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Ecrit le 14 octobre 2020
néonicotinoïdes
Mardi 6 octobre, l’assemblée nationale a voté la levée de l’interdiction de l’utilisation des néonicotinoïdes, en vigueur depuis 2018 dans l’agriculture française. (Yves DANIEL a voté contre, merci à lui).
Ces insecticides neurotoxiques se présentent sous la forme de semences enrobées. Cette dérogation, valable pour trois ans est pour l’instant limitée à la culture de betteraves sucrières. Mais elle va faire date : alors que la France avait été pionnière en Europe pour l’interdiction de ces substances, cette dérogation ouvre la porte à un retour en arrière sur l’usage des pesticides en agriculture. déjà les producteurs de maïs et de céréales attendent leur tour pour s’engouffrer dans la brèche.
Inutile de reprendre les nombreuses contre-vérités énoncées pour justifier ce recul, concernant les effets sur l’environnement, la biodiversité, la santé humaine, toutes démolies par les scientifiques.
Pour le gouvernement, « tuer la filière française des betteraves sucrières, pour importer des sucres polonais, allemands ou belges, n’est pas une option. » La réalité est juste le contraire ; en effet la France est exportatrice ; elle produit 5 millions de tonnes et consomme 2.2 millions de tonnes. De plus les néonicotinoïdes, poisons pour notre santé, servent à surproduire du sucre dont la surconsommation est destructrice de vies humaines,
Une nouvelle fois, notre gouvernement dit une chose (la transition écologique) et en défend une autre (le modèle agricole productiviste)
Ecrit le 28 octobre 2020
néonicotinoïdes et vache qui rit
Je suis engagé, par mon métier, depuis des décennies, dans une démarche de développement durable pour la protection de la planète mais surtout pour la santé de la planète et du vivant. Je sais donc que ce sujet est sensible et important. La réintroduction des néonicotinoïdes est contraire à ces objectifs. Voici quelques éléments qui m’ont conduit à voter contre ce texte.
Il n’est ici pas question de pénurie ou de souveraineté alimentaire car la France exporte 50% du sucre qu’elle produit.
« ¢ Si la perte de production en 2020 pour cause de jaunisse est de 10% (source : Institut Technique de la Betterave), on exportera donc 40% au lieu de 50%, ce qui reste un chiffre encore important. »¢ Contrairement à ce qui est dit, on ne sera donc pas obligé d’importer en France et nous resterons toujours environ le 3e pays exportateur mondial de sucre de betterave.
"¢ Les 10% de diminution de la production de sucre ne supprimeront pas les 46 000 emplois de la filière, contrairement à ce qu’on veut nous faire croire.
On nous dit que les néonicotinoïdes seraient moins dangereux que les traitements foliaires et que les abeilles ne butinent pas les betteraves car elles ne fleurissent pas.
« ¢ Les néonicotinoïdes sont des perturbateurs endocriniens rémanents dans le sol pour les autres plantes que les abeilles butinent les années suivantes : ils représentent donc un danger pour la biodiversité. »¢ Traiter avec des néonicotinoïdes en préventif alors qu’il n’y a pas d’invasion de pucerons chaque année : où est la logique en termes de diminution de produits phytosanitaires et de préservation de l’environnement ?
Sauver la filière betterave, oui, mais il faut aussi sauver la filière miel et apiculture, c’est une question de santé publique, sans remettre en cause la souveraineté alimentaire.
« ¢ Réintroduire les néonicotinoïdes et mettre à mal la production de miel est contraire à la protection de la santé publique et de l’environnement. »¢ En revanche il existe un enjeu de souveraineté réel, c’est la production française de miel qui, depuis l’introduction des néonicotinoïdes dans les années 1990, a été divisée par trois (désormais, la France importe plus de 70 % du miel consommé sur son territoire). Il faudrait donc plutôt accompagner les producteurs de betteraves impactés en attendant la poursuite de la recherche d’alternatives au traitement par néonicotinoïdes.
Parce que la protection de la santé, celle de la planète et du vivant, et donc des humains, est une priorité
« ¢ préserver la souveraineté alimentaire certes encore une fois, mais l’excès de sucre dans notre alimentation génère de nombreux problèmes de santé, entrainant un coût important pour la sécurité sociale. »¢ Tout en accélérant la recherche pour les alternatives aux néonicotinoïdes, il faut également accentuer la recherche pour une alimentation moins sucrée.
Enfin, combien représente et représentera avec cette décision, le coût financier, social, et environnemental, de l’usage de produits phytosanitaires (néonicotinoï-des), des impacts nocifs sur la santé, de la disparition des pollinisateurs, du manque de miel en France, par rapport à l’accompagnement des producteurs de betteraves et de la filière en attendant les alternatives et le soutien aux apiculteurs.
Une étude d’impact aurait dû nous permettre de comparer le coût financier de ces deux solutions. c’est pour toutes ces raisons que je n’ai pas voté cette loi de ré-autorisation des néonicotinoïdes par dérogation pour la betterave à sucre.
Yves DANIEL, député de Loire-Atlantique
« la Vache qui rit » sera faite sans vache
Le groupe Bel, fabricant des fromages en portion La Vache qui rit, Kiri, Babybel et Boursin, entend « rééquilibrer » son portefeuille en développant des propositions sans lait, moins émettrices de gaz à effet de serre, a-t-il annoncé mardi 13 octobre.
Un Boursin 100% végétal : à base de matières grasses issues de la noix de coco et du colza : sera vendu à compter de la fin du mois aux Etats-Unis sur la plateforme Amazon Fresh, avant d’être étendu au reste des distributeurs américains, a rapporté cécile Béliot, directrice générale adjointe du groupe. Une date de commercialisation n’est pas encore arrêtée pour la France.
Par ailleurs, un projet de Mini Babybel végétal devrait voir le jour l’année prochaine aux Etats-Unis. Bel prépare aussi « le lancement d’une nouvelle marque internationale dédiée 100% végétale à venir dans les prochains mois ».
Pour M. Fiévet, PDG du groupe Bel, il ne s’agit pas d’opposer les produits laitiers à ceux d’origine végétale mais « réduire la part de l’animal au profit du végétal » pour des raisons nutritionnelles et de protection de la planète.
Bel collecte deux milliards de litres de lait par an auprès de 2 600 producteurs dans le monde. Il faut beaucoup de vaches pour faire la Vache qui rit. Or les produits laitiers ont une empreinte écologique considérable. Le potentiel de réchauffement climatique du lait de vache : mesuré en kilogrammes d’équivalent en dioxyde de carbone par litre de lait : varie entre 1,14 en Australie et en Nouvelle-Zélande et 2,50 en Afrique. Le potentiel de réchauffement climatique des laits à base de plantes, lui, en moyenne, n’est que de 0,42 pour le lait d’amande et de noix de coco et de 0,75 pour le lait de soja.
De plus, les produits laitiers nécessitent généralement neuf fois plus de terres que les alternatives à base de plantes. Chaque litre de lait de vache utilise 8,9 mètres carrés par an, contre 0,8 pour l’avoine, 0,7 pour le soja, 0,5 pour le lait d’amande et 0,3 pour le lait de riz.
La consommation d’eau est également plus élevée pour le lait de vache : 628 litres d’eau pour chaque litre de lait, contre 371 pour le lait d’amande, 270 pour le riz, 48 pour l’avoine et 28 pour le lait de soja.
Le groupe Bel n’entend pas supprimer sa collecte de lait de vache mais rééquilibrer son offre avec, à terme, 50 % de produits laitiers et 50% de produits d’origine végétale, a-t-il indiqué. Le choix en la matière est très large. On peut faire du lait végétal avec des produits très variés, qui ont une empreinte légère sur la planète : le lait d’amande, le lait de noix de coco, le lait de noisette, le lait de soja, le lait de riz, le lait de chanvre, le lait d’avoine ...
Exemple : le lait de noisette
Le noisetier est une meilleure option pour l’environnement car les arbres sont pollinisés par le vent qui transporte le pollen sec entre les plantes voisines, et non par les abeilles. Les noisettes poussent également dans des régions où les précipitations sont plus importantes, autour de la mer Noire, dans le sud de l’Europe et en Amérique du Nord, et nécessitent beaucoup moins d’eau que les amandiers. Le lait de noisette est déjà disponible dans le commerce et bien que sa demande et sa production augmentent, la culture des noisetiers n’est pas encore soumise à des opérations intensives à grande échelle.
Le lait de chanvre
Les avantages environnementaux du lait de chanvre en font un produit qui change la donne. Ses graines sont transformées en huile et en lait, mais la plante elle-même est très polyvalente : toutes ses parties peuvent être utilisées comme matériau de construction, fibres textiles, pâte et papier ou plastiques à base de chanvre. Ses racines poussent en profondeur, ce qui améliore la structure du sol et réduit la présence de champignons. Elle est également résistante aux maladies et produit beaucoup d’ombre, ce qui freine la croissance des mauvaises herbes. Cela permet de réduire les besoins en herbicides et en pesticides.
(1) Source : article de Dora Marinova publié dans The Conversation (en anglais)