Ecrit le 15 janvier 2020
Ca va mal en France. Après la crise ouverte par les Gilets Jaunes, d’autres catégories sociales sont entrées en mouvement, notamment autour de la question des retraites. Ce conflit dure depuis le 5 décembre et s’enlise. Guerre de tranchées.
Le 9 janvier il y avait encore une belle affluence à Châteaubriant mais les grévistes se demandent comment poursuivre le mouvement pour ne pas provoquer une lassitude qui, certes, mettrait fin aux manifestations mais aussi laisserait un goût amer toujours néfaste pour la suite.
« Afin de diviser les travailleurs du privé et du public, le gouvernement tente de faire croire qu’il ne s’agirait que d’une affaire de régimes spéciaux. Ceci constitue en fait un alibi pour réformer par le bas l’ensemble du système de retraite, avec le nouveau système universel à points.() De trop nombreux médias prétendent que seuls les agents de la RATP et de la SNCF seraient en grève. c’est faux. Dans l’énergie, les raffineries, les ports et docks, l’enseignement, la santé, la Poste, chez les pompiers, à l’Opéra de Paris, dans beaucoup d’entreprises du secteur privé, la mobilisation est forte et la grève est suivie » a dit R. Guyomarch, CGT.
Les manifestations originales se succèdent.
Le 24 décembre, les danseuses de l’Opéra ont interprété devant le Palais Garnier un extrait du « Lac des cygnes » spécial grève. L’élégance française de manifester !
A Radio-France, où il est question de supprimer 299 postes, les voeux de la présidente ont été interrompus par le chant du « Chœur des Esclaves » issu de l’opéra Nabucco de Verdi.
En colère, les avocats de Saint-Omer, Lyon, Les sables d’Olonne, Caen, jettent leur robe sur les marches du palais. A l’instar des danseuses de l’Opéra de Paris lors de leur grève, les avocats de Sarreguemines ont dansé en tutu sur « Le Lac des cygnes » devant le tribunal pour protester contre la réforme des retraites. d’autres avocats ont mené des actions symboliques, par exemple en donnant leur sang : « Quitte à se faire saigner, autant que ce soit pour la bonne cause ».
Un peu partout on sent monter la colère en France, face à un président Macron silencieux, semblable à un enfant désemparé devant son jouet cassé.
La colère peut aussi se manifester de façon physique comme cette fois, au Puy-en-Velay, où E.Macron ne dût son salut qu’au démarrage rapide de la voiture présidentielle. Comme dit un participant : « S’il était descendu de sa voiture sans service d’ordre, je pense qu’il aurait été lynché. LÃ il a vraiment pris conscience qu’il avait tellement poussé les gens à bout que sa vie était en danger ».
qu’ils visent le président, ou qu’ils frappent des inconnus dans la rue, on ne peut qu’être surpris de la recrudescence des crimes au couteau. Sont-ils plus fréquents qu’avant, ou bien la presse les relate-t-elle mieux ? Ces actes signent l’exaspération, l’absence de tout autre solution, la folie, et souvent la solitude, le délitement d’une société en cours de déshumanisation...
Note du 13 janvier :
La suite du mouvement
Après un mois de manifestations, dans de nombreuses professions, le gouvernement a reculé sur l’âge pivot, disant que, provisoirement, il renonce à imposer 64 ans, à condition que les négociations permettent de dégager un financement suffisant. Rappelons que, selon le COR (Conseil d’Orientation des Retraites) il n’existe qu’un pseudo-déficit du système de financement des retraites et que son montant dépend des conventions comptables adoptées. Il y a en réalité une baisse des ressources qui est liée à des décisions politiques : le fort recul de la part de la masse salariale du secteur public, et la non-compensation de certaines exonérations de cotisations sociales.
Le retrait provisoire de l’âge pivot est-il le moyen choisi par le gouvernement pour faire accepter sa réforme ? Car il y a urgence : urgence à passer aux forceps une réforme d’inspiration très néolibérale et surtout le faire avant qu’une crise financière susceptible de mettre à mal les fonds de pension, ne vienne mettre en lumière les risques induits par le recours à la retraite par capitalisation.
Dans l’immédiat, les dividendes augmentent comme jamais et la Bourse s’envole, signe de la confiance qui s’exprime envers les faire-valoir du néolibéralisme qui nous dirigent et cherchent à nous endormir ?
La CFDT et l’UNSA semblent se satisfaire du recul du gouvernement. L’intersyndicale FO-CGT-FSU, Solidaires entend poursuivre le mouvement les 14-15-16 janvier. Tout dépendra de la mobilisation de la base.
Pour Châteaubriant :
-Mardi 14 , rassemblement à 10h30 devant la mairie , avec manifestation jusqu’Ã la Sous préfecture .
> - Mercredi 15 , Tractage le matin au marché et rassemblement à 14h au parking Leclerq .
> - jeudi 16 , rassemblement à 10h30 devant la mairie , avec manifestation jusqu’Ã « Pole Emploi » .
Ecrit le 22 janvier 2020
Conflit / retraites
Les manifestations contre la réforme des retraites se sont poursuivies à Châteaubriant les 14-15-16 janvier avec des succès divers, gtant il est difficile de tenir sur la durée. Une nouvelle manifestation est prévue le 24 janvier, jour de l’examen du projet de loi sur les retraites en conseil des ministres.
Au niveau national, le gouvernement joue le pourrissement et promet, ce que la CFDT et l’UNSA demandaient : la suppression (provisoire !) d’un âge pivot fixé à 64 ans et l’ouverture d’une conférence de financement qui doit rendre ses conclusions pour fin avril. Ce calendrier doit en effet permettre d’intégrer les conclusions au projet de loi avant sa discussion en deuxième lecture à l’assemblée nationale.
Le problème, dans cette réforme des retraites, c’est le manque de clarté : ni le président de la République ni le premier ministre n’ont été suffisamment pédagogues pour expliquer sans détour aux Français le sens de cette réforme systémique, qui prétend supprimer quarante-deux régimes existants pour les remplacer par un régime universel. Quels seront les avantages par rapport au système actuel ? Qui seront les perdants ? Il y en aura indubitablement. Combien les mesures correctrices prises en faveur de certaines catégories (compensations salariales pour les enseignants, augmentation du minimum retraite, bonus pour les mères de famille) coûteront-elles ? Le Parlement, lui, est placé dans la situation inconfortable de devoir commencer l’examen du texte en n’ayant pas toutes les données du problème. L’opacité crée les suspicions.
Dan son intervention du 16 janvier à Châteaubriant, Serge Adry a déclaré, pour la CGT : " Plus les jours passent et plus nous sommes nombreux à mesurer la complexité de vos propositions et à les rejeter. Ainsi à la simple question de nous donner la définition d’une carrière complète, le ministre en charge du dossier est incapable d’apporter une réponse précise.
qu’est- ce qu’une carrière complète ? Comment allez-vous articuler points et durée de cotisation ? Pourquoi ne pas avoir déjà mis en place un simulateur ? Le flou persiste sur la pénibilité, sur l’emploi des seniors, par contre les propositions du patronat sont mises en avant : précariser et flexibiliser les fins de carrière comme alternative au chômage de cette population .
Que cache le retrait provisoire de l’âge pivot ? Il y a fortes chances que nous soyons en présence d’un jeu de dupes. c’est un compromis aux airs de vastes plaisanteries et surtout adressé à une seule confédération yyndicale qui depuis le début est très clairement favorable au principe du régime universel. Il faut savoir que ce retrait « provisoire » est conditionné à un accord entre les partenaires sociaux sur les moyens d’atteindre l’équilibre financier du système de retraites au moment de son lancement en 2027.
Le gouvernement annonce déjà le recours aux ordonnances, ce qui lui permettra de prendre ses mesures dans l’opacité totale.
Le gouvernement prévient d’ores et déjà qu’il ne veut pas d’augmentation du coût du travail, qu’il faut trouver 12 milliards d’économies. Dans ces conditions, nous maintenons notre pleine détermination contre ce projet, contre ce faux suspense de faux compromis. "