Ecrit le 10 juillet 2019
Cocktail brésilien
Selon le magazine Basta ! des dizaines de pesticides interdits en France sont utilisés au Brésil pour cultiver les oranges, le soja et le café. Or près de 80 % des oranges brésiliennes sont destinées à l’Europe, grande consommatrice de jus de fruits, et en particulier de jus d’orange (22 litres par personne par an en France). Gênant, quand on sait que c’est le produit d’exportation le plus riche en résidus de pesticides : les normes brésiliennes en autorisent vingt fois plus que celles en vigueur en Europe !
Au sujet du café, 25 % des pesticides utilisés pour sa culture au Brésil sont interdits en Europe. Or, la France a importé en 2016 près de 90 millions d’euros de café brésilien. Et l’Allemagne, premier importateur de café brésilien en Europe, plus de 850 millions d’euros. La culture du café au Brésil utilise 30 substances toxiques qui sont interdites en Europe, comme le paraquat. Plus de 30 pesticides interdits en Europe sont aussi aspergés au Brésil pour la culture du soja dont, encore une fois, le paraquat.
Cultivé de manière intensive et en partie responsable de la déforestation de l’Amazonie, le soja brésilien est transgénique à 98 %. Les cultures OGM étant bannies en Europe, il est donc interdit à la consommation à destination des humains, mais autorisé pour nourrir les animaux, comme les poules, les porcs ou encore les bovins qui produisent notre lait. Ainsi, en 2016, la France et l’Allemagne ont chacune importé pour plus de 600 millions d’euros de soja brésilien. Les normes locales autorisent par ailleurs dans le soja brésilien 200 fois plus de résidus de glyphosate – qui n’est pas encore interdit en Europe - que dans celui de notre vieille Europe. « Dans une grande partie du soja importé depuis le Brésil, on peut être certain de la présence de glyphosate ».
239 pesticides supplémentaires ont été légalisés et mis sur le marché au Brésil depuis l’arrivée au pouvoir du président d’extrême-droite Jair Bolsonaro, le 1er janvier 2019. Plus d’un par jour ! Un record qui vient s’ajouter à celui d’être le premier consommateur de pesticides au monde, avec plus de 500 000 tonnes par an. En 2017, le Brésil représentait même 18 % du marché mondial des pesticides. La très importante présence de groupes agricoles industriels et de leurs lobbys jusqu’au sein du parlement brésilien explique cette course folle. Mais à quel prix ? Une personne meurt presque tous les deux jours au Brésil intoxiquée par les pesticides.
Pour Tereza Cristina da Costa, ministre brésilienne de l’agriculture, les pesticides sont comme « une sorte de médicament », et elle a ajouté que « les plantes sont malades et nécessitent ces médicaments ». Mais d’où viennent ces soi-disant médicaments qui tuent les travailleurs agricoles et que le Brésil asperge sur ses terres par centaines de milliers de tonnes ? Une partie de ces pesticides est produite sur le continent européen, par des entreprises européennes, puis exportée au Brésil. Certains de ces produits ne sont destinés qu’à l’exportation. Cela pour une raison simple : ils sont tellement toxiques que leur utilisation est interdite en Europe.
En Suède, une chaîne de supermarché a pris l’initiative de retirer tous les produits brésiliens de ses rayons et de ne plus en commercialiser tant que la politique agricole du président Bolsonaro serait autant basée sur les pesticides !
Un vœu voté au Conseil Municipal
Au Conseil Municipal du 3 juillet à Châteaubriant, le groupe La Voie Citoyenne a proposé un vœu qui a été voté à l’unanimité. Texte proposé :
Les pesticides de synthèse sont largement utilisés dans le monde entier depuis les années 1950. Au fil du temps, ces produits chimiques ont envahi massivement notre environnement, et dans certains cas, de manière durable par leur persistance. Les substances issues de leur dégradation sont aujourd’hui présentes dans l’air, le sol, les eaux, les sédiments… ainsi que dans les aliments. Elles présentent, par leur migration dans l’environnement, des dangers importants pour la santé des populations et la préservation des écosystèmes et de la biodiversité, à court et à long terme.
En France, les réseaux de surveillance du CNRS, du Muséum national d’Histoire naturelle et de nombreux réseaux associatifs, confirment chacun de leur côté, les atteintes à la biodiversité. Partout dans le monde, des mouvements citoyens invitent les pouvoirs publics à accélérer et amplifier leurs politiques de sauvegarde de l’environnement.
Le 10 septembre dernier, l’association « Nous voulons des coquelicots » a lancé un appel. Il s’agit de recueillir 5 millions de soutiens sur deux ans afin de convaincre le Gouvernement de recourir à l’interdiction de tous les pesticides de synthèse. Depuis septembre 2018, le collectif a recueilli près d’un million de signatures. De nombreuses communes ont d’ores et déjà apporté leur soutien à cet appel.
Considérant que les pesticides de synthèse sont des poisons destructeurs du vivant, considérant l’urgence à réagir face à l’impact nocif des pesticides sur la santé humaine, sur la nature et sa biodiversité, le Conseil Municipal de Châteaubriant décide d’apporter son soutien à l’Appel de l’association « Nous voulons des coquelicots » qui a pour objectif l’interdiction de tous les pesticides de synthèse.
voir le site nousvoulonsdescoquelicots.org
Pissette
L’asso AERE (Agir Ensemble pour le Respect de l’Environnement), vieille de 30 ans, part vers de nouvelles aventures et notamment celle d’organiser une pisserie https://pig.log.bzh/ à l’automne. Les personnes intéressées peuvent envoyer un mail à asso.aere@protonmail.com.
PIG pour Pisseur Involontaire de Glyphosate ! Si le nom peut faire sourire, la pisserie collective est quelque chose de très sérieux qui suit un protocole précis. Les personnes inscrites reçoivent d’abord chez elle un questionnaire à remplir sur leur mode de vie et leurs habitudes alimentaires. Munies d’une pièce d’identité, elles doivent l’apporter le jour de la pisserie. Ensuite chacun est invité à passer au vestiaire pour se mettre en sous-vêtements (on peut apporter un peignoir !) et aller uriner sous le contrôle d’un huissier qui récupère les prélèvements… Comme un contrôle antidopage.
Pour y participer, il faut se présenter à jeun et les résultats sont ensuite envoyés à un labo spécialisé. Avec comme but ultime de porter plainte contre l’Etat pour empoisonnement.
Le groupe AERE fait donc à appel à des volontaires, de toutes professions et de tous âges, afin d’organiser cette séance de pisserie. Il sollicite aussi des dons pour financer l’opération, sachant qu’une analyse coûte 85 € par personne.
Ces opérations, dans la France entière sont en lien avec le collectif de soutien aux victimes des pesticides de l’ouest et soutenues par le mouvement « Nous voulons des coquelicots » qui demande l’interdiction des pesticides.
Ecrit le 28 août 2019
Le maire de Langouët
Le maire de Langouët (Ille-et-Vilaine), petite commune de 600 habitants située au nord de Rennes, a pris un arrêté le 18 mai, pour interdire l’usage de pesticides à moins de 150 mètres de toute habitation sur l’ensemble du territoire communal. A peine signé, cet arrêté municipal a été attaqué par la préfète d’Ille-et-Vilaine qui a demandé au maire de le retirer en disant que « Seul le ministre de l’Agriculture peut ainsi prendre toute mesure d’interdiction, de restriction ou de prescription particulière concernant la mise sur le marché, la délivrance, l’utilisation et la détention de ce type de produits ». Le maire ayant refusé a été traduit devant le tribunal administratif. « Je le soutiens dans ses intentions », a dit E. Macron en ajoutant : « Mais je ne peux pas être d’accord quand on ne respecte pas la loi, c’est normal, et ça on va le changer vite ». Sauf que la FNSEA est vent debout contre toute interdiction du glyphosate !
Ecrit le 12 août 2020
Coquelicots
Dimanche 2 août , trente adhérents à l’association La Forêt verte (dont Patrick Pérès, militant d’origine castelbriantaise) se sont retrouvés sur la plage de Kerleven pour réaliser un mandala sur le thème du mouvement « Nous voulons des coquelicots ». Cette œuvre éphémère a été dessinée sur le sable en moins de 90 minutes, à marée basse, avant l’amorce du flux montant. C’est avec étonnement que quelques promeneurs curieux ont ainsi découvert cette fresque sur l’estran.