Ecrit le 23 septembre 2020
Il existe désormais un « nutri-score » qui fait progressivement son apparition dans les rayons des magasins : il fournit une information nutritionnelle claire, visible, et facile à comprendre pour tous, avec cinq niveaux allant de A à E et du vert au rouge. Le Nutri-Score a été officiellement adopté en France en 2017 et par différents pays européens (Belgique, Espagne, Allemagne, Pays-Bas, Suisse, Luxembourg). l’application de ce logo n’est pas obligatoire et repose sur la volonté des industriels de l’agroalimentaire. Plus de 350 entreprises et marques se sont engagées à mettre en place le Nutri-Score sur leurs produits. Selon l’Inserm, « reste la nécessité d’une harmonisation au niveau européen pour que soit mis en place de manière obligatoire un seul logo efficace et utile pour les consommateurs. »
Selon une étude parue (en anglais) dans le British médical Journal, la consommation d’aliments moins bien classés est associée « Ã une mortalité accrue », de 7 % selon une étude de l’Inserm, de l’Institut national de la recherche agronomique (Inrae), du Cnam et de l’Université Sorbonne Paris Nord, en collaboration avec des chercheurs du Centre International de Recherche sur le Cancer (OMS/CIRC). Cette étude a suivi 501 594 personnes sur 10 pays entre 1992 et 2015. Dans cette période 53 112 d’entre elles sont décédées,
23 143 d’entre elles par cancer, 13 246 par des maladies du système circulatoire, 2857 par des maladies du système respiratoire, 1561 par des maladies du système digestif et 1839 autres.
Selon l’Inserm, en 23 ans, près de 10% des participants qui consommaient en moyenne plus d’aliments mal classés par Nutri-Score sont décédés « de causes non-accidentelles, y compris de cancer et de maladies des appareils circulatoires, respiratoires et digestifs ».
Un indice FSAm-NPS a été calculé pour chaque produit alimentaire par 100 g de contenu en énergie, sucres, acides gras saturés, sodium, fibres et protéines, et en fruits, légumes, légumineuses et noix. Le score pour chaque participant a été la moyenne pondérée des indices de tous les aliments consommés. Plus le score est élevé, plus la qualité nutritionnelle globale du régime alimentaire est faible.
Dans cette grande cohorte multinationale européenne, la consommation d’aliments ayant un score FSAm-NPS plus élevé (qualité nutritionnelle inférieure) a été associée à une mortalité plus élevée pour toutes les causes et pour le cancer et les maladies des systèmes circulatoire, respiratoire et digestif, « Ces résultats étaient significatifs après la prise en compte d’un grand nombre de facteurs sociodémographiques et liés au mode de vie », précise l’étude.
Obésité infantile
Éteignons la pub pour la malbouffe !
Face aux promesses non tenues des industriels, nous exigeons l’interdiction par la loi de la pub pour les produits alimentaires déséquilibrés.
Alors que les maladies liées à l’alimentation (diabète de type II, surpoids et obésité qui touchent 1 enfant sur 6) atteignent des niveaux de plus en plus préoccupants, l’industrie agro-alimentaire persiste avec son matraquage publicitaire irresponsable en direction des enfants sur les aliments particulièrement gras, sucrés ou salés, en totale contradiction avec les recommandations des nutritionnistes et les engagements pris.
Il y a près de 15 ans, nos associations et ONG lançaient déjà un cri d’alarme : « Obésité : protégeons nos enfants » réclamant une série de mesures dont l’encadrement du marketing alimentaire. Si cette mobilisation a permis d’obtenir des avancées, notamment pour les cantines scolaires en revanche, pour le marketing, les pouvoirs publics s’en étaient alors remis aux engagements volontaires et aux belles promesses des industriels.
Dix ans après, c’est un échec : 88 % des publicités télévisées vues par les enfants concernent toujours des aliments particulièrement caloriques : fast food, confiseries, chocolat, biscuits, céréales du petit déjeuner et boissons très sucrées, selon la récente étude de l’UFC-Que Choisir. Au-delà des ONG, les autorités épinglent aussi ce coûteux fiasco pour la santé publique et les finances publiques : Organisation mondiale de la santé, Cour des Comptes, Santé Publique France.
Il est urgent que le gouvernement arrête de s’en remettre aux vaines promesses de l’Industrie et encadre par la loi le marketing alimentaire à destination des enfants en interdisant les publicités sur les écrans (télévision et numérique) pour les aliments les plus néfastes pour la santé.
Signez la pétition et faites-la circuler
Une pétition a été lancée à l’initiative de plusieurs ONG. Outre l’UFC-Que Choisir, sont cosignataires de cette pétition les fédérations de parents d’élèves FCPE (fédération des Conseils de Parents d’Elèves) et PEEP (fédération des parents d’élèves de l’enseignement public), l’association de consommateurs Familles Rurales, l’association de malades FFD (fédération Française des Diabétiques), l’association de santé environnementale Réseau Environnement Santé et l’association familiale Union Nationale des Associations Familiales (Unaf).
Ecole, santé, nutrition
Un rapport de la Banque mondiale lancé en partenariat avec le Fonds Malala montre que si toutes les filles achevaient le cycle de l’éducation secondaire, les femmes et les filles pourraient ajouter jusqu’Ã 30 trillions de dollars à l’économie mondiale. Alors que nous voyons se développer la récession la plus grave de l’histoire moderne, considérons les trillions à gagner de ce genre d’investissement dans l’éducation des filles. Redéfinir le sens de « l’éducation » pour englober le bien-être des enfants pourrait changer la donne. Ne pas le faire aura effectivement un effet catastrophique.
déjà avant la COVID-19, les filles étaient plus nombreuses que les garçons à ne pas être scolarisées. Alors qu’un grand nombre de filles vont reprendre leurs études avec la réouverture des écoles, d’autres filles n’y retourneront peut-être jamais. Selon l’UNESCO, il y a à travers le monde 23,8 millions d’enfants, d’adolescents et de jeunes, du préprimaire à l’enseignement supérieur, qui risquent de ne pas retourner à l’école en 2020, et parmi eux 11,2 millions de filles et de jeunes femmes.
Lorsqu’une fille reste à l’école secondaire, elle est six fois moins susceptible de se marier jeune : évitant ainsi d’être prise au piège de la pauvreté, de l’exclusion sociale, de la violence et des maladies chroniques. Les filles et les garçons qui sont en bonne santé et bien nourris sont moins susceptibles de manquer l’école et ils apprennent mieux. Lorsque la santé et la nutrition des enfants sont améliorées, le reste de leur vie se trouve transformé.
c’est à l’école que les enfants : en particulier les plus pauvres : reçoivent un soutien nutritionnel et sanitaire vital qui leur permet d’étudier. Dans les communautés les plus pauvres, les écoles figurent parmi les structures les plus importantes de la cohésion et du soutien des familles. La santé et la nutrition scolaires, y compris l’accès à l’eau et à l’assainissement, aux soins de santé sexuels et reproductifs et aux repas scolaires, entre autres, incitent les familles à renvoyer les filles à l’école, les aident à rester à l’école, en particulier jusqu’Ã l’adolescence, empêchant efficacement les mariages précoces et retardant la première grossesse.
Ce n’est qu’en investissant dans les filles et en injectant des ressources dans les programmes d’alimentation scolaire que nous pourrons faire en sorte que toute une génération de filles et d’adolescentes ne soient pas laissées pour compte.
(source : Unesco)
Une sécurité Sociale de l’alimentation
Source : bastamag.net
Imaginez un budget de 150 euros dédiés à l’alimentation, alloué chaque mois à tout le monde. Imaginez ensuite que vous décidiez collectivement, en fonction de critères débattus, des types d’aliments qui pourront être achetés avec ce budget. Une sécurité sociale de l’alimentation pourrait fonctionner ainsi, et transformer le système alimentaire.
Garantir un droit à l’alimentation pour tous, financé par la solidarité nationale : c’est le projet d’un collectif qui imagine une « sécurité sociale de l’alimentation ».
Dns ce collectif on trouve : Ingénieurs sans frontières Agrista, Réseau Salariat, Réseau Civam, la Confédération paysanne, le Miramap, le Collectif démocratie Alimentaire, l’ardeur.
A l’image de la « sécu », qui garantit un accès aux soins pour tous, la « sécurité sociale de l’alimentation » serait éminemment solidaire : chacun cotiserait selon ses moyens pour permettre aux familles les plus pauvres de subvenir a minima à leurs besoins. La gestion serait démocratique, avec des caisses locales au sein desquelles se retrouveraient des consommateurs, des producteurs, des travailleurs ou des élus. Un budget mensuel dédié de 150 euros par mois et par personne : cette somme serait versée aux parents pour les mineur.es : serait sanctuarisé, et intégré dans le régime général de sécurité sociale.
De la même façon que tout le monde a accès aux soins avec une carte Vitale, il s’agit de garantir à chacun l’accès à une alimentation choisie. Le collectif d’organisations, réunissant ingénieurs, agriculteurs, militants associatifs, qui travaille sur le sujet depuis trois ans, estime que ce système permettrait à tous d’avoir accès à une alimentation de qualité, respectant l’environnement et les travailleurs, de la production comme de la distribution.
« 150 euros, c’est le montant minimal pour pouvoir parler de droit à l’alimentation » précise Mathieu Dalmais, agronome et membre de l’association Ingénieurs sans frontière. Cette somme est celle que l’on retrouve dans les milieux de l’aide alimentaire ou de l’accueil d’urgence : cinq euros par jour est allouée à un ou une bénéficiaire par les structures caritatives quand elles ne peuvent pas fournir de nourriture. Ce montant reste cependant insuffisant pour s’alimenter confortablement, reconnaît Mathieu Dalmais. La moyenne de consommation alimentaire des Français est d’environ 225 euros par mois et par personne, hors boisson et restauration en dehors du domicile.
La sécurité sociale de l’alimentation : mode d’emploi
On ne pourra pas acheter n’importe quel aliment avec ce budget mensuel. Seuls les produits « conventionnés » seront accessibles, un peu comme pour les médicaments plus ou moins remboursés. Ils seront désignés par des caisses locales de sécurité sociale de l’alimentation, gérées par des cotisants. « L’enjeu est de pouvoir collectivement définir ce que nous voulons manger, comment le produire, et comment en assurer l’accès à tous », explique le collectif à l’initiative du projet. Les produits dit « conventionnés » ne seront pas uniquement des produits frais. Ils devront répondre aux préférences alimentaires spécifiques (sans porc, végétarien, non allergènes, etc.). Les 150 euros doivent aussi permettre d’acheter des produits transformés ou d’accéder à la restauration collective publique (cantines, restaurants universitaires). « L’idée n’est pas d’obliger les gens à faire la cuisine mais bien qu’ils aient accès aux produits dont ils ont envie », précise Mathieu Dalmais.
Un produit importé d’Europe ou d’ailleurs dans le monde pourra aussi être conventionné. « Il ne s’agit pas de confondre souveraineté et autarcie » observe Mathieu Dalmais. « En revanche, on refuse de prédéfinir les critères environnementaux ; on a assez de certitudes sur la volonté des citoyens à ne pas s’empoisonner et respecter leurs campagnes. »
Les assemblées gérant les caisses rassembleraient des professionnels, des consommateurs, des élus, des citoyens tirés au sort Chaque caisse couvrirait environ 15 000 à 20 000 personnes, afin de rester au plus proche du contexte agricole et alimentaire local. Le fonctionnement global du système reste à préciser.
Transformer le système de production
« Avoir le choix de son alimentation, ce n’est pas seulement choisir ses produits, mais aussi les conditions de production de ce que l’on retrouve dans les rayons », défendent les promoteurs. Un cahier des charges de « bonnes pratiques » pourra être réalisé avec les éleveurs mais aussi les abattoirs et magasins. « On ne s’interdit pas non plus de travailler avec l’industrie agroalimentaire », ajoute l’agronome.
Ces 150 euros par personne et par mois, représentent un budget de 120 milliards d’euros par an. Soit la moitié de l’ensemble de la consommation alimentaire. « Reste largement de la place pour les paysans qui voudraient continuer hors de ce système », note Mathieu Dalmais. Celles et ceux qui redouteraient un système trop monopolistique peuvent être rassurés.
Assurer un revenu juste, améliorer les conditions de travail
Les prix des produits nationaux conventionnés seront décidés avec les caisses, au regard de leur coût de revient et en vue d’assurer un revenu « juste » et « décent » aux travailleurs le long de la filière de production. « On souhaite aussi transformer les conditions de travail des paysannes et des paysans », souligne Mathieu Dalmais. Un tiers des agriculteurs et agricultrices ont perçu moins de 350 euros par mois en 2016, selon la Mutualité sociale agricole. Un sur cinq n’a dégagé aucun revenu en 2017 selon l’Insee ! Les conditions de travail dans le secteur agro-alimentaire font partie des points sur lesquels des discussions seront engagées. Des contacts ont d’ores et déjà été pris avec les syndicats du secteur.
Deux statuts sont envisagés. Le producteur peut rester indépendant mais avec un prix rémunérateur et des volumes garantis. l’autre possibilité est que le producteur devienne salarié de la caisse, dans l’hypothèse où l’ensemble de sa production répondrait aux critères fixés. Le Réseau salariat voit là une manière d’instaurer une sécurité de l’emploi pour ces personnes, avec le versement du salaire via la caisse, indépendamment de la production. Cela revient à généraliser le fonctionnement initial des « AMAP », les associations de maintien pour l’agriculture paysanne. La rémunération du travail des paysans y est mensualisée, et divisée par le nombre de paniers vendus, indépendamment de la production réalisée. Les AMAP ou les structures similaires approvisionnent plus de 300 000 personnes en France, selon l’association Urgenci, qui promeut « l’agriculture soutenue par les citoyens », en Europe.
Un financement par la cotisation
Pour financer le dispositif, les initiateurs proposent une cotisation qui pourrait être prélevée sur le salaire ou le revenu brut, comme pour l’assurance maladie ou chômage. Cette cotisation implique une baisse du revenu net qui serait cependant compensée par le versement des 150 euros par mois, à dépenser uniquement pour une alimentation conventionnée.
Conscients de la nécessité de réduire les inégalités, des membres du collectif plaident pour que la mise en place de cette cotisation soit couplée à une augmentation des salaires bruts, au moins pour les bas salaires. Une autre piste de financement est d’asseoir une partie de cette cotisation sur le profit des entreprises. Son taux pourrait aussi être progressif en fonction du niveau de revenu.
s’inspirer de la sécurité sociale en France, en apprenant de ses erreurs
Un projet qui irrigue les réflexions du mouvement social
Depuis la publication en février 2019 dans Basta ! d’une première tribune sur la sécurité sociale de l’alimentation, l’idée a cheminé. A travers des vidéos, ateliers et conférences gesticulées, le collectif s’emploie à faire de l’éducation populaire sur ces questions. Plusieurs candidats aux dernières municipales ont fait savoir qu’ils souhaitaient « expérimenter » une sécurité sociale de l’alimentation sur leur territoire, à l’image de la liste de gauche « Villeurbanne en commun » qui a emporté la mairie (150 000 habitants). Une audition du collectif en ce sens s’est aussi tenue mi-2020 au conseil économique, social et environnemental de Nouvelle-Aquitaine, pour une possible expérimentation locale.
L’idée continue d’essaimer. L’Inspection générale des affaires sociales la trouve même « particulièrement stimulante ».