Ecrit le 17 octobre 2018
Bénévolt
La comptabilité, l’administratif, l’électricité… Des associations cherchent ces compétences ! A Nantes, Amélie Arcile et Anne-Laure Mesguen ont eu l’idée de créer un site internet, Bénévolt, où toutes les annonces de bénévolat seraient publiées. Ceux qui se proposent comme bénévoles, ceux qui cherchent un bénévole. L’inscription est gratuite.
https://www.benevolt.fr/
Ecrit le 14 novembre 2018
Une nuit ? Drôle d’idée
Une nuit du bénévolat à Châteaubriant, quelle drôle d’idée ! Pourtant, c’est vrai, il y a de nombreuses associations à Châteaubriant, aux buts et actions très variés alors pourquoi critiquer ce genre de manifestation ?
Tout simplement parce que la municipalité ne fait pas ce qu’elle devrait faire pour aider les associations ! Oh ! c’est vrai, elle donne des subventions et attribue des locaux mais cela ne se fait pas de façon équitable. Certaines associations, « mieux vues » que d’autres, ont droit à un local, mais d’autres non ! Et surtout il n’existe pas de maison des associations qui pourrait offrir des services communs, par exemple :
une salle modulable pour les réunions internes ou publiques
du matériel de reprographie
du personnel pour aider à la tenue des comptes, à la recherche de subventions.
Pourquoi est-on bénévole ?
Une étudiante en ociologie, Madeline Blanchard, a enquếté, en 2015, sur quel-ques associations humanitaires de Châteaubriant.
Comment devient-on bénévole ? Certains font une démarche d’adhésion. D’autres n’osent pas, ne s’inscrivent pas d’eux-mêmes dans une association : ce sont d’autres personnes, elles-mêmes bénévoles, qui viennent les chercher. Cela peut-être un voisin, un membre de la famille qui fait déjà partie d’une association qui le leur demande. Cela s’explique par le fait qu’entrer dans une association présente toujours une difficulté quand on y vient seul.
Un bénévole témoigne : « Quand je suis entré en retraite, je n’osais pas aller voir les associations. C’est ma belle-sœur qui est venue me solliciter. Je n’ai pas refusé, je dirais même que j’étais content qu’on me demande. En fait si je n’ai pas voulu demander c’est parce que je ne voulais pas prétendre être capable de faire quelque chose : ‘bon voilà mes capacités, est-ce que je suis utile ou pas ?’ non je ne voulais pas ».
Pourquoi choisir telle ou telle association ? Pour les uns, des catholiques souvent, il y a une raison religieuse. D’autres sont plus portés vers les associations laïques. Mais pour tous, ni héros ni saints, il s’agit d’aider les autres sans faire de discrimination.
Un aspect à prendre en compte : la satisfaction du bénévole. Le bénévole ne se sacrifie pas pour les autres, ses actions lui apportent beaucoup de choses. « Le bénévolat a changé ma vision du monde, ma façon de vivre aussi. Je suis moins présente maintenant pour ma famille, j’ai un sens de l’écoute auprès des gens maintenant plus accru ». Ce peut être une satisfaction, une certaine souffrance aussi. La confrontation avec la maladie de l’autre, la solitude, la misère financière ou sociale, la solitude, ne laisse jamais les bénévoles indifférents.
Dans tous les cas les bénévoles sont sensibles au lien social, dépassant la superficialité des rapports sociaux. « lorsqu’on se donne aux autres généreusement, on rentre chez soi avec une impression de richesse intérieure immense. On ne gagne pas d’argent, mais il n’y a pas de gratuité non plus : on reçoit énormément. La dimension de plaisir et d’épanouissement est donc toujours présente. Ce qui est normal, car pour être bien avec l’autre, il faut être bien avec soi-même. »
Le bénévolat, geste de solidarité, n’exclut cependant pas l’application de règles, aussi bien vers l’association que vers les bénéficiaires des actions. Car le bénévolat ne sert ni à se mettre en valeur, ni à se donner bonne conscience, ni à régler ses propres conflits personnels, ni à réparer un deuil mal vécu.
Souvent, il est demandé aux bénévoles de suivre des formations. (l’écoute, les différentes formes d’accompagnement et de suivi des bénéficiaires, les relations et rôles entre bénévoles et professionnels...). La bonne volonté ne suffit pas, elle peut parfois faire des catastrophes, notamment quand il s’agit d’intervenir auprès de personnes dépressives !
Vis à vis des bénéficiaires, le bénévole doit respecter et faire respecter les règles de l’association dans laquelle il milite. Et qui peuvent être diverses. Par exemple, dans le cadre d’une association apportant de l’aide alimentaire, il veille à ce que les bénéficiaires passent par l’accueil, pren-nent un papier, le donnent à tous les stands où ils passent et ensuite rendent ce papier à l’accueil jusqu’à la prochaine distribution.
Le bénévolat est donc un engagement qui doit être réfléchi, le bénévole doit être prêt à se conformer à toutes ces règles contraignantes. Mais l’essentiel est ailleurs : le bénévole apprend au fur et à mesure de sa ‘’carrière’’ à devenir un être à l’écoute des autres, tout en respectant une certaine distance émotionnelle pour éviter les situations où il pourrait être en difficultés.
Son action est indispensable à la cohésion de notre société, en complément, voire en remplacement de l’action publique.
Une solidarité en miettes
La solidarité a toujours existé, de la part d’individus, d’associations ou même de la puissance publique. En 1812 par exemple, à la suite des émeutes de Caen, Napoléon multiplie les mesures efficaces pour un bon ravitaillement et décide la distribution de deux millions de soupes populaires que la plupart des gens refusent, croyant se dégrader en les acceptant. En décembre 1870, le président de la Commission Municipale à Châteaubriant fait remettre des bons de soupe aux ouvriers nécessiteux et sans ouvrage.
Soulager la détresse alimentaire ! Cette antienne pathétique que l’on croyait l’apanage des grandes organisations humanitaires internationales est devenue un appel à secourir ici et maintenant, dans notre
société, au XXIe siècle. La paupérisation d’une population croissante a suscité au cours des dernières décennies une mobilisation d’ampleur qui s’est traduite par des reconfigurations d’associations historiques (Sociétés de Saint-Vincent-de-Paul, Secours catholique, Secours populaire ...), des créations (Banques alimentaires, Restos du cœur...) et des initiatives multiples.
C’est à l’ensemble du champ constitué par ces acteurs collectifs que l’ouvrage de deux Nantais, Jean-Noël Retière et Jean-Pierre Le Crom, s’est consacré, analysant l’évolution des actions de solidarité de 1930 à nos jours avec pour objectif d’en suivre, depuis les années 1930, les jeux d’accointance et de concurrence, les formes et les logiques d’approvisionnement et de recrutement, les usages et les registres de justification de l’action.
En combinant la démarche de l’historien et les outils du sociologue, en croisant archives publiques et privées, documentations internes, presse et entretiens (bénévoles, responsables associatifs et politiques, fonctionnaires d’État, territoriaux et européens, cadres de la grande distribution), ce livre interroge les processus qui, des œuvres philanthropiques d’hier aux associations humanitaires contemporaines, ont affecté la nature du bénévolat, l’esprit et la forme du don ainsi que leur type de gouvernement. Il montre qu’en comparaison de la solidarité collective garantie par l’État sous forme de droits, l’aide d’urgence alimentaire a revêtu depuis toujours, par-delà la rhétorique humanitaire, une forme dégradée de sécurisation de l’existence. Des « miettes de solidarité » en quelque sorte, constituées par des denrées soustraites au marché et reliefs de nos tables solvables.
Une solidarité en miettes
Presses Universitaires de Rennes
314 pages – 24 €
Autre livre : Jean-Noël Retière, Vivre sa foi, nourrir les pauvres, Socio-histoire de l’aide alimentaire confessionnelle à Nantes des années trente à nos jours, Genèses, n°48, mars 2002, Belin.