1999 à 2010, selon l’Observatoire des Inégalités, le temps moyen journalier consacré par les femmes au travail domestique a baissé de 22 minutes, passant de 3h48 en 1999 à 3h26 en 2010, celui des hommes a augmenté d’une minute, de 1h59 à 2h. Les progrès sont donc bien lents.
La faute à qui ? Dans les couples où la femme reste à la maison, cette répartition est considérée comme « naturelle », y compris par les femmes elles-mêmes. Dans les couples « biactifs », ceux où les deux travaillent à l’extérieur, certaines tâches, comme la préparation des repas, le passage de l’aspirateur et la vaisselle, sont statistiquement un peu mieux partagées.
Cela s’explique en partie par l’éducation très conformiste encore donnée aux petites filles, même inconsciemment. Tandis qu’elles sont incitées à faire jeu égal avec les garçons pour la course aux diplômes, les fabricants de jouets les ramènent à l’univers domestique en leur proposant immuablement « d’imiter maman ». Les catalogues de Noë l pullulent de fers et tables à repasser, machines à laver, dînettes, autant d’ustensiles qu’on ne propose pas aux garçons.
De plus, on en vient à se demander si les femmes ne seraient pas parfois leur pire ennemie 62 % d’entre elles pensent en effet que faire le ménage, c’est leur rôle ! " Les torts sont partagés, confirme de son côté Catherine Serrurier, thérapeute de couple.
Beaucoup de femmes ont des difficultés à déléguer, à lâcher du lest au nom de leur vision de l’ordre, de la propreté, de l’efficacité. Elles sont victimes de leur perfectionnisme (« Laisse, je vais le faire, ça sera mieux fait » ), tout en se plaignant que le mari n’en fiche pas une rame à la maison. "
Bref, il est urgent que les femmes acceptent enfin de partager aspirateur, fer à repasser et serpillière avec leur homme, et de le laisser faire à sa façon, sans l’accuser de bâcler. De nombreux experts plaident pour des politiques publiques visant à changer les mentalités.
Comme en Islande par exemple où existe congé parental de neuf mois dont un tiers est réservé à la mère, un tiers au père et un tiers partageable entre les deux, avant les 18 mois de l’enfant, chaque partie étant perdue si elle n’est pas prise par son destinataire.